Page images
PDF
EPUB

RESOLUTION.

RESOLUTION, DÉCISION. La décision est un acte

de l'esprit, et suppose l'examen ; la résolution est un acte de la volonté, et suppose la délibération. La première attaque le doute, et fait qu'on se déclare; la seconde attaque l'incertitude, et fait qu'on se détermine.

Nos décisions doivent être justes pour éviter le repentir; nos résolutions doivent être fermes pour éviter les variations.

Rien de plus désagréable pour soi-même et pour les autres, que d'être toujours indécis dans les affaires, et irrésolu dans les démarches.

On a souvent plus d'embarras et de peine à décider sur le rang et sur la prééminence, que sur les intérêts solides et réels. Il n'est point de résolutions plus foibles que celles que prennent au confessionnal et au lit le malade et le pécheur; l'occasion et la santé ramènent ' bientôt la première manière de vivre.

Il semble que la résolution emporte la décision, et que celle-ci puisse être abandonnée de l'autre, puisqu'il arrive quelquefois qu'on n'est pas encore résolu à entreprendre une chose pour laquelle on a déjà décidé; la crainte, la timidité, ou quelqu'autre motif, s'opposant à l'exécution de l'arrêt prononcé.

Il est rare que les décisions aient chez les femmes d'autre fondement que l'imagination et le cœur : en vain les hommes prennent des résolutions; le goût et l'habitude triomphent toujours de leur raison. Il y a bien loin d'un projet à la résolution, et de la résolution à l'exé

cution.

(M. de JAUCOURT.)

RESPECT.

RESPECT.

LE RESPECT est l'aveu de la supériorité de quel

qu'un: si la supériorité du rang suivoit toujours celle du mérite, ou qu'on n'eût pas prescrit des marques extérieures de respect, son objet seroit personnel, comme celui de l'estime, et il a dû l'être originairement, de quelque nature qu'ait été le mérite de mode.

Il y a depuis long-temps deux sortes de respects, celui qu'on doit au mérite et celui qu'on doit aux places, à la naissance; cette dernière espèce de respect n'est plus qu'une formule de paroles ou de gestes, à laquelle les gens raisonnables se soumettent, et dont on ne cherche à s'affranchir que par sottise, ou par un orgueil puéril. Mais en même temps rien de si triste qu'un grand seigneur sans vertus et sans mérite, accablé d'honneurs et de respects, à qui l'on fait sentir à tout moment qu'on ne les rend, qu'on ne les doit qu'à sa naissance, à sa dignité, et qu'on ne doit rien à sa personne. Heureusement, dit madame de Lambert, l'amour-propre, qui est le plus grand des flatteurs, sait souvent lui cacher son insuffisance.

Les lettres de Caton me fourniroient, sur cette matière, d'autres réflexions bien fortes; mais j'aime mieux les supprimer, que de blesser les préjugés reçus, et qu'il importe peut-être de laisser subsister.

(M. de JAUCOURT.)

Tome X.

F

[ocr errors]

C'EST

ce mouvement d'indignation et de colère qui s'élève en nous, qui y dure et qui nous porte à nous venger ou sur-le-champ ou dans la suite d'une injustice qu'on a commise à notre égard. Le ressentiment est une passion que la nature a placée dans les êtres pour leur conservation. Notre conscience nous avertit qu'il est dans les autres coinme en nous, et que l'injure ne les offense pas moins que nous. C'est un des caractères les plus évidens de la distinction que nous faisons naturellement du juste et de l'injuste. La loi qui se charge de ma vengeance a pris la place du ressentiment, la seule loi dans l'état de nature. Plus les êtres sont foibles plus le ressentiment est vif, et moins il est durable; il faut qu'il soit vif dans la guêpe pour inspirer la crainte de Firriter; il faut qu'il soit passager en elle pour qu'il ne la conduise pas à sa perte.

(ANONYME.)

RESSOUVENIR.

ACTION de la mémoire, qui nous rappelle subitement

des choses passées. Il y a, ce me semble, cette différence entre souvenir et ressouvenir, que, quand on dit j'en ai le souvenir, on a la mémoire plus fréquente, plus forte, plus habituelle, plus voisine, plus continue; au lieu que, quand on dit j'en ai le ressouvenir, la présence de la chose est plus prompte, plus passagère, plus foible, plus éloignée. Le souvenir est d'un temps moins éloigné que le ressouvenir. Hommes, souvenez-vous que vous êtes poussière, et que vous retournerez en poussière. Il signifie ici, n'oubliez pas. Ressouvenez-vous des soins que vos pères et mères ont pris de la foiblesse de votre enfance, afin que vous supportiez sans dégoût et avec patience les infirmités de leur vieillesse.

(ANONYME.)

CIRCONS

RETENUE.

IRCONSPECTION dans les actions, et sur-tout dans le discours. La retenue convient particulièrement à la jeunesse; c'est une vertu des deux sexes, mais qu'on exige plus encore des femmes que des hommes, et des filles que des femmes : l'honnêteté est dans les actions, la modestie dans le maintien, et la retenue dans le propos.

(ANONYME.)

RETICENCE.

FIGURE IGURE de rhétorique, par laquelle l'orateur s'interrompt lui-même au milieu de son discours, et, ne poursuivant point le propos qu'il a commencé, passe à d'autres choses; de sorte néanmoins que ce qu'il a dit fasse suffil'auditeur samment entendre ce qu'il vouloit dire, et que le supplée aisément. Dans l'Athalie de Racine, cette princesse parle ainsi à Joad, lorsqu'il l'a attirée dans le temple, sous prétexte de lui livrer Eliacin et des trésors:

En l'appui de ton Dieu tu t'étois reposé;

De ton espoir frivole es-tu désabusé?

Il laisse en mon pouvoir et son temple et ta vie ;

Je devrois sur l'autel où ta main sacrifie ;

Je . . . . . mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter,
Ce que tu m'as promis songe à l'exécuter.

La reticence est une figure très-adroite, en ce qu'elle fait entendre non seulement ce qu'on ne veut pas dire, mais souvent beaucoup plus qu'on ne dirqit. Telle est celle-ci dans le rôle d'Agrippine :

J'appelai de l'exil, je tirai de l'armée

Et ce même Sénèque, et ce même Burrhus,

'Qui depuis... Rome alors estimoit leurs vertus.

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors]

L'imitation même est si frappante, qu'elle pourroit passer pour une espèce de larcin. Mais Voltaire étoit si riche de son fonds, qu'il ne se faisoit pas scrupule de prendre sur celui d'autrui.

Une autre reticence encore plus belle, parce qu'elle

« PreviousContinue »