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SODOMIE.

LA SODOMIE est le crime de ceux qui commettent des

impuretés contraires même à l'ordre de la nature : ce crime a pris son nom de la ville de Sodome, qui périt par le feu du ciel, à cause de ce désordre abominable qui étoit familier.

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La justice divine a prononcé la peine de mort contre ceux qui se souillent de ce crime.

Il y a une loi romaine qui veut que ceux qui en sont convaincus soient brûlés vifs.

Cette peine a été adoptée dans notre jurisprudence : il y en a eu encore un exemple, en exécution d'un arrêt du 5 juin 1750, contre deux particuliers qui furent brûlés vifs en place de Grêve.

Les ecclésiastiques, les religieux, devant l'exemple de la chasteté, dont ils ont fait un vœu particulier, doivent être jugés avec la plus grande sévérité lorsqu'ils se trouvent coupables de ce crime; le moindre soupçon suffit pour faire destituer de toute fonction ou emploi qui ait rapport à l'éducation de la jeunesse.

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On comprend sous le terme de sodomie cette espèce de luxure, qui est le crime que l'on commet sur soimême, et qui consiste à s'exciter seul à la consommation d'un acte qui ne doit avoir lieu, selon le vœu de la nature, que par l'union des deux sexes. Ce dernier crime, lorsqu'il est découvert (ce qui est rare et difficile), est puni des galères ou du bannissement, selon que le scandale a été plus ou moins grand.

On punit aussi de la même peine ceux qui apprennent à la jeunesse à commettre de telles impuretés; ils subissent de plus l'exposition au carcan, avec un écriteau portant ces mots Corrupteur de la jeunesse.

Cette espèce de sodomie, que l'on appelle masturbation, compromet essentiellement la santé; elle nuit toujours aux personnes foibles, et elle affoiblit les forts. L'on ne peut lire sans un salutaire effroi le tableau qu'un ancien médecin grec nous a fait des maux que produit ou qu'occasionne

cette passion réprouvée par la politique comme par la nature. « Les jeunes gens, dit-il, prennent et l'air et les >> infirmités des vieillards; ils deviennent pâles, efféminés, » engourdis, paresseux, lâches, stupides, et même imbé>>cilles : leurs corps se courbent, leurs jambes ne peuvent » plus les porter, ils ont un dégoût général, ils sont >> inhabiles à tout, plusieurs tombent dans la paralysie ». Gallien a vu la même cause occasionner des maladies de cerveau et de nerfs : l'estomac se dérange, tout le corps s'affoiblit, les yeux se cavent, et le corps se dessèche. On a remarqué que cette malheureuse habitude empêche l'insensible transpiration, dont la suppression a des suites si fâcheuses. Enfin, la masturbation produit des apoplexies, des léthargies, des épilepsies, des assoupissemens, la perte de la vue et les gouttes les plus douloureuses.

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La différence qui se trouve entre l'époux qui jouit de sa femme et les masturbateurs est toute au désavantage de ces derniers. La joie qui tient à l'ame, et qu'il faut bien distinguer de cette volupté purement corporelle que l'homme partage avec l'animal; cette joie, dis-je, aide les digestions, anime la circulation, favorise, toutes les fonctions, rétablit les forces, les soutient ; si elle se trouve réunie avec les plaisirs de l'amour, elle contribue à réparer ce qu'ils peuvent ôter de force. La beauté a des charmes qui dilatent notre cœur et qui en multiplient les esprits. Il faut croire, avec saint Chrysostôme, que, « s'excitant >> contre les lois de la nature, le crime est beaucoup plus >> grand de ce côté-là que de l'autre ». Et peut-on douter que la nature n'ait attaché plus de joie aux plaisirs qui sont dans ses voies qu'à ceux qui y répugnent? Un coït modéré est utile quand il est sollicité par la nature; lorsqu'il est sollicité par l'imagination, il affoiblit toutes les facultés de l'ame, et sur-tout la mémoire. Il en est de l'organe de ce besoin comme de celui de tous les autres qui ne sont mis en jeu à propos que lorsqu'ils le sont par la nature. La faim et la soif indiquent le besoin de prendre des alimens et de la boisson. Si l'on en prend plus que ces sensations n'en exigent, le surplus nuit au corps, et l'affoiblit. Il en est ainsi des masturbateurs. Ils enlèvent à

la nature ce qui lui est nécessaire, et ce dont par-là même elle se gardoit bien de se défaire...

La masturbation a un danger particulier pour les enfans avant l'âge de puberté; elle nuit à l'accroissement de leur corps: ceux qui s'y sont livrés dans cet âge traînent dans les langueurs une vieillesse précoce, et sont ineptes aux différentes fonctions de la vie civile. Quels soins ne doivent point avoir les pères et les instituteurs pour prévenir des maux aussi funestes!

J'aurois pu parler en moraliste de cette espèce de suicide, et faire voir quel est le crime de ceux qui anéantissent ainsi les générations futures; mais, quand on connoît les hommes, on se persuade aisément qu'il est plus facile de les détourner du vice par la crainte du mal présent que par celle des maux à venir. Puissent les yeux de la jeunesse se déciller, les soins des pères redoubler pour prévenir ou arrêter une corruption aussi funeste! S'ils ne craignent pas le sort d'Onan, que le Seigneur frappa de mort à cause de ce crime, qu'ils redoutent au moins les douleurs et les infirmités qui sont la suite nécessaire de cette pernicieuse habitude.

Cet article est tiré de l'Onanisme de M. Tissot, un des ouvrages les plus utiles qu'aient donné nos médecins modernes.

(M. TISSOT.)

SOLEIL.

COMMENT Pindare, Homère, Virgile, Ovide, etc.,

n'auroient-ils pas célébré dans leurs écrits le père et le modérateur des saisons, l'œil et le maître du monde, les délices des humains, la lumière de la vie? Car ce sont là autant de surnoms que les Grecs et les Romains donnoient au solei. Cependant j'aime encore mieux les tableaux que nos poètes modernes et autres ont faits de cet astre du jour, que les descriptions de l'antiquité; je les trouve plus nobles, plus remplis d'images et plus philosophiques.

On ne peut s'empêcher de louer ces beaux vers de Milton:

Soleil, astre du jour,

Toi qui sembles le dieu des cieux qui t'environnent,
Devant qui leur éclat disparoît et s'enfuit,

Qui fait pâlir le front des astres de la nuit !

On connoît encore davantage les vers suivans de M. de Voltaire :

Dans le centre éclatant de ces orbes immenses,

Qui n'ont pu nous cacher leur marche et leurs distances,
Luit cet astre du jour par Dieu même allumé,
Qui tourne autour de soi sur son axe enflammé;
De lui partent sans fin des torrens de lumière;
Il donne, en se montrant, la vie à la matière,
Et dispense les jours, les saisons et les ans,
A des mondes divers, autour de lui flottans.
Ces astres asservis à la loi qui les presse,

S'attirent dans leur course, et s'évitent sans cesse ;
Et servant l'un à l'autre et de règle et d'appui,
Se prêtent les clartés qu'ils reçoivent de lui.

Henriade, ch. VII.

Enfin, M. Thompson peint avec tant de magnificence tous les biens que le soleil répand sur la nature; que ce morceau même, dans une traduction française, ne peut que plaire aux gens assez heureusement nés pour goûter les belles choses, indépendamment de l'harmonie des vers.

« Puissant roi du jour, dit le poète anglais, ô soleil,

>>ame des mondes qui nous environnent, miroir fidèle et >> transparent de ton créateur, puisse ma foible voix ap>> prendre à te chanter! Ta force secrète et attractive en>> chaîne, gouverne et règle tout le tourbillon, depuis les >> limites éloignées de Saturne, dont la révolution remplit » une durée de trente ans, jusqu'à Mercure, dont le » disque, perdu dans l'éclat de tes rayons, peut à peine >> être aperçu par l'œil philosophique.

>> Créateur de toutes les planètes, puisque, sans ton » regard vivifiant, leurs orbes immenses seroient des > masses informes et sans mouvement; esprit de vie, com>> bien de formes d'êtres t'accompagnent, depuis l'ame » que tu délies, jusqu'à la race la plus vile, composée de » millions d'êtres mélangés et produits de tes rayons!

» Père des saisons, le monde végétal reconnoît ton >> empire! La pompe précède et suit ton trône, et dé>> core majestueusement au milieu de ton vaste domaine >> annuel ta brillante route; éclat triomphant qui réjouit la >> nature! En cet instant une multitude d'êtres en attente >> implorent ta bonté, ou, pleins de reconnoissance, chantent >> en commun une hymne en ton honneur ; tandis qu'autour » de ton char brillant, les saisons mènent à leur suite, » dans une harmonie fixe et changeante, les heures aux >> doigts de rose, les zéphirs se jouant nonchalamment, » les pluies favorables et la rosée passagère; toute cette cour verse et prodigue odeurs, herbes, fleurs et fruits, » jusqu'à ce que, tout s'allumant successivement par ton » soufle, tu décores le jardin de l'univers.

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» Ton pouvoir ne se borne pas à la surface de la terre » ornée de collines, de vallons et de bois épais, qui for>>ment ta riante chevelure; mais, dardant profondément »tes feux jusque dans ses entrailles, tu règnes encore sur » les minéraux. Ici brillent les veines du marbre éclatant; » plus loin se tirent les outils précieux du labourage; là, >> les armes étincelantes de la guerre; ailleurs, les plus >> nobles ouvrages qui font, dans la paix, le bonheur du » genre humain et les commodités de la vie, et sur-tout ces métaux précieux qui facilitent le commerce des >> nations.

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>> Le stérile rocher lui-même, imprégné de tes regards,

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