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Mais en vérité, monsieur, j'aurais envie de me plaindre à mon tour des déclarations d'extinction de passion que vous me faites, si je ne voyais, à travers votre dépit, tout l'intérêt que l'amitié vous inspire encore pour moi.

Vivez, monsieur, et raccommodons-nous; car aussi bien il n'y a pas de quoi nous brouiller.

J'espère bien que, dans un codicille en ma faveur, vous rétracterez ce prétendu testament si peu galant. Vous êtes bon russe, et vous ne sauriez être l'ennemi de Catherine.

Lettre de Voltaire au Cardinal de Bernis.

Je prends la liberté, monseigneur, de vous présenter un voyageur Génevois digne de toutes les bontés de votre Eminence, tout huguenot qu'il est. Sa famille est une des plus anciennes de ce pays, et sa personne une des plus aimables. Il s'appelle M. de Saussure. C'est un des meilleurs physiciens de l'Europe. Sa modestie est égale à son savoir. Il mérite de vous être présenté d'une meilleure main que la mienne. Je me tiens trop heureux de saisir cette occasion de vous renouveler mes hommages et le respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,-Monseigneur, de votre Eminence, le très-humble, etc.

Lettre de M. le Cardinal de Bernis à Voltaire.

Je ne saurais refuser cette lettre, mon cher et illustre confrère, à deux jeunes officers Suédois qui ont fait le voyage d'Italie, avec beaucoup d'application et d'intelligence, et qui croiraient n'avoir rien vu, si, en retournant dans leur patrie, ils n'avaient pu, au moins un moment, voir et entendre le grand homme de notre siècle. Ils ont cru qu'une lettre de moi serait un passeport pour arriver jusqu'à vous. Je vous prie donc de ne pas vous refuser à leur curiosité, et au

désir qu'ils ont de vous présenter un hommage qui n'est pas celui de la flatterie.

Il y a bien long-temps que je n'ai eu de vos nouvelles ; je n'en sais que par la renommée : ce n'est pas assez pour mon cœur.

Ne doutez jamais, mon cher confrère, de l'intérêt que je prends à votre santé, à votre conservation, à votre bonheur: je n'ai plus de vœux à faire pour votre gloire. Mon attachement pour vous durera autant que ma vie.

Lettre de l'Abbé de Choisy au Comte de Bussy.

Qui vous aurait dit, monsieur, il y a quinze ans, que cet Abbé de Choisy, votre voisin, serait un jour votre confrère ? Vous ne l'eussiez jamais cru en lisant ses lettres ; et même en lisant celle-ci, pourrez-vous croire que MM. de l'Académie, tous gens de bon sens et de bon esprit, aient voulu mettre son nom dans la même liste que le vôtre ? Consolez-vous, monsieur; il faut bien qu'il y ait des ombres dans les tableaux. Les uns parlent, les autres écoutent: et je saurai fort bien me taire, surtout quand ce sera à vous à parler. Venez donc quand il vous plaira : vous ne me trouverez point dans votre chemin. Quoique ma nouvelle dignité me fasse votre égal (en Apollon s'il vous plaît), je me rangerai toujours pour vous laisser passer.

Réponse de M. P * * * à une lettre de remercîment du Comte de Bussy.

MONSIEUR, Le faible service que j'ai tâché de vous rendre ne méritait pas la manière dont vous me témoignez que vous l'avez reçu, et vous deviez me laisser la satisfaction d'avoir fait une action que vous désirez, sans y mêler un compliment que je n'avais point attendu. Soyez assuré, monsieur, du plaisir que je trouverai toujours à vous témoigner, par mes services, la vérité avec laquelle je suis, etc.

Réponse de J. B. Rousseau, au Comédien Baron, qui l'avait remercié d'avoir parlé avantageuse

ment de lui.

Vous ne me devez, monsieur, aucune reconnaissance des expressions dont je me sers toutes les fois qu'il s'offre quelque occasion de parler de vous: l'amitié me les dicte, l'équité me les inspire, la vérité me les arrache, et je ne suis pas plus le maître de vous louer modérément, qu'un amant de parler de sang-froid de sa maîtresse, ou un plaideur de la bonté de sa cause. Ma sensibilité ne dépend pas de moi; c'est un maître qui me domine, et qui me force souvent, malgré moi, de blâmer avec excès ce qui est blâmable, et de louer de même ce que je trouve digne de louange. J'ai connu en ma vie plusieurs personnages dignes de mon admiration, mais ils ne sont plus; et de tout ce que j'ai admiré dans ma jeunesse ; vous êtes, mon cher monsieur, le seul qui nous reste. Jugez par là combien vos jours doivent m'être précieux, et avec combien de passion je désire que vous en ménagiez la durée.

Réponse de Voltaire au Cardinal Albéroni. MONSEIGNEUR,-La lettre dont votre Eminence m'a honoré est un prix aussi flatteur de mes ouvrages que l'estime de l'Europe a dû vous l'être de vos actions. Vous ne me deviez aucun remerciement, monseigneur ; je n'ai été que l'organe du public en parlant de vous. La liberté et la vérité qui ont toujours conduit ma plume, m'ont valu votre suffrage: ces deux caractères doivent plaire à un génie tel que le vôtre : quiconque ne les aime pas pourra bien être un homme puissant, mais ne sera jamais un grand homme. Je voudrais être à portée d'admirer celui à qui j'ai rendu justice de si loin. Je ne me flatte pas d'avoir jamais le bonheur de voir votre Eminence; mais, si Rome entend assez ses intérêts pour vouloir au moins rétablir les arts, le commerce, et remettre quelque splendeur

dans un pays qui a été autrefois le maître de la plus belle partie du monde, j'espère alors que je vous écrirai sons un autre titre que sous celui de votre Eminence, dont j'ai l'honneur d'être avec autant d'estime que de respect, etc.

FRAGMENTS.

Il ne sera pas dit que l'on cachète une lettre à mon nez sans que je vous donne quelque légère signifiance. Bonjour ou bon soir, ma petite sceur, selon l'heure que vous recevrez cette lettre. Nous passons ici notre temps, etc. M. de Sévigné.

Mon cher Coulanges, hélas ! vous avez la goutte au pied, au coude, au genou; cette douleur n'aura pas grand chemin à faire pour tenir toute votre personne. Quoi! vous criez! vous vous plaignez ! vous ne dormez plus ! vous ne manigez plus ! vous ne buvez plus ! vous ne chantez plus! vous ne riez plus! Quoi ! la joie et vous ce n'est plus la même chose! cette pensée me fait pleurer; mais peut-être pendant que je pleure vous êtes guéri; je l'espère et le souhaite.

Madame de Sévigné.

Je ne puis vous dire combien je vous plains, ma fille, combien je vous loue, combien je vous admire. Voilà mon discours divisé en trois points: je vous plains d'être sujette à des humeurs noires qui vous font sûrement beaucoup de mal : je vous loue d'en être la maîtresse quand il le faut : et je vous admire de vous contraindre pour paraître ce que vous n'êtes pas.

La même.

Ne faut-il pas jouer avec la vie jusqu'au dernier moment? N'est-ce pas un enfant qu'il faut bercer jusqu'à ce qu'il s'endorme ?—La vie est un songe; rêvons donc le plus gaiement que nous pourrons.

Voltaire au Cardinal de Bernis.

BILLETS D'INVITATION.

Lundi, à une heure.

M. et Mme. B. présentent leurs respects à M. et Mme. D., et les prient de leur faire l'honneur de venir dîner avec eux, jeudi à six heures.

RÉPONSE.

Lundi, quatre heures. M. et Mme. D. s'empresseront de se rendre à l'aimable invitation de M. et Mme. B., et leur présentent leurs respectueux compliments.

Mardi, ouze heures du matin. M. et Mme. G. prient M. et Mme. B. de vouloir bien venir dîner avec eux mardi prochain à cinq heures, et leur présentent leurs compliments.

RÉPONSE.

Mardi, deux heures. M. et Mme. B. auront l'honneur de se rendre à l'invitation de M. et de Mme. G., et leur présentent leurs sincères compliments.

Mercredi, dix heures.

M. et Mme. D. prient M. E. de leur faire l'amitié de venir dîner avec eux, mercredi prochain, à six heures, et lui renouvellent tous leurs compliments.

RÉPONSE.

Mercredi, midi. M. E. accepte l'invitation de M. et Mme. D., et leur fait mille compliments affectueux.

Jeudi matin.

Cher ami, Si vous n'êtes pas engagé pour demain, venez partager notre dîner sans cérémonie. Ma femme et moi nous serons charmés de vous avoir.

Croyez aux sentiments, etc.

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