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Unus erat toto naturæ vultus in orbe,

Quem Græci dixere chaos, rudis indigestaque moles. [Dandin endormi se laisse tomber.

Léandre. Quelle châte! mon père !

Petit Jean. Ay, monsieur! comme il dort !
Léandre. Mon père, éveillez-vous.

Petit Jean. Monsieur, êtes-vous mort?
Léandre. Mon père !

Dandin. Hé bien? hé bien? quoi? qu'est-ce ?
Ah! ah quel homme !

Certes, je n'ai jamais dormi d'un si bon somme.
Léandre. Mon père, il faut juger.

Dandin. Aux galères.

Léandre. Un chien

Aux galères !

Dandin. Ma foi! je n'y conçois plus rien.
De monde, de chaos, j'ai la tête troublée.
Hé! concluez.

L'Intimé, lui présentant de petits chiens. Venez, famille désolée;

Venez, pauvres enfants qu'on veut rendre orphelins,
Venez faire parler35 vos esprits enfantins.

Oui, messieurs, vous voyez ici notre misère:
Nous sommes orphelins, rendez-nous notre père,
Notre père, par qui nous fûmes engendrés,

Notre père, qui nous...

Dandin. Tirez, tirez, tirez.

L'Intimé. Notre père, messieurs...

Dandin. Tirez donc. Quels vacarmes !

L'Intimé. Monsieur, voyez nos larmes. Dandin. Ouf! Je me sens déjà pris de compassion. Ce que c'est qu'à propos toucher la passion! Je suis bien empêché. La vérité me presse; Le crime est avéré ; lui-même il le confesse. Mais, s'il est condamné, l'embarras est égal; Voilà bien des enfants réduits à l'hôpital.

(1.) "Safe." (2.) "Help." (3.) "Let him be pursued." (4.) "Softly." (5.) "An order for his appearance." (6.) "You will have a prompter." (7.) "Intrigue." (8.) "Will be counsel for the plaintiff."

(9.) "Counsel for the defendant."

(10.) "Not so loud." (11.) "Put on your hat." (12.) "I will not speak another word."

(13.) "I was straining my very soul."

(14.) "Safe in port." (15.) "Assume spirit." (16.) "One does not hunt."

(17.) "Plague take."

(19.) "Why should I (20.) "So true it is."

(18.) "Half starved."

avoid coming to the point?"
(21.) "Let any one cavil who dares."

(22.) "Any one that wishes for them cannot have them." (23.) "In a shrill tone." (24.) "I mean."

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(25.) "Moderate the shrillness." (26.) "It is about." (27.) "Carries off by stealth." (28.) "A warrant is issued." (29.) "A day is appointed." (30.) "To state a case.' (31.) "They break open." (32.) "My client." (33.) "To speak more at large." (34.) A confusion." (35.) "Come and make an appeal with."

(36.)

"See what it is."

SCÈNES TRAGIQUES.

[La Scène est dans

Scènes d'Athalie.

Tragédie de Racine.

temple de Jérusalem, dans un vestibule

de l'appartement du grand-prêtre.]

JOAD, autrement Joïda, grand-prêtre.

ABNER, l'un des principaux officiers des rois de Juda.

Abner.

Oui, je viens dans son temple adorer l'Eternel;
Je viens, selon l'usage antique et solennel,
Célébrer avec vous la fameuse journée

Où sur le mont Sina la loi nous fut donnée.

Que les temps sont changés! Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçait le retour,

Du temple orné partout de festons magnifiques,
Le peuple saint en foule inondait les portiques;
Et tous devant l'autel avec ordre introduits,

De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux fruits,

Au Dieu de l'univers consacraient ces prémices:
Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices.
L'audace d'une femme, arrêtant ce concours,
En des jours ténébreux a changé ces beaux jours.
D'adorateurs zélés à peine un petit nombre
Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre;
Le reste pour son Dieu montre un oubli fatal,
Ou même s'empressant aux autels de Baal
Se fait initier à ses honteux mystères,

Et blasphème le nom qu'ont invoqué leurs pères.
Je tremble qu'Athalie, à ne vous rien cacher,
Vous-même de l'autel vous faisant arracher,
N'achève enfin sur vous ses vengeances funestes,
Et d'un respect forcé ne dépouille les restes.

Joad.

D'où vous vient aujourd'hui ce noir pressentiment?
Abner.

Pensez-vous être saint et juste impunément ?
Dès longtemps elle hait cette fermeté rare
Qui rehausse en Joad l'éclat de la tiare:
Dès longtemps votre amour pour la religion
Est traité de révolte et de sédition.
Du mérite éclatant cette reine jalouse
Hait surtout Josabet, votre fidèle épouse:
Si du grand-prêtre Aaron Joad est successeur,
De notre dernier roi Josabet est la sœur.
Mathan d'ailleurs, Mathan, ce prêtre sacrilège,
Plus méchant qu'Athalie, à toute heure l'assiège;
Mathan, de nos autels infâme déserteur

Et de toute vertu zélé persécuteur.

C'est peu que, le front ceint d'une mitre étrangère, Ce Lévite à Baal prête son ministère;

Ce temple l'importune, et son impiété
Voudrait anéantir le Dieu qu'il a quitté.

Pour vous perdre il n'est point de ressorts qu'il n'in

vente;

Quelquefois il vous plaint, souvent même il vous

vante.

Il affecte pour vous une fausse douceur;
Et, par là de son fiel colorant la noirceur,
Tantôt à cette reine il vous peint redoutable
Tantôt, voyant pour
l'or sa soif insatiable,

Il lui feint qu'en un lieu que vous seul connaissez
Vous cachez des trésors par David amassés.
Enfin depuis deux jours la superbe Athalie
Dans un sombre chagrin paraît ensevelie.
Je l'observais hier, et je voyais ses yeux
Lancer sur le lieu saint des regards furieux;
Comme si dans le fond de ce vaste édifice
Dieu cachait un vengeur armé pour son supplice.
Croyez-moi, plus j'y pense, et moins je puis douter
Que sur vous son courroux ne soit près d'éclater,
Et que de Jézabel la fille sanguinaire

Ne vienne attaquer Dieu jusqu'en son sanctuaire.
Joad.

Celui qui met un frein à la fureur des flots
Sait aussi des méchants arrêter les complots.
Soumis avec respect à sa volonté sainte,

Je crains Dieu, cher Abner, et n'ai point d'autre crainte.
Cependant je rends grâce au zèle officieux
Qui sur tous mes périls vous fait ouvrir les yeux.
Je vois que l'injustice en secret vous irrite,
Que vous avez encor le cœur Israélite.

Le ciel en soit béni! Mais ce secret courroux,
Cette oisive vertu, vous en contentez-vous ?
La foi qui n'agit point est-ce une foi sincère ?
Huit ans déjà passés, une impie étrangère
Du sceptre de David usurpe tous les droits,
Se baigne impunément dans le sang de nos rois,

Des enfants de son fils détestable homicide,
Et même contre Dieu lêve son bras perfide.
Et vous, l'un des soutiens de ce tremblant état,
Vous, nourri dans les camps du saint roi Josaphat,
Qui sous son fils Joram commandiez nos armées,
Qui rassurâtes seul nos villes alarmées

Lorsque d'Ochozais le trépas imprévu
Dispersa tout son camp à l'aspect de Jéhu;
Je crains Dieu, dites-vous, sa vérité me touche
Voici comme ce Dieu vous répond par ma bouche:
"Du zèle de ma loi que sert de vous parer?
Par de stériles vœux pensez-vous m'honorer ?
Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices?
Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses?
Le sang de vos rois crie, et n'est point écouté.
Rompez, rompez tout pacte avec l'impiété ;
Du milieu de mon peuple exterminez les crimes:
Et vous viendrez alors m'immoler vos victimes."

Abner.

Eh! que puis-je au milieu de ce peuple abattu ?
Benjamin est sans force, et Juda sans vertu :
Le jour qui de leurs rois vit éteindre la race
Eteignit tout le feu de leur antique audace.
Dieu même, disent-ils, s'est retiré de nous:
De l'honneur des Hébreux autrefois si jaloux,
Il voit sans intérêt leur grandeur terrassée;
Et sa miséricorde à la fin s'est lassée.
On ne voit plus pour nous ses redoubtables mains
De merveilles sans nombre effrayer les humains:
L'arche sainte est muette, et ne rend plus d'oracles.
Joad.

Et quel temps fut jamais si fertile en miracles?
Quand Dieu par plus d'effets montra-t-il son pouvoir ?
Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir,
Peuple ingrat? quoi! toujours les plus grandes mer-

veilles

Sans ébranler ton cœur frapperont tes oreilles ?

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