GARAN LE BRIZ. I S'il vous plait, vous écouterez Et choisir les plus beaux corps parmi les hommes, Le curé de Cavan disait, Monté dans sa chaire à prêcher : Habitants de Cavan, pour vous tous Voici une bien triste nouvelle ! Nos corps et nos biens appartiennent au roi, Et notre âme est à Dieu. Demain vous vous trouverez tous ici, Et je dirai la messe à votre intention; Je dirai la messe à votre intention à tous, Puis j'irai avec vous à Lannion. II Dur eut été le cœur de celui qui n'eut pleuré Dans la ville de Lannion, En voyant Cavan et Ploubezre Descendant ensemble dans la ville. Au coup de dix heures, La commune de Ploubezre a été appelée; La commune de Ploubezre a été appelée, La commune de Cavan a ensuite tiré, Garan Le Briz pleurait, Et personne ne le consolait; Et personne ne le consolait, Si ce n'est son parrain, celui-là le faisait. Tawet, Garan, na oelet ket, Me n' rojenn forz wit partian, III Garan ar Briz a lavare Er ger d'he vamm, pa arrue : Savet, mamm baour, euz a-lec'h-ze, Ma rinn ur wes c'hoas ho kwele. Pe c'hui 'zo skuiz euz ma c'hlenved, Pe c'hui 'zo skuiz euz ma gwelet? O tenna d'ar billet 'on bet, Soudart 'wit Cavan 'z on digwet! Ar vroegik paour a lavare D'hi mab Garan eno neuze: - Ma mabik paour, em gonzolet, Ur re bennag a renk monet. Pa oant ho daou o teplori, Teuas he gabitenn en ti: - Hastet, Garan, em breparet, D' Wengamp fenoz vo red monet. Garan ar Briz, pa 'n euz klewet, E-meaz ann ti 'zo sortiet; 'Nn or war he vamm 'n euz alc'houezet, Da di ar person ez eo et: Dalet, gouarnerez, alc'houez ma mamm, M'ho ped da gaout ann-ez-hi soign, Ha laret d'ann aotro person Hi rekommandi en hi bron; Hi rekommandi 'n ofern-bred, Ma ielo ann dut d'hi gwelet. Lakit ho alc'houez lec'h m' karfet, Aotro sant Garan, ma faëron, Grit ewit-on un donezon: Lakit ho kleïer d' zoon kanvo D'am mammik paour, pa vo maro; Consolez-vous, Garan, ne pleurez pas, Garan Le Briz disait III A sa mère, en arrivant à la maison : Ma pauvre mère, levez-vous, Pour que je fasse encore une fois votre lit. Ou êtes-vous las de me voir? J'ai été tirer au sort, Et je suis tombé soldat pour Cavan ! A son fils Garan, en ce moment : - Mon pauvre fils, consolez-vous, Il faut bien que quelqu'un parte. Pendant qu'ils se désolaient tous les deux, Le capitaine entra dans la maison : Il a fermé la porte à clef sur sa mère, Et est allé chez le curé : Tenez, gouvernante, voici la clef de ma mère, Ayez-en bien soin, je vous prie, Et dites à monsieur le curé De la recommander dans son prône; De la recommander à la grande messe, Pour que les habitants aillent la visiter. Mettez votre clef où vous voudrez, Où vous l'aurez mise vous la retrouverez. Il a fait ses adieux au presbytère, Et s'est rendu aussitôt dans l'église. -Monsieur saint Garan, mon patron, Accordez-moi une faveur ; Faites que vos cloches sonnent le deuil De ma pauvre mère, quand elle sera morte : Kanvo d'ann noz ha d'ar beure, Ha karillon war ar c'hreiz-de! Ha grit ma klewinn ann-ez-he Hag a veen pemp-kant lew out-he! IV Garan ar Briz a lavare En kreiz ann arme, un de oe: Penaos a klewfes ann-ez-he, Laket ho troad war ma hini, He gabitenn a lavare Da Charan 'r Briz eno neuze: -Me 'skriv did Garan, da gonje, Da vonet d'ar ger da vale. V Garan ar Briz a lavare, "Tal feunteuniou Cavan p'arrue : Tri de ha ter nozwez a zo -- Garan ar Briz a lavare, Prennestr gwele he vamm pa dremene : O Doue! marw eo ma mamm-me, Pa n' 'ma hi fenn 'n prennestr hi gwele; Pa n'hi gwelann 'n prennestr hi gwele, 'Welet a be-duz arrijenn-me. Garan ar Briz a lavare, 'N presbitor Cavan p'arrue : Roët d'in-me ma alc'houezo. Lec'h poa ho laket c'hui ho c'havo. Deuil le soir et le matin, Et carillon à midi; Et faites aussi que je les entende, Garan Le Briz disait IV Un jour, au milieu de l'armée : Arrêtez, mon capitaine, arrêtez un peu, J'ai entendu les cloches de Cavan ! -Et comment pourrais-tu les entendre, Puisque tu en es à cinq cents lieues? Mettez votre pied sur le mien, Et vous les entendrez comme moi. Il a mis son pied sur le sien, A Garan Le Briz, sur la place: - Je te signe ton congé, Garan, Pour aller faire un tour chez toi. Garan Le Briz disait V En arrivant près des fontaines de Cavan : Qu'y a-t-il de nouveau ici, Que les cloches sonnent ainsi ? Voilà trois jours et trois nuits Qu'elles sonnent le deuil, jour et nuit ; Et carillon à midi ! Garan Le Briz disait, En passant sous la fenêtre du lit de sa mère : O Dieu! ma mère est morte, Puisque je ne vois sa tête à la fenêtre de son lit; Puisque je ne la vois à la fenêtre de son lit, Pour voir de quel côté j'arriverai ! Garan Le Briz disait, En arrivant au presbytère de Cavan : Donnez-moi mes clefs. Où vous les aviez mises, vous les retrouverez. |