LE MARQUIS DE COATREDREZ. I Ecoutez tous, et vous entendrez A une jeune fille qui a été enlevée, II Le seigneur de Coatredrez demandait A la jeune fille, en la rencontrant : - Jeune fille, dites-moi, Où allez-vous, où avez-vous été ? - Je vais au pardon du Guéodet, Le seigneur de Coatredrez répondit A aller toute seule par les chemins! Sauf votre grâce, seigneur, excusez-moi, Je ne suis pas toute seule par les chemins, Le seigneur de Coatredrez disait De là elle discourra à satiété! - Sauf votre grâce, mon maître, je ne le ferai point, Je ne veux pas désoler la fille; Je ne veux pas navrer son cœur, C'est une fille sage, une honnête fille! 'N aotro Trede, 'vel ma klewas, Ur fasad d'he baotr 'n euz roët, War gein he varc'h 'n euz hi laket. 'Wit n' vije ket anavezet Gant ann dut o vont d'ar Ieodet. 'R plac'hik iaouank a lavare En han' Doue, mar am c'haret, Allas! ho sikour n'hellomp ket, P'eo 'n aotro Trede 'n euz ho c'hoantet ! Na d'ann aotro Trede neuze : Lemet 'r mouchouar d' war hi geno, Taoli ra 'r gwad a vouchado ! Lez-hi da daol 'r pez a garo, Ar merc'hed' zo leun a ardo !..... — (1) III 'N aotro Trede a lavare D'he c'houarneres p'arrue : Na laket ar beer uz ann tân, D'ar plac'hik ha d'in-me d'hon c'hoan! Ar plac'hik iaouank a lare D'ann aotro Trede, p'hen klewe: Debret, evet 'r pez a garfet, Ewit-on me na goaninn ket. Ar plac'hik iaouank a lare Gret ma 'z inn gant-oc'h da gousket. (1) VARIANTE : Ar plac'h iaouank a hirvoude, Le seigneur de Coatredrez, dès qu'il entendit, Descendit de cheval; Il descendit de cheval, Et donna un soufflet à son valet, Il a donné un soufflet à son valet Un mouchoir blanc empesé En passant auprès des siens (de sa société): Ma société, secourez-moi ! Hélas! nous ne pouvons vous secourir, Puisque c'est le seigneur de Coatredrez qui vous a désirée ! Le valet disait Au seigneur de Coatredrez, en ce moment : Otez le mouchoir de dessus sa bouche, Elle rejette le sang à pleine bouche! — Laisse-la en rejeter tant qu'elle voudra, Les femmes sont pleines d'artifices!..... (1) III Le seigneur de Coatredrez disait A sa gouvernante, en arrivant : Mettez la broche au feu, Pour le souper de la jeune fille et le mien. Au seigneur de Coatredrez, en l'entendant : La pauvre jeune fille disait A la gouvernante, cette nuit-là : Gouvernante, si vous m'aimez, Faites que j'aille coucher avec vous. (1) VARIANTE : La jeune fille se lamentait, Qui avait grande pitié de sa douleur : Consolez-vous, pauvre enfant, ne pleurez pas, 'Wit ganin-me na gouskfet ket, Ann aotro Trede a lare Na deut-c'hui ganin d'ar jardinn, A zere ouz-oc'h plac'hik koant. — Adieu ma mamm, adieu, ma zad, Aotro, prestet d'in kontellou, Ann aotro Trede, pa glewas, Unan troad-duz, unan troad-gwenn, Un' all c'houezet en aour melenn: En hini troad-duz eo kroget, N kreiz hi c'halon deuz-hi plantet! Pa zistroas 'n aotre en dro, 'Oa 'r plac'h iaouank war he geno; 'Oa 'r plac'h iaouank 'n kreiz ar jardinn, Hi fenn 'n tal penno hi daoulinn. Ma lavare c'hoas ann d'en-fall, Penamed daoni ma ine, N' veas ket et gwerc'h dirag Doue! IV Ann aotro Trede a lare Da holl dut he di en noz-se : Arru ez e gwall bell anň noz, Poent da bep-den mont da repoz! Ar gouarneres a lare D'ann aptro Trede en noz-se: 'Lies am boa ho kelernet, War-benn ar gwinn hag ar merc'hed, Pour avec moi vous ne coucherez pas, Votre fit est fait dans la chambre haute; Votre lit est fait dans la chambre haute, Pour coucher avec le seigneur de Coatredrez. Le seigneur de Coatredrez disait A la pauvre jeune fille, ce soir-là: Venez avec moi au jardin, Pour cueillir un bouquet de fines fleurs: Pour cueillir un bouquet de fines fleurs, De marjolaine et de thym; De marjolaine et de lavande, Qui vous sied, fillette jolie. La pauvre jeune fille disait, En arrivant auprès du jardin : Adieu, ma mère, adieu, mon père, Jamais ne vous reverront mes yeux! Seigneur, prêtez-moi des couteaux, Pour couper les tiges de mes fleurs; Pour couper les tiges de mes fleurs, Qui sont trop longues des tiges. Le seigneur de Coatredrez, quand il entendit, Mit la main dans sa poche; Il a mis la main dans sa poche, Et en a retiré trois couteaux pour elle : Un à manche noir, un à manche blanc, Un autre en or jaune soufflé C'est celui à manche noir qu'elle a pris, Et il disait encore, le méchant, Si je ne craignais de damner mon âme, Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ! IV Le seigneur de Coatredrez disait, A tous les gens de sa maison, cette nuit-là · La nuit est fort avancée, Il est temps à chacun d'aller reposer. La gouvernante disait Au seigneur de Coatredrez, cette nuit-là : Je vous avais souvent averti Au sujet du vin et des femmes ; |