LES AUBRAYS ET LE MORE DU ROI. TROISIÈME VERSION. I Entre Koat-ar-Skin et Les Aubrays Que Dieu leur donne bon combat! Que Dieu leur donne bon combat, Et à leurs parents, à la maison, bonne nouvelle!..... Un jour, à son petit page: Selle-moi, vite, ma haquenée blanche, Et mets-lui sa bride d'argent en tête; Mets-lui sa bride d'argent en tête, Et son collier d'or au cou; Apprête aussi ton cheval Rouen (1) II Le seigneur Les Aubrays disait, En arrivant à Sainte-Anne : - J'ai assisté à dix-huit combats, Et j'ai gagné les dix-huit; Et j'ai gagné les dix-huit, Grâces à vous, sainte Anne de Vannes; Fera le tour de votre église et du cimetière, Je vous achèterai une bannière rouge, (1) J'ignore si cette expression signifie un cheval normand, du pays de Rouen; mais je sais qu'on désigne aussi par ces mots, en parlant de chevaux, une nuance particulière, d'un bai tirant sur le jaune. (2) Ne serait-ce pas plutôt au Guéodet, comme il est dit plus loin? III 'Nn aotro Koat-ar-Skinn a lavare D'he bajik-bihan hag en de-se: Me a well o tonet un azenn, Hag hen war gein un inkane-gwenn ! 'Nn aotro Lezobre a lavaraz Na da Goat-ar-Skinn, 'vel m'hen klewaz: Mar na t'euz anavezet ma zad, - Da gombati neuze int bet et, - En hano da Zoue, Lezobre, En hano ma Doue, Lezobre, - En hano da Zoue, Lezobre, Kerz-te en karg wit ma bugale. N'inn ket en karg wit da vugale, Me leusko gant-he ho liberte. Na oa ket he c'hir peurlavaret, Koat-ar-Skinn gant-han a zo lazet. IV Lizerou d'ar roue zo kasset, Te a zo dilijant ha buhan, Kerz da lavaret da Lezobre Dont d' gombati ma Maurian-me !.... III Le seigneur de Koat-ar-Skin disait, Ce jour-là, à son petit page: - Le seigneur Les Aubrays dit Je ne suis pas âne de nature, Mon père était, dit-on, un homme sage; Car toi, tu ne m'en aurais pas Au nom de Dieu, Les Aubrays, Laisse-moi la vie! -Je ne te laisserai pas la vie, Car toi, tu ne m'aurais pas laissé la mienne. - Au nom de Dieu, Les Aubrays, Charge-toi de mes enfants. Je ne me chargerai pas de tes enfants, Mais je les laisserai aller en liberté ! A peine eut-il dit ces mots, Que Koat-ar-Skin fut tué par lui. IV Des lettres furent envoyées au roi, Pour lui annoncer que Koat-ar-Skin avait été tué. Et le roi de France disait, Un jour, à son petit page: Page, page, mon petit page, Toi qui es diligent et alerte, Va-t-en dire à Les Aubrays De venir combattre contre mon More..... Ar pajik-bihan a lavare En Lannuon na pa arrue : Demad d'ac'h ha joa holl er ger-ma, 'Nn aotro Lezobre pelec'h ema? 'Nn aotro Lezobre, p'hen euz klewet, He benn er prennestr 'n euz boutet; He benn er prennestr 'n euz boutet, Ha paj ar roue 'n euz saludet. Demad d'ac'h-c'hui, aotro Lezobre! Lavaret 'zo d'ac'h-c'hui, Lezobre, Ha strinket gant-han dour-binniget, 'Nn aotro Lezobre, p'hen euz klewet, V 'Nn aotro Lezobre a lavare, En Santes-Anna, pa arrue : Bars en naontek stourmad ez on Hag ho naontek am euz gonezet; Hag ho naontek am euz gonezet, Dre ho kraz, santes Anna Vened; Grit d'in c'hoas gonit ann ugenvet, Ha me vo kurunet er Ieodet. bet, Et le petit page disait, En arrivant à Lannion: Bonjour et joie à tous dans cette ville, Où est le Seigneur Les Aubrays? Le seigneur Les Aubrays, en entendant cela, A mis la tête à la fenêtre; Il a mis la tête à la fenêtre, Et a salué le page du roi. Bonjour à vous, seigneur Les Aubrays! Et à vous aussi, page du roi ! Et à vous aussi, page du roi, Qu'est-il arrivé de nouveau. Il vous est ordonné, Les Aubrays, Au nom de Dieu, page du roi, Et je te donnerai un bouquet, Au milieu duquel il y aura quatre mille écus. Mais vous n'en parlerez jamais à personne : Quand commencera ce combat, Jetez vite vos habits sur les siens; Et lancez-lui de l'eau bénite, Aussitôt qu'il aura dégaîné : Alors il fera un bond en l'air : Aimez mieux perdre votre épée, Le seigneur Les Aubrays, ayant entendu, Il lui a donné son bouquet, Avec quatre mille écus au milieu. V Le seigneur Les Aubrays disait, En arrivant à Sainte-Anne : J'ai pris part à dix-neuf combats, Et j'ai gagné les dix-neuf; Et j'ai gagné les dix-neuf, Grâces à vous, sainte Anne de Vannes; Faites-moi encore gagner le vingtième, Et je serai couronné au Guéodet. |