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III

Son parâtre disait, agenouillé sur sa tombe:

- Est-il possible, Françoise, que tu sois là!

J'ai été sept mois en prison, condamné à être pendu, A cause de toi, Françoise, que l'on me reprochait !

Chanté par Marie-Josèphe KERIVAL.

Keramborgne, 1849.

VARIANTE.

Celui de devant, qui encensait, tenait la chandelle;
Celui qui portait l'ostensoir, était l'homme aux couteaux.
Approchez, monsieur le recteur, venez vite
Arracher le Seigneur Dieu d'entre les mains du méchant !

Sous dix-sept jours, leur procès fut fait,

Ils furent condamnés par le Parlement à être décapités.
On leur lut la sentence rigoureuse,

Et ils furent conduits par le bourreau jusqu'à la potence;

Ils furent conduits par lui jusqu'au dernier degré de l'échelle,
Et là ils durent mourir jusqu'au jugement dernier !

ANN DAOU VANAC'H
HAG AR PLACʼNIK IAOUANK.

EIL GWES.

I

Etre traon ar Rudonou (1), hag ann hent 'z ia da Rom, 'Zo zavet ur gouant newez, en-hi menec'h o chomm;

'Zo zavet ur gouant newez, en-hi menec'h iaouank N' baouezont noz na de o tebauch 'r merc'hed koant. Bars en ker zo 'r vinores, zo meurbet devodes; Mont 'ra bep-sul d'ann ofern, war ar pemdez alies: Montra bep-sul d'ann ofern, war ar pemdez' wesiou, Na da iliz Sant-Franses, da laret hi euriou.

Ha daou jakobin iaouank o vont da gomz out-hi : -Deut ganimb, minorezik, deut ganimb-ni d'hon zi; Deut ganimb, minorezik, deut ganimb-ni d'hon c'hambr, D'esplikan ann taolinier, 'r misteriou ekselant.....

II

Pa oa bet nao miz eno, hag hi laret d'ez-hi :
-Tro Doue! minorezik, na petra refomp-ni?
"Tro Doue, minorezik, petra a vezo gret,
Arru 'r vikel-jeneral d'ar gouant d'hor gwelet?

Hag hi o c'houlenn kuzul. Lusufer ho c'helennas
D'hi laza, d'hi interrin en korn ann aoter-vraz.....
Ur paour en iliz lojet, a oe meurbet spontet,
Na buhez ar plac'hik 'n noz-se p'hen euz klewet.
Ar manac'h ar C'hardinal hen euz d'ez-hi laret :
Lar d'in manus pa gari, out en eur m' vi lazet!
Ha hi da c'houlenn hi graz, wit n' vije ket lazet,
'Wit ar frouez a oa gant-hi, ma vije badezet.

'Wit hi bugelik bihan 'c'houlenne badeziant, Hag ewit-hi hi unan, nouenn ha zakramant.

Met ar manac'h-braz neuze a dies-krog 'n ur bal, Ha 'skoas ar vinores paour d'ann douar raktal.

(1) Toutes les versions que j'ai recueillies de ce chant portent Rudon ou Ruduno, ou Rudonou. Faut-il y voir une altération de Redon?

LES DEUX MOINES

ET LA JEUNE FILLE.

SECONDE VERSION.

I

Entre la vallée de Rudono et le chemin qui mène à Rome, On a bâti un couvent neuf, où des moines demeurent;

On a bâti un couvent neuf, où demeurent de jeunes moines Qui ne cessent, ni la nuit ni le jour, de débaucher les jolies filles. Il y a dans la ville une mineure qui est très-dévote; Elle va tous les dimanches à la messe, et souvent sur la semaine : Elle va tous les dimanches à la messe, sur la semaine, quelA l'église de Saint-François, pour réciter ses heures.

Et deux jeunes jacobins d'aller lui parler :

[quefois, [son;

- Venez avec nous, mineure, venez avec nous dans notre mai

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Venez avec nous, mineure, venez avec nous dans notre chambre,

Nous vous expliquerons les tableaux, les mystères excellents. —

II

Quand elle y eut été neuf mois, ils lui dirent:

Mon Dieu, petite mineure, que ferons-nous?

Mon Dieu, petite mineure, que faire ?

Le vicaire-général est arrivé au couvent, pour nous visiter.
Et ils demandèrent conseil. Lucifer leur conseilla

De la tuer et de l'enterrer au coin du maître-autel.....
Un mendiant, logé dans l'église, fut saisi de frayeur,
De voir ce qui arriva cette nuit-là à la pauvre fille.

Le moine Le Cardinal lui dit : (1)

Récite ton in manus quand tu voudras, car voici l'heure où

Et elle de demander grâce pour sa vie,

Et le baptême pour le fruit qu'elle portait.

Et

[tu mourras!

Pour son petit enfant elle implorait le baptême, pour elle-même le sacrement de l'extrême-onction.

Mais le grand moine alors saisit une pelle,

En frappa la mineure et l'étendit par terre.

(1) S'agit-il ici d'un moine nommé Le Cardinal, ou bien du grand moine, comme il est dit ailleurs, l'abbé?

Seiz taol-pal, hep-c'houitan, hen euz d'ez-hi roët, Ar bugel, ar vinores, ho daou 'n euz ho lazet!

Neuze 'z iejont d'ar gouant, ha 'pakjont ho dillad, Gant ann aouenn rag ar c'hlask, balamour ma oa goad. Ann deiz-warlerc'h ar beure, pa oa strinket ann de, Unan ann daou vanac'h-man ann or a zigorre.

Ar paour e-meaz ann iliz kerkent a zo bet et, Ebars un hostaliri ez eo bet antreet :

Roët d'in tamm da zibri, ha banne da eva, Nag ewit kaout ma memoar, 'm cuz kollet en noz-ma ; Me am euz gwelet laza 'n noz-man ur vinores, Am euz aoun-braz, ma Doue, rag ma oa dougeres,

Rag ar vouez euz hi bugel, me gred, am euz klewet, Met kaer hen euz bet krial, bepred eo bet lazet!

Tud oa en hostalirì a zo bet sortiet

D'ober ann diskuil kerkent ha m'ho deuz bet klewet.
Ar vikel a lavare d'ar paour, p'hen interroje :
Na taolet-ewes mad paour, petra ho pe laret!
Na taolet-ewes mad paour, petra ho pe laret,
Da zamma ma ministred brema, hep kaout sujet!
Leall, aotro ar vikel, mar n'am c'hredet-c'hui ket,
Gret-c'hui ur prosession, neuze vezo gwelet;

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Gret-c'hui ur prosession, gret d'he monet en dro, Dishenvel int ar re-all, ar goad euz ho bouto....

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Toullet a oe ann douar 'l lec'h ma oa bet laket, M'eo kavet ar c'horf 'l lec'h hen doa ar paour laret. M'int bet neuze kommerret la kasset d'ar prison; En Paris a resevjont ho c'hondaonation.

Ha ter zro d'ann iliz ho deuz renket ober,
Ewit ho finijenn, ann dut indign ha kruel.

Gwisket a oe d'ez-he peb a rochet rousinet,
Ha goude-ze ho c'horfo 'n un tanted braz dewet;
Ha goude-ze ho c'horfo 'n un tanted braz dewet,
Ewit rei skouer d'ar re-all 'n ho flazvije laket.
Ar manac'h braz a lare na pa ieas bars ann tan :
Roït d'in nerz ha kalon 'wit gallout resistan,
Ewit ma rinn pinijenn cuz ma fallagries!

Allas! penaos, ma memoar, biskoas n'am boa sonjet A vijenn me d'ar maro blamour d'ur plac'h laket! Kalz euz a verc'hed iaouank 'hallo brema laret Am euz me kousket gant-he ha tapet ho gwerc'hted....

Il lui a donné sept coups de pelle, sans faillir,

Et l'enfant et la mineure, il les a tués tous les deux !

Alors ils rentrèrent dans le couvent et cachèrent leurs vête

Par crainte de la recherche, car il y avait du sang!

Le lendemain matin, quand le jour eut jailli, Un des deux moines ouvrit la porte (de l'église). Le mendiant sortit aussitôt de l'église

Et entra dans une auberge :

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[ments,

Donnez-moi un morceau à manger et une goutte à boire, Pour que je recouvre la mémoire, que j'ai perdue cette nuit : J'ai vu tuer cette nuit une mineure,

Et je crains bien, mon Dieu, qu'elle ne fut enceinte,
Car je crois avoir entendu la voix de son enfant ;
Mais il avait beau crier, on l'a tué quand même !
Des gens qui étaient dans l'auberge sortirent,
Pour faire leur déclaration, dès qu'ils entendirent cela.
Le vicaire (général) disait au mendiant, en l'interrogeant:
Prenez bien garde, mendiant, à ce que vous dites!

Prenez bien garde, mendiant, à ce que vous dites, Et que vous ne chargiez mes ministres, sans raison !

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Vraiment, monsieur le vicaire, si vous ne me croyez pas, Faites une procession, et alors on verra;

Ordonnez une procession, faites-les défiler, [chaussures.Ils ne ressemblent pas aux autres, ils ont du sang sur leurs

On creusa la terre à l'endroit où elle avait été mise,

Et on trouva son corps là où le mendiant avait dit.

Les deux moines ont été arrêtés alors et conduits en prison; C'est à Paris qu'ils reçurent leur condamnation.

Il leur a fallu faire trois fois le tour de l'église, Pour leur pénitence, les hommes indignes et cruels!

On leur revêtit a chacun une chemise enduite de résine, Puis leurs corps furent consumés sur un grand bûcher; Puis leurs corps furent consumés sur un grand bûcher, Pour faire un exemple pour ceux qui devaient les remplacer. Le grand moine disait, en entrant dans le feu :

Donnez-moi force et courage pour pouvoir résister, Et faire pénitence de ma méchanceté !

Hélas! ma mémoire, pourquoi n'avais-je jamais pensé
Que je serais condamné à mourir à cause d'une fille!
Beaucaup de jeunes filles pourront dire, à présent,
Que j'ai couché avec elles, et pris leur virginité.....

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