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J'ai été trois fois sur ses épaules, Et elle ne fait que sourire,

Et me dire d'aller une quatrième fois,

Pour contenter le peuple!

Monsieur du Bourblanc a donné l'ordre alors

De la détacher du gibet;

De la détacher du gibet,

Et de la faire monter sur l'échafaud.

On l'a détachée du gibet,

Et on l'a fait monter sur l'échafaud :
La hache est descendue sur elle,
Et s'est brisée en deux morceaux !

Les bourreaux demandaient
Alors à monsieur du Bourblanc :

Qui de nous ou de vous a failli? Françoise Cozic ne meurt pas !

Quand la hache est descendue sur elle, Elle s'est brisée en deux morceaux! Monsieur du Bourblanc disait

Alors aux bourreaux :

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Conduisez-la au bûcher,

Et revêtez-lui une chemise de résine;
Revêtez-lui une chemise de résine,
Et enduisez-la de soufre et d'alun !

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Quand on a allumé le feu sur elle, Il s'est fendu en deux!

Françoise Cozic, dites-moi,

Qu'est-ce qui est cause que vous ne mourez pas ?

-Et comment pourrais-je mourir, dit-elle, Puisque le Saint-Esprit est avec moi?

Une petite colombe blanche est au-dessus de ma tête, Qui écarte le feu de mes seins;

Et Notre-Dame Marie du Folgoat

Tient un escabeau sous mes pieds!

Les prêtres du Bourblanc, entendant cela,
Levèrent une procession.

Et la bannière et la croix

Vont reconduire Françoise à la maison. - Allons chercher la gouvernante, C'est celle-là qui a commis le crime !

La gouvernante disait,

A la fenêtre de la table, ce jour-là :
Je vois venir la bannière et la croix,
Ramenant Françoise à la maison.

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P'arru Fransesa Kozik en ti
'R c'houarneres daoulinn dirazhi:
Fransesa Kozik ma fardonet,
En braz am euz ho ofanset!

-

-Gouarneres, savet al lec'h-se,
Goulennit pardon euz Doue;
Goulennit pardon euz Doue,
Gouarneres, m'ho pardon iwe.

V

Et 'r gouarneres d'ar fagodiri,
Hounnes int deut a-benn 'nn ez-hi;
Treuz daou dewez-arad diout-hi,
A tilamm ann tan d'hi dewi! (4)

Plouaret, décembre 1854.

ANN AOTRO AR GERWENN

HAG AR VATES-VIHAN.

Bars ar Gerwenn ez euz glac'har,
Mar euz nep-lec'h war ann douar,
Balamour d'ar Gouarneres,

A zo em gavet dougeres.

Ar gouarneres a lare

Ha d'ann aotro, un dez a oe:
'Ma 'r vates-vihan 'n hi gwele,

Ur bugelik euz hi c'hoste;

Ur bugelik euz hi c'hoste,

Ur gontel-noaz 'n penn ar gwele!
Dre 'r finessez euz ar merc'hed,
Hi linselliou a deuz chanjet;

Hi linselliou a deuz chanjet,
D'ar vates ho deuz-hi laket.

'Nn aotro 'r Gerwenn, vel ma klewas,
Da gaout ar justiz mont a reas.

(1) Il y a une commune du Bourg-Blanc dans le département du Finistère, canton de Plabennec. Il existe aussi une ancienne famille bretonne du nom de Bourblanc, que les Bretons appellent ar Vurwenn. Dans la version qui suit, ce nom devient ur Gerwen, La Villeblanche.

Quand Françoise Cozic entra dans la maison,
La gouvernante se mit à genoux devant elle :
Françoise Cozic, pardonnez-moi,

Je vous ai grandement offensée !

Gouvernante, relevez-vous,

Et demandez pardon à Dieu;
Demandez pardon à Dieu,

Gouvernante, pour moi je vous pardonne!

V

La gouvernante est allée au bûcher,
Et celle-là, ils sont venus à bout d'elle:
A la distance de deux journaux de terre,
Le feu s'élançait pour la consumer!

Plouaret, décembre 1854.

MONSIEUR DE LA VILLEBLANCHE

ET LA PETITE SERVANTE.

I

A la Villeblanche il y a de la douleur,
S'il en est quelque part au monde,

A cause de la gouvernante,

Qui s'est trouvée enceinte.

La gouvernante disait

Un jour à monsieur de La Villeblanche :
La petite servante est dans son lit,
Avec un petit enfant à son côté ;

Avec un petit enfant à son côté,

Et un couteau nu à la tête du lit!
Par une finesse de femme,

Elle (la gouvernante) a changé ses draps de lit;

Elle a changé ses draps de lit,

Et les a mis à la petite servante.

Monsieur de La Villeblanche, en entendant cela,
Alla trouver la justice.

'Nn aotro 'r Gerwenn a lavare Da dut ar justiz, un dez oe: -Tud ar justiz, em breparet, Ganin fenoz renket donet.....

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Ar vates-vihan' c'houlenne,
'N toull-dor hi mamm pa dremene :
-Ge eo ho kalon, pa ganet,
Hini ho merc'h allas! n'eo ket.

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- Ma merc'hik paour d'in-me laret, Petra ho rent ken kontristet?

Allas! ma mamm, n'hen larinn ket, A-benn ar finn 'vo gouvezet.

Ho pedi rann, ma mamm, ma zad, Da vonet wit-on d'ar Folgoat, Diarc'henn, dilour, war ho taou-droad, War ho taoulinn-noaz ur pennad.

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Penaos 'z iafenn di penn-da-benn,

Pa n'ouzonn hent na gwennojenn?

-

Gwerz un anouer-bloa 'm euz gwestlet, Hag ho rento 'n toul ar porchet;

Hag en distro, deut dre Razon,
C'hui ho po glac'har 'n ho kalon,
Pa Wellfet ludu ha glaou gret
Euz ar galonik 'c'h euz maget!

Lest ho kouez 'c'hann da diziou,
C'hui a gavo ludu ha glaou;
C'hui gavo ludu ha glaou gret
Euz ar galon oc'h euz maget! -

Ma merc'h pez torfed oc'h euz gret,

Pa 'z eo d'ann tan ez oc'h barnet?

Allas ma mamm, na larinn ket,

A benn ar finn vezo gwelet !

Monsieur de La Villeblanche disait
Un jour aux gens de la justice:

Gens de la justice, préparez-vous,
Il vous faut venir avec moi, ce soir.....

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Les gens de la justice disaient,
En arrivant dans la maison :
-Petite servante, préparez-vous,
Il vous faut venir avec nous, ce soir.

Notre-Dame Marie de la Trinité,

Quel crime ai-je donc commis;
Quel crime ai-je donc commis,
S'il me faut aller avec vous?

La petite servante demandait,
En passant devant la porte de sa mère :
Votre cœur est gai, puisque vous chantez,
Hélas! celui de votre fille ne l'est pas.

Ma fille chérie, dites-moi,

Qu'est-ce qui vous cause de la tristesse?
Hélas! ma mère, je ne le dirai pas,
Mais avant la fin on le saura.

Je vous prie, ma mère et mon père,
D'aller pour moi au Folgoat,

Sans chaussure, sans bas, à pied,

Sur vos genoux nus, si vous pouvez résister.

-Et comment aller jusque-là?

Je ne connais ni chemin ni sentier.

- J'ai voué le prix d'une génisse d'un an, Et vous serez conduite jusqu'à l'entrée du porche : Et en revenant, passez par Rennes,

Et votre cœur sera navré,

En voyant réduit en charbon et en cendres
Le petit cœur que vous avez mis au monde !
Laissez votre lessive, jusqu'à jeudi,

Vous trouverez du charbon et de la cendre;
Vous trouverez réduit en charbon et en cendres

Le cœur que vous avez mis au monde !

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Ma fille, quel crime avez-vous commis,

Pour avoir été condamnée au feu?

Hélas! ma mère, je ne dirai rien,

Mais pour la fin on verra.

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