Le péril mystique dans l'inspiration des démocraties contemporaines: Rousseau, visionnaire et révélateur...

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La Renaissance du livre, 1918 - Mysticism - 180 pages
 

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Popular passages

Page 145 - ... l'esprit perdu dans cette immensité, je ne pensais pas, je ne raisonnais pas, je ne philosophais pas : je me sentais, avec une sorte de volupté, accablé du poids de cet univers, je me livrais avec ravissement à la confusion de ces grandes idées ; j'aimais ,à me perdre en imagination dans l'espace; mon cœur, resserré dans les bornes des êtres, s'y trouvait trop à l'étroit; j'étouffais 'dans l'univers, j'aurais voulu m'élancer dans l'infini.
Page 148 - Si jamais quelque chose a ressemblé à une inspiration subite, c'est le mouvement qui se fit en moi à cette lecture : tout à coup je me sens l'esprit ébloui de mille lumières ; des foules d'idées vives s'y présentent à la fois avec une force et -une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable; je sens ma tète prise par un étourdissement semblable à l'ivresse.
Page 156 - Avant que ces mots affreux de tien et de mien fussent inventés ; avant qu'il y eût de cette espèce d'hommes cruels et brutaux qu'on appelle maîtres, et de cette autre espèce d'hommes fripons et menteurs qu'on appelle esclaves; avant qu'il y eût des hommes assez abominables pour oser avoir du superflu pendant que d'autres hommes meurent de faim; avant qu'une dépendance mutuelle les eût tous forcés à devenir fourbes, jaloux et traîtres; je voudrois bien qu'on m'expliquât en quoi pouvoient...
Page 130 - La justice et l'inutilité de mes plaintes me laissèrent dans l'âme un germe d'indignation contre nos sottes institutions civiles, où le vrai bien public et la véritable justice sont toujours sacrifiés à je ne sais quel ordre apparent, destructif en effet de tout ordre, et qui ne fait qu'ajouter la sanction de l'autorité publique à l'oppression du foible et à l'iniquité du fort.
Page 72 - ... rayons perçants de la vérité vont venger la vérité qu'il a négligé de suivre. Tout ce qu'il a aimé lui devient odieux , comme étant la source de ses maux , qui ne peuvent jamais finir.
Page 146 - ... j'aurais voulu m'élancer dans l'infini. Je crois que, si j'eusse dévoilé tous les mystères de la nature, je me serais senti dans une situation moins délicieuse que cette étourdissante extase à laquelle mon esprit se livrait sans retenue, et qui, dans l'agitation de mes transports, me faisait écrier quelquefois : « O grand Être ! ô grand Être ! » sans pouvoir dire ni penser rien de plus.
Page 149 - Tout ce que j'ai pu retenir de ces foules de grandes vérités, qui , dans un quart d'heure, m'illuminèrent sous cet arbre...
Page 151 - O vertu, science sublime des âmes simples, faut-il donc tant de peines et d'appareil pour te connaître ? Tes principes ne sont-ils pas gravés dans tous les cœurs ? et ne suffit-il pas pour apprendre tes lois de rentrer en soi-même, et d'écouter la voix de sa conscience dans le silence des passions...
Page 70 - On ne te reproche rien à l'égard des hommes ; mais ne devais-tu pas moins aux hommes qu'aux dieux ? Quelle est donc cette justice dont tu te vantes? Tu n'as manqué à aucun devoir vers les hommes qui ne sont rien; tu as été vertueux, mais tu as rapporté...
Page 71 - Te voilà à jamais séparé des hommes, auxquels tu as voulu plaire : te voilà seul avec toi-même qui étais ton idole : apprends qu'il n'ya point de véritable vertu sans le respect et l'amour des dieux, à qui tout est dû. Ta fausse vertu, qui a long-temps ébloui les hommes faciles à tromper, va être confondue. Les hommes, ne jugeant des vices et des vertus que par ce qui les choque ou les accommode, sont aveugles et sur le bien et sur le mal : ici une lumière divine renverse tous leurs...

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