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SUR

LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE
ET SUR LES ARTS,

AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCĖ,

DÉDIÉ ES

A Mgr. LE COMTE D'ARTOIS;

Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Église de Lyon, de l'Académie Royale
des Sciences, Beaux-Arts & Belles-Lettres de Lyon, de Villefranche, de Dijon,
de Marfeille, de Nifmes, de Fleffingue, de la Société Impériale de Phyfique
& de Botanique de Florence, de Zurich, de Madrid, Correfpondant de la
Société des Arts de Londres, de la Société Philofophique de Philadelphie, &c.
ancien Directeur de l'Ecole Royale de Médecine-Vétérinaire de Lyon.

JANVIER 1774.

TOME III.

A PARIS,

Au Bureau du Journal de Phyfique, rue & Hôtel Serpente.

M. D C C. L X X X V.

AVEC PRIVILÉGE

DU ROL

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De l'appareil qui paroît le plus propre pour faire des Obfervations fur Electricité de l'Air, des Nuées orageufes & de la Foudre;

Par M. LE ROY, de l'Académie des Sciences.

L'ELECTRICITÉ de l'air ou des nuages devenant plus fenfible & plus confidérable à mesure que l'on s'éleve, il faudra que la verge de fer ou la Tome III, Part. I. JANVIER 1774.

A

perche qui doit être électrifée, foit auffi haute qu'il fera poffible. Il faudra de même l'éloigner, autant qu'on le pourra, des bâtimens, des arbres, & de toute efpece d'objets élevés, 1°. pour que ces objets n'attirent pas l'électricité, de préférence; 2°. pour que le fil d'archal qui communique de cette verge à l'appartement où l'on fera les obfervations, traverfe dans l'air un efpace affez étendu, pour pouvoir acquérir par-là le même degré d'électricité que celui qui y regne à cette hauteur. Cela eft d'autant plus néceffaire, que l'électricité de l'air augmente, comme on l'a obfervé, à mefure qu'on s'éloigne des maifons, & diminue, au contraire, à mesure qu'on en approche. Ces chofes étant fuppofées, voici comme il faudra difpofer l'appareil pour faire les obfervations fur l'électricité de l'air des nuages, &c.

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On aura une espece de mât MM; voyez la Pl. I, Fig. I, fur lequel on établira au haut avec du maftic, & bien folidement, une groffe bouteille de verre, ou plutôt un ballon bien féché intérieurement, & d'une hauteur fuffifante. Il faut qu'il ait au moins vingt pouces pour bien ifoler le couvercle T, qui portera la verge. Ce couvercle maftiqué avec la partie fupérieure du ballon fera de fer blanc, & fait en forme de trompette. On lui donnera quatre pieds de haut, ou à peu près; la partie qu'on appelle le pavillon, débordera le ballon au moins d'un pied tout autour, nonfeulement pour le bien garantir de toute efpece d'humidité, mais encore pour que ce pavillon préfentant une plus grande fuperficie à la pluie, il s'électrife plus promptement & plus fortement quand elle tombera.

On a fouvent expérimenté que la pluie eft électrique en été, nonfeulement dans les temps d'orages, mais encore dans beaucoup d'autres temps. Or, il arrive fouvent qu'un appareil deftiné à faire des expériences. fur l'électricité de l'atmosphere n'eft pas auffi promptement électrifé par l'action de fa pointe, fur les nuages électriques qui paffent au-deffus, que par les gouttes de pluie qui tombent de ces mêmes nuages. De-là, quelques perfonnes ont penfé qu'il valoit mieux employer dans cet appareil des pommettes de métal que des pointes, &c.; mais elles fe font fort trompées, faute d'avoir fçu diftinguer l'effet de la pluie fur les pommettes, de l'action de ces mêmes pommettes pour tirer l'électricité des nuages, deux chofes qui font cependant très différentes. Car il eft bien certain que fi une nuée électrique, dont il ne tombe aucune goutte de pluie, fe trouve au-deffus, où dans le voifinage d'un appareil, fon électricité fera bien plutôt apperçue, au moyen de la pointe, que par les pommettes. Ainfi, nous voyons conftamment dans l'électricité artificielle qu'une perfonne ifolée devient électrique de beaucoup plus loin quand elle préfente une pointe au conducteur (1), que quand elle lui pré

(1) Voyez dans le cahier précédent, c'est-à-dire page 437, tome II, le Mémoire du même Auteur, fur la forme des Barres & des Conducteurs métalliques, &c..

fente une boule ou tout autre corps obtus. Après cette petite digreffion qui m'a paru néceffaire, je reviens à la defcription de l'appareil.

Le couvercle de fer blanc étant bien maftiqué fur le ballon, on en fera fortir une verge ou pointe de fer V, fort aiguë, ayant au moins quatre ou cinq pieds de long, de façon qu'avec le couvercle, le tout ait neuf ou dix pieds de haut. On fera partir le fil d'archal F (qui doit aller dans la maison) de la partie la plus élevée de ce couvercle. Ce fil entrera dans l'appartement où l'on fera les obfervations au travers d'un trou fait, fi cela eft poffible, au milieu d'un de ces grands carreaux de Bohême; & ce trou fera affez grand pour que la matiere électrique, dont le fil fera pénétré & environné, puiffe avoir un libre paffage. La précaution de faire paffer ainfi ce fil au travers d'un carreau eft néceffaire, pour que les fenêtres de l'appartement puiffent être fermées, & que par-là l'humidité extérieure ne puiffe pas y entrer. Car cette humidité ôtant aux cordons de foie & aux fupports de verre qui foutiendront le fil, leur propriété d'isoler, il en résulteroit fouvent qu'il paroîtroit fans électricité, quoiqu'il y en eût affez dans l'air pour l'électrifer très-fenfiblement.

Une autre circonstance effentielle, & qu'il eft important de ne pas oublier, c'est qu'il y ait un canal de décharge (1), fi cela fe fi cela fe peut dire dans l'appareil, pour que dès qu'il fera électrifé à un certain point, il ne puiffe pas s'électrifer davantage, & que toute l'électricité furabondante foit tranfmife au fol. Faute de cette précaution, on pourroit courir quelques rifques dans de grands orages, ce qui eft fort inutile dans des obfervations de Phyfique. Pour remplir cet objet, on fera partir du couvercle une chaîne de métal CC, qui defcendra en bas, à un pied ou à peu près de terrain. Par-là, fi l'électricité des nuages devient trop forte, elle fe déchargera fur ce terrain fans aucun danger pour les Obfervateurs. Mais comme cette chaîne ne peut pas s'approcher, ni s'éloigner de la terre, en proportion que l'électricité augmente ou diminue, ce qui cependant feroit néceffaire pour fatisfaire à fon objet, on pourroit y fuppléer avantageufement, en établiffant au-deffous une efpece de bafcule horizontale qu'elle éleveroit & attireroit en vertu de fon électricité; car par-là cette bafcule s'approchant d'autant plus du bout de la chaîne qu'elle feroit plus électrique, transmettroit dans la même proportion cette électricité au terrain, en forte qu'il n'en réfulteroit jamais dans l'appareil, que la quantité néceffaire pour faire les obfervations. On imagine bien qu'il faudroit, en conféquence, que cette bafcule communiquât de la maniere la plus intime avec le fol, & qu'elle fût garnie de métal pour recevoir & tranfmettre bien exactement toute

(1) C'eft faute d'un canal de cette efpece que l'infortuné M. Richman, Professeur à Pétersbourg fut tué en faisant des obfervations fur l'Electricité de la Foudre.

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