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je couvris ta vilenie. Je te jurai; je fis marché << avec toi, dit le Seigneur, et tu fus à moi. »

Et habens fiduciam in pulchritudine tua, fornicata es in nomine tuo; et exposuisti fornicationém tuam omni transeunti, ut ejus fieres.

<< Mais, fière de ta beauté, tu forniquas en ton << nom, tu exposas ta fornication à tout passant « pour être à lui. »

Et cedificasti tibi lupanar, et fecisti tibi prostibulum in cunctis plateis.

« Et tu bâtis un mauvais lieu, tu fis une prosti<< tution dans tous les carrefours. >>

Et divisisti pedes tuos omni transeunti, et multiplicasti fornicationes tuas.

<< Et tu ouvris les jambes à tous les passans, et << tu multiplias tes fornications. >>

Et fornicata es cum filiis Egypti, vicinis tuis, magnarum carnium; et multiplicasti fornicationem tuam ad irritandum me.

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«< Et tu forniquas avec les Égyptiens, tes võisins, qui avaient de grands membres; et tu multiplias ta fornication pour m'irriter. >>

L'article d'Ooliba, qui signifie Samarie, est beaucoup plus fort et plus éloigné des bienséances de notre style.

Denudavit quoque fornicationes suas, discooperuit ignominiam suam *.

* Ézéchiel, ch. xxIII, v. 18 et suiv.

« Et elle mit à nu ses fornications, et découvrit

<< sa turpitude. >>

Multiplicavit enim fornicationes suas, recordans dies adolescentiæ suæ.

<«< Elle multiplia ses fornications comme dans << son adolescence. >>

Et insanivit libidine super concubitum eorum quorum carnes sunt ut carnes asinorum, et sicut fluxus equorum fluxus eorum.

<< Et elle fut éprise de fureur pour le coït de ceux <<< dont les membres sont comme les membres des « ânes, et dont l'émission est comme l'émission « des chevaux. »

- Ces images nous paraissent licencieuses et révoltantes elles n'étaient alors que naïves. Il y en a trente exemples dans le Cantique des cantiques, modèle de l'union la plus chaste. Remarquez attentivement que ces expressions, ces images sont toujours très sérieuses, et que, dans aucun livre de cette haute antiquité, vous ne trouverez jamais la moindre raillerie sur le grand objet de la génération. Quand la luxure est condamnée, c'est avec les termes propres; mais ce n'est jamais ni pour exciter à la volupté ni pour faire la moindre plaisanterie. Cette haute antiquité n'a ni de Martial, ni de Catulle, ni de Pétrone.

d'osée, et de QUELQUES AUTRES EMBLÈMES.

On ne regarde pas comme une simple vision, comme une simple figure, l'ordre positif donné par le Seigneur au prophète Osée de prendre une prostituée, et d'en avoir trois enfans. On ne fait point d'enfans en vision; ce n'est point en vision qu'il fit marché avec Gomer, fille d'Ébalaïm, dont il eut deux garçons et une fille. Ce n'est point en vision qu'il prit ensuite une femme adultère par le commandement exprès du Seigneur, qu'il lui donna quinze petites pièces d'argent et une mesure et demie d'orge. La première prostituée signifiait Jérusalem, et la seconde prostituée signifiait Samarie. Mais ces prostitutions, ces trois enfans, ces quinze pièces d'argent, ce boisseau et demi d'orge, n'en sont pas moins des choses très réelles.

Ce n'est point en vision que le patriarche Salmon épousa la prostituée Rahab, aïeule de David. Ce n'est point en vision que le patriarche Juda commit un inceste avec sa belle-fille Thamar, inceste dont naquit David. Ce n'est point en vision que Ruth, autre aïeule de David, se mit dans le lit de Booz. Ce n'est point en vision que David fit tuer Urie, et ravit Bethsabée dont naquit le roi Salomon. Mais ensuite tous ces événemens de

I

Voy. les premiers chapitres du petit prophète Osée.

vinrent des emblèmes, des figures, lorsque les choses qu'ils figuraient furent accomplies.

Il résulte évidemment d'Ézéchiel, d'Osée, de Jérémie, de tous les prophètes juifs, et de tous les livres juifs, comme de tous les livres qui nous instruisent des usages chaldéens, persans, phéniciens, syriens, indiens, égyptiens; il résulte, disje, que leurs mœurs n'étaient pas les nôtres, que ce monde ancien ne ressemblait en rien à notre monde.

Passez seulement de Gibraltar à Méquinez, les bienséances ne sont plus les mêmes; on ne trouve plus les mêmes idées : deux lieues de mer ont tout changé1.

EMPOISONNEMENS.

Répétons souvent des vérités utiles. Il y a toujours eu moins d'empoisonnemens qu'on ne l'a dit; il en est presque comme des parricides. Les accusations ont été communes, et ces crimes ont été très rares. Une preuve, c'est qu'on a pris longtemps pour poison ce qui n'en est pas. Combien de princes se sont défaits de ceux qui leur étaient suspects en leur fesant boire du sang de taureau! combien d'autres princes en ont avalé pour ne point tomber dans les mains de leurs ennemis! Voy. l'article FIGURE.

Tous les historiens anciens, et même Plutarque,

l'attestent.

J'ai été tant bercé de ces contes dans mon enfance, qu'à la fin j'ai fait saigner un de mes taureaux, dans l'idée que son sang m'appartenait puisqu'il était né dans mon étable (ancienne prétention dont je ne discute pas ici la validité): je bus de ce sang comme Atrée et mademoiselle de Vergi. Il ne me fit pas plus de mal que le sang de cheval n'en fait aux Tartares, et que le boudin ne nous en fait tous les jours, surtout lorsqu'il n'est pas trop gras.

Pourquoi le sang de taureau serait-il un poison quand le sang de bouquetin passe pour un remède? Les paysans de mon canton avalent tous les jours du sang de bœuf qu'ils appellent de la fricassée; celui du taureau n'est pas plus dangereux. Soyez sûr, cher lecteur, que Thémistocle n'en mourut pas.

Quelques spéculatifs de la cour de Louis XIV crurent deviner que sa belle-sœur Henriette d'Angleterre avait été empoisonnée avec de la poudre de diamant qu'on avait mise dans une jatte de fraises, au lieu de sucre râpé; mais ni la poudre impalpable de verre ou de diamant, ni celle d'aucune production de la nature qui ne serait pas venimeuse par elle-même, ne pourrait être nuisible.

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