Le Peuple au citoyen Lamennais. [On “Le Livre du peuple” by F. R. de Lamennais.]

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Bohaire, 1838 - 146 pages
 

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Popular passages

Page 11 - ... qui lui est bon ou mauvais, utile ou nuisible, vit dans une dépendance absolue du prince, qui dispose de lui et de toutes choses comme il lui plaît. Servitude encore et misère. Quelques-uns ne reconnaissent que la force pour arbitre de la société; au plus fort le pouvoir, au plus fort le droit.
Page 6 - ... cette société presque uniquement composée du peuple, et qui ne subsiste que par le peuple, quelle est la condition du peuple? que fait-elle pour lui? Elle le condamne à lutter sans cesse contre des multitudes d'obstacles de tout genre qu'elle oppose à l'amélioration de son sort, au soulagement de ses maux; elle lui laisse à peine une petite portion du fruit de ses travaux ; elle le traite comme le laboureur traite son cheval et son bœuf, et souvent moins bien; elle lui crée, sous des...
Page 17 - ... vous créer dans l'ordre matériel une existence moins précaire, moins dure; à combattre la faim , à faire en sorte d'assurer à vos femmes et à vos enfants le nécessaire, qui ne manque, parmi toutes les créatures, qu'à l'homme seul. Or, pourquoi vous manque-t-il? Parce que d'autres absorbent le fruit de votre labeur et s'en engraissent. Et d'où vient ce mal? De ce que chacun de vous , privé dans son isolement des moyens d'établir et de soutenir une concurrence réelle entre le capital...
Page 13 - On vous parle du souverain, du prince, des pouvoirs publics : on vous abuse avec des mots. Je vous l'ai déjà dit, le souverain, c'est vous, c'est le peuple essentiellement libre. Le pouvoir, qu'il soit exercé par un ou plusieurs, dérive de lui. Simple exécuteur de la loi ou de la volonté du peuple, il n'a point d'autres fonctions.
Page 81 - ... si exclusivement l'administration des affaires de tous? Est-ce par zèle pour vos intérêts qu'ils vous en interdisent le soin? est-ce pour eux ou pour vous, pour votre avantage ou pour le leur, qu'ils réclament la domination? Si pour le leur, à quel titre, et d'où ce privilège? si pour le vôtre, ils vous jugent donc incapables de discerner vous-mêmes ce qui vous est bon ou mauvais? vous êtes donc des brutes, suivant eux!
Page 65 - Donc , à qui que ce soit qui osera se dire votre maître , répondez : Non. Ne vous laissez ni opprimer par les hommes de violence ni tromper par ceux qui vous prêchent la servitude au nom de Dieu , qui s'efforcent de vous plonger dans l'abrutissement de l'ignorance, et disent ensuite : Le peuple manque de lumières et de raison ; il ne saurait se conduire lui-même, il faut , pour son intérêt , qu'il soit gouverné.
Page 9 - ... sous leur dépendance. Mieux eût valu pour lui un complet esclavage. Car le maître au moins nourrit , loge , vêtit son esclave , le soigne dans ses maladies , à cause de l'intérêt qu'il a de le conserver. Mais celui qui n'appartient à personne , on s'en sert pendant qu'il ya quelque profit à en tirer, puis on le laisse là. A quoi est-il bon lorsque l'âge et le labeur ont usé ses forces ; à mourir de faim et de froid au coin de la rue.
Page 11 - Ils ont dit que tu étais un troupeau , et qu'ils en étaient les pasteurs : toi , la brute ; eux , l'homme. A eux donc ta toison , ton lait , ta chair. Pais sous leur houlette, et multiplie, pour réchauffer leurs membres, étancher leur soif, assouvir leur faim. Ils ont dit aussi que la puissance royale était celle d'un père sur ses enfants toujours mineurs, toujours en tutelle.
Page 13 - ... certaines classes privilégiées de l'autorité législative, qu'on en fait une attribution de la naissance ou de la richesse, il ya désordre et tyrannie; car l'association véritable est changée en domination. Les uns commandent, et pourquoi? les autres obéissent, et pourquoi? Qui a soumis ceux-ci à ceux-là? qui a dit à des frères : Vos frères se courberont sous votre main; soyez leurs maîtres et disposez d'eux et de ce qui est à eux, de leur travail et du produit de leur travail comme...
Page 80 - Même une goutle d'eau de la mer, on vous défend de la prendre ; elle est au fisc, elle n'est pas à vous. Vos maux, encore un coup , viennent des vices de la société , détournée de sa fin naturelle par l'égoïsme de quelques-uns , et jamais vous ne serez mieux tant que ceux-ci feront seuls les lois. Si vous aviez quelque chose à attendre d'eux, s'ils ne désiraient et ne cherchaient , selon la justice , que le plus grand bien de tous , s'élèveraient-ils au-dessus de tous?

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