Page images
PDF
EPUB

D

» la Saulzaie, contenant trois arpents sept vingtièmes, > dont il a plu à Sa Majesté d'accorder par arrêt du » Conseil, du 19 novembre 1721, et lettres-patentes » dûment enregistrées, la jouissance en faveur de la » Communauté de cette ville, avec faculté de l'employer » aux usages qui seront jugés les plus convenables au » bien de ladite ville;

D

>> Promettons et nous obligeons envers MM. les Maire et » Echevins et Communauté de cette dite ville, chacun pour » ce qui nous concerne, de faire construire à nos frais, » des deniers qui seront par nous fournis, sans répétition » vers ladite Communauté, les vingt-quatre maisons, » ensemble les quais d'entrée, les quais d'enceinte, les » cales et les rues mentionnés aux susdits plan, profils, » devis et élévations, qui ont été de nous paraphés, aux » clauses et conditions qui suivent, savoir:

D

» 1o D'exécuter lesdits plan, profils, devis et élévations, » selon leur forme et teneur, en ce qui concerne la » construction desdits quais, cales, rues et la façade » uniforme des maisons y mentionnées, sans réservation, parce que nous aurons la liberté de distribuer les » ouvrages de construction de l'intérieur des emplacements » desdites maisons, de la manière que nous jugerons à 雞 » propos.

[ocr errors]
[ocr errors]

» 2o De commencer à faire construire lesdits quais et » cales lors des basses eaux, de les continuer et de les parfaire dans le cours de six années consécutives, à » commencer dans l'année prochaine 1724, comme aussi » de faire prendre les fondations des façades et des murs mitoyens desdites maisons, à la hauteur desdits quais, » dans le même délai.

3o De payer annuellement à cette Ville et Communauté » le nombre de 84 de rente pour chacun desdits

[ocr errors]

vingt-quatre emplacements de maisons, revenant au » total à 10# de rente annnelle, pour dédommager » ladite Communauté de pareille somme qu'elle est tenue » de payer au domaine du Roi, suivant ledit arrêt du » Conseil, du 19 novembre 1721.

» 4o Au moyen duquel arrentement, nous jouirons » desdites vingt-quatre maisons en pure et pleine propriété, >> chacun pour ce qui nous concerne.

» Et, pour parvenir à l'exécution des clauses et >> conditions ci-dessus spécifiées, MM. les Maires et » Echevins de ladite Communauté prendront une délibé>> ration pour les agréer et ratifier, et s'obligeront à » faire démolir, aux frais de ladite Communauté, le » moulin Grognard, sans pouvoir prétendre aucun dé

dommagement vers nous, à cause de l'abandon dudit. » moulin, sauf à la Communauté à profiter des matériaux » qui proviendront de ladite démolition.

» Et, pour sûreté du présent traité de la cession à notre >> profit desdits emplacements spécifiés auxdits plan, devis » et élévations, MM. les Maire et Echevins se pourvoiront » au Conseil, à l'effet d'obtenir un arrêt portant homolo»gation des clauses et conditions ci-dessus. »

Cette soumission était signée de

MM. J.-C. Sauvaget,

Pierre et Jean Michel,

Charles Trochon,

Louis Jouanneaulx fils,

Grou,

De Beaulieu-Beloteau,

N. Valleton,

Pierre Charon,

Robin le jeune,

MM. Villesboisnet-Espivent,

Villettreux,

Pierre Bossinot,

Guillaume Bossinot,
Luc Shiell,

Sarrebourse-d'Audeville,

Berrouette,

G. Lecoq,

Joachim Darquistade.

Darquistade aîné,

Valery,

F. Marcorelle l'aîné,

Charles Gellée,

Rivière,

Goubert.

Comme on peut le voir, cette concession ne laissait au compte de la Ville qu'une seule charge, celle de l'abandon du moulin Grognard. Mais ce n'était point là une perte réelle pour la Communauté, car ce moulin, qui gênait la navigation et la liberté de passage au pont de la Belle-Croix, ne fonctionnait plus depuis déjà assez longtemps.

Le 6 août, les membres du Bureau de Ville se réunirent, et, à l'unanimité, ils donnèrent leur adhésion au traité, qui fut immédiatement transmis à l'Intendant général, chargé de solliciter l'arrêt approbatif du Conseil.

M. Feydeau de Brou, de son côté, ne mit aucun retard à l'expédition de toutes ces pièces, et le 30 août, un arrêt du Conseil venait homologuer et la délibération du Bureau de Ville et le traité lui-même.

Ainsi, l'affaire avait marché avec toute l'activité désirable, et aujourd'hui, bien certainement, avec tous nos rouages administratifs, pareille question ne se trancherait ni si facilement ni si promptement.

Cette solution fut, du reste, reçue à Nantes avec un vif sentiment de satisfaction. Le Maire adressa à ce sujet, à M. de Brou, les remercîments les plus chaleureux, et, de leur côté, les futurs constructeurs décidèrent qu'en reconnaissance du zèle déployé par l'Intendant général, son nom serait donné au nouveau quartier qui allait s'élever et qui serait ainsi appelé l'lle-Feydeau.

Gérard Mellier, lui aussi, reçut de- toute la population de vifs témoignages de gratitude. Aussi était-il fier et heureux d'un pareil succès. Dans sa correspondance, surtout avec M. de Brou, il ne cesse de témoigner le plaisir qu'il en éprouve. On y retrouve souvent ces mots : « Jamais l'on a fait à Nantes un ouvrage de cette impor» tance, aussi utile, aussi heureusement conduit, sans qu'il en coûte rien au Roi, au public et à la Commu»> nauté. »

[ocr errors]

Nous ne croyons pas utile, du reste, de reproduire le texte même de l'arrêt du 30 août, car il ne fait, en quelque sorte, que relater le traité et la délibération de la Communauté. Voici les seules considérations qui y étaient ajoutées :

Que la construction desdits quais est nécessaire pour » resserrer en cet endroit le lit de la rivière de Loire, » en rendre le cours plus rapide, et faciliter, par ce » moyen, le nettoiement du port, pour le bien de la » ville et du commerce; que, d'ailleurs, les maisons que >> l'on doit construire sur ce terrain augmenteront le » proche fief du Roi, à cause de la Prévoté de Nantes, » attendu que le terrain de ladite grève est situé sous » le même fief, qu'ainsi le sieur de Brou estime qu'il » y a lieu d'homologuer ladite soumission du 4 août, etc. »

Tout se préparait donc pour l'exécution du projet. Gérard Mellier surtout y dévouait toute son activité; la population

le secondait de ses sympathies, et les constructeurs euxmêmes ne semblaient demander qu'à marcher. Quelques jours seulement après la réception de l'arrêt, le 9 septembre, Mellier écrivait à M. de Brou :

« Les soumissionnaires ont déjà pris leurs mesures pour >> l'achat de tous les pilotis et de plusieurs autres matériaux. » Cet ouvrage ne languira pas entre leurs mains. Ils vont » nommer entre eux quatre directeurs et un caissier. Notre » Communauté n'a du reste d'intérêt que l'exécution de » notre traité, qui me paraît être en bon chemin. »

La fin de 1723 ne fut signalée que par deux incidents dont nous devons parler.

Les actionnaires prenaient, comme nous venons de le voir, toutes leurs mesures pour commencer leurs travaux au printemps 1724. En disposant leurs emplacements, ils reconnurent qu'un petit terrain, contenant le tiers d'un arpent, et contigu à celui cédé à la Communauté, leur devenait nécessaire. Ce terrain dépendait aussi du domaine; ils en demandèrent l'afféagement et offrirent d'en payer une rente annuelle de 3#, ce qui leur fut accordé.

L'autre incident présenta plus de gravité, car il mettait en suspicion la bonne foi et la délicatesse d'un membre de l'Administration elle-même.

Voici le fait.

Lorsque le maire Mellier se fut décidé à faire appel au public pour la soumission des vingt-quatre emplacements, une première réunion avait eu lieu à la Bourse, en présence de M. Grou, l'un des membres du Bureau de Ville. Les vingt-quatre soumissions furent immédiatement couvertes, et MM. Laillaud frères, architectes, avaient entre autres souscrits pour une action. Cependant, quelques jours plus tard, une seconde réunion des actionnaires eut lieu à l'Hôtel-de-Ville; MM. Laillaud n'y furent point appelés, et

« PreviousContinue »