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SUR LES MIRACLES.

CHAPITRE PREMIER.

Que l'on a soutenu de tout tems dans l'Eglise que les miracles ne prouvoient point par eux-mêmes la vérité du parti dans lequel ils s'étoient faits.

ÉTAT DE LA QUESTION.

C'ÉTOIT un principe communément reçu dans les premiers siecles de l'Eglise, que Dieu, dans sa colere, accordoit à des intelligences malignes le pouvoir de déranger les loix de la nature, et leur permettoit de travailler à la séduction de ceux qui n'étoient pas dignes de connoître la vérité et de parvenir au bonheur réservé pour les élus. Les Peres de l'Eglise trouvoient ce systême clairement fondé sur les saintes Ecritures, sur les prodiges des magiciens de Pharaon, et sur la défense que Moyse fit aux Israélites d'écouter ceux qui par des miTom. IV.

A

racles voudroient les engager à suivre d'autres Dieux que celui d'Israël ( 1 ).

Le nouveau Testament les confirmoit encore dans cette idée. Jésus-Christ y prédit qu'il s'élevera de faux christs et de faux prophetes qui feront de grands signes et de grands miracles (2), et saint Paul assure l'Ante-Christ sera revêtu de la toutepuissance, et qu'il séduira par ses prodiges et par ses miracles (3).

que

D'après ces principes, Origene soutenoit qu'il ne falloit pas régler sa croyance sur des miracles, qu'il falloit examiner auparavant si c'étoit Dieu ou les Démons qui les avoient opérés (4).

Tertullien prétendoit que les miracles de Jésus-Christ ne suffisoient pas pour le faire regarder comme le Messie, puisque les faux prophêtes en pouvoient faire de pareils (5). Lactance convenoit qu'on au roit pu prendre Jésus pour un Magicien

(1) Voyez Deuteronome chapitre XII.

(2) V. S. Mathieu chap. XXIV.
(3) Ep. II. Thessalon. chap. II.
(4) V. Origene C. Celse.

(5) V. Tertull. C. Marcion. III. chap. 3

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