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Un miroir, à nos yeux distraits,
Vient-il offrir quelque grimace?
Il ne faut pas briser la glace,

Mais, s'il se peut, changer nos traits.

Très est une particule augmentative, qui ne marche jamais seule, on ne la trouve qu'avec un adjectif ou un adverbe un attachement très-vif. Voltaire n'aimait point le très-humble et très-obéissant serviteur, encore moins l'honneur de l'être.

TRENTE, n. de n. TRENTE, géo.

La dixaine qui suit celle de vingt est trente (30). Les jeux du trente-un, et du trente et quarante ne sont que trop connus.

La ville de Trente, située sur la frontière du Tirol et des Etats de Venise, est fameuse par le concile qui s'y tint en 1545 et dura 18 ans.

Un greffier du parlement de Besançon, persuadé que ce concile n'avait pris le nom de Trente, que parce qu'il n'était composé que de trente prélats, écrivait toujours le concile de 30.

TRIBU, ant. TRIBUT s. m.

Tribu, chez les Juifs et chez les Romains, désignait la classe de citoyens à laquelle appartenait un individu. Les premiers avaient douze tribus; les seconds trentecinq.

Cette expression peut se détourner avec succès de son acception primitive.

Mais lorsqu'un chêne antique, ou lorsqu'un vieil érable,
Patriarche des bois, lève un front vénérable :

se rangeant ›

à l'entour,

Que toute sa tribu
S'écarte avec respect et compose sa cour.

DELILLE

Le tribut est une contribution volontaire ou forcée : les tributs publics; lever les tributs; offrir des tributs.

Un auteur, en dédiant son livre, offre le tribut de ses talens. Un amant qui envoie un bouquet, présente le tribut de sa tendresse. La mort même est un tribut qu'il faut payer à la nature.

Donnez les mêmes soins aux diverses animaux,

A ceux dont nos climats reçoivent les tributs,
Ajoutez, s'il se peut, d'étrangères tribus.

DELILLE.

TROIE, ant. TROYES, géo. TROIS, n. de n.

Sans l'enlèvement d'Hélène, et le siége que Troie soutint pendant dix ans, cette petite ville de l'Asie mineure, couchée, comme tant d'autres, dans la poussière, et perdue comme elles dans la nuit des siècles, nous eût laissé ignorer jusqu'à son nom.

Deux coqs vivaient en paix; une poule survint,

Et voilà la guerre allumée :

Amour, tu perdis Troie.

LA FONTAINE,

Troyes, chef-lieu du département de l'Aube, est assez agréablement située sur la Seine. L'ancienneté de Troyes, sa population, son grand commerce de coton, les hommes célèbres dont elle fut le berceau, lui donnent de l'importance aux yeux de la politique et de l'histoire.

Le nombre trois tient une place distinguée dans la fable. Les trois fils de Saturne commencent par se partager l'univers. Trois déesses rivales troublent l'Olympe pour une pomme. Sur la terre, trois Graces forment le eortége de la beauté. Dans les enfers :

Je vis d'abord notre portier Cerbère ;
De trois gosiers aboyant à-la-fois.

Il me fallut traverser trois rivières.
On me montra les trois soeurs filandières
Qui font le sort des peuples et des rois.
Je fus conduit vers trois juges sournois.
Qu'accompagnaient trois gaupes effroyables,
Filles d'enfer et géolières des diables:

Car, dieu merci, tout se faisait par trois.

VOLTAIRE.'

TROMPE, zoo, TROMPE, mus. TROMPE, v.

La trompe est donnée à certains insectes, pour atteindre et pomper les sucs qui les alimentent.

Elle est donnée à l'éléphant pour lui tenir lieu de main. Sa trompe, qui joint la force à la flexibilité, est pour lui une sorte d'organe universel, avec lequel il prend sa nourriture et défend son existence.

Les chasseurs et les guerriers connaissent également le son de la trompe, espèce de trompette. On embouche la trompe; on sonne de la trompe.

De Vénus même

La beauté suprême

Au chasseur qu'elle aime
Donne en vain des lois :

La trompe sonne;

Il part, l'abandonne,

Et sourd à sa voix,

Il est dans les bois.

Chasse de LAGARDE.

La signification du verbe tromper n'est que trop con

nue; je trompe, tu trompes, il ou elle trompe.

TROP, adv. TROT, s. m.

Trop marque l'excès. Un philosophe donnait pour une des meilleures maximes de conduite, ce mot plein de sens rien de trop. L'homme amoureux dit, qu'en amour seulement, le trop n'est pas assez.

Dans ces deux exemples, trop est plutôt substantif qu'adverbe.

C'est néanmoins sous ce dernier rapport qu'il est plus en usage discours trop long, plaisirs trop courts.

Le vrai peut quelquefois n'être pas de saison
Et c'est un très-grand tort que

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d'avoir trop raison.

RHULIÈRES.

Le trot est le pas que prennent les chevaux quand ils vont plus vite qu'à l'ordinaire; le grand, le petit trot.

TU, pron. TU, p. du v. TUE, v.

Tu est le second des pronoms personnels : tu m'aimes ; Eulalie, que me veux-tu?

Le participe du verbe taire, tú, est distingué par l'accent circonflexe du monosyllabe précédent. Je me suis souvent repenti d'avoir parlé, disait un ancien, et jamais de m'être tú.

Le prétérit de ce verbe est tús : je me tús, il se tût. La prononciation du verbe tuer, au présent et à l'impératif, se rapproche, devant une voyelle, de la prononciation des deux mots précédens.

Il se tue à rimer, que n'écrit-il en prose.

BOILEAU.

V.

VAGUE, s. f. VAGUE, s. m. VAGUE, adj. et v.

QUA

UAND les vents ou le seul mouvement périodique de la mer, en soulèvent les flots, ils en font des vagues. La était forte; un vaisseau battu des vagues.

vague

Les fleuves et les lacs ont aussi les leurs.

On dit, en poésie, le vague des airs; l'aigle planant dans le vague de l'air.

Ce mot, devenu adjectif, exprime un objet qui n'a pas de bornes fixes et déterminées des terres vaines et vagues; des idées vagues; une couleur vague.

Errer çà et là, se promener ou courir de côté et d'autre, à l'aventure, c'est vaguer: je vague, tu vagues. Il vague par les champs. Ce mot est de peu d'usage. VAIN, adj. VIN, s. m. VINGT, n. de n. VINT, v.

Vain appliqué aux personnes, exprime cet orgueil méprisablé qu'on nomme vanité.

Appliqué aux choses, il énonce leur peu de solidité.
Ecartons de vains discours; abandonne ce vain projet.

Vains mortels, que du monde endort la folle ivresse :
Ecoutez, il est temps, la voix de la sagesse.
ROUSSEAU.

Du mot vain pris dans la seconde acception, est venu l'adverbe en vain, inutilement.

Cette liqueur si douce et si dangereuse, qu'ont si bien chantée Anacréon, Horace, Chaulieu, a été proscrite par Mahomet : ce législateur a fait gagner à l'amour ce qu'il a fait perdre au dieu du vin; mais ses sectateurs ont-ils perdu ou gagné à cet échange?

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