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Les Grecs et les Romains ne prenaient cependant pas toujours ce mot en mauvaise part. « Ce nom

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dans son

origine, signifiait roi, et se donnait anciennement aux princes légitimes ». (ROLLIN, Hist. anc. tom. 2).

TOI,
, pron. TOIT, s. m.

Le second de ces mots exprime la couverture d'une maison. Toit de paille, toit de chaume. Il se prend en poésie pour la demeure même.

Toi est la seconde personne du pronom je ou moi. Dans la conversation, dans les lettres, toi suppose beaucoup de familiarité.

Dans les vers comme dans la prose soutenue, toi s'adresse indifféremment à Dieu, aux grands, aux belles, aux objets animés ou inanimés.

La chanson faite à Ermenonville sur vous et toi, n'est point encore oubliée. En voici un couplet :

Ce vilain vous, peint la froideur;

Ce joli toi, peint la tendresse.
Vous, souvent afflige le cœur:
Toi, bien placé, comble d'ivresse.
Vous, effarouche les amours;
Et toi, les ramène toujours.

TORS, adj. TORT, s. m.

L'adjectif tors dérive bien du verbe tordre, mais il n'en est pas le participe: celui-ci est tordu, tordue.

Tors signifie simplement ce qui a été tordu ou ce qui en a l'apparence: fil tors, coù tors. C'est ainsi que Voltaire, opposant le Moliniste au Janséniste, a dit :

Quand un suppôt de l'école d'Ignace

Trouve un cou tors de la grace efficace, etc.

Tort signifie en général ce qui est opposé à la justice, ou simplement à la raison.

Ce mot prend également une acception active ou passive on fait tort, on a des torts, on éprouve des torts, Si Grandisson est souvent ennuyeux, c'est que le héros de ce roman n'a jamais tort.

TORSE, s. m. TORSE, adj.

La sculpture appelle torse, ces fragmens de statue qui n'offrent plus que le tronc, sans tête, bras, ni jambes; ce torse est d'un bon maître.

L'adjectif torse est le féminin de tors : jambes torses, colonne torse.

TOUE, mar. TOUT, s. m. adj. adv. TOUX, S. fo

Faire aller un navire à la toue, ou le touer, c'est le faire avancer , par le moyen d'un câble tiré à force de bras, ou d'un bateau à rameurs.

Tout est l'expression peut-être la plus bizarre de notre langue.

Il est d'abord substantif : le tout, un tout.

Comme substantif, il s'unit aux diverses prépositions : sur tout, par tout, après tout.

Adjectif, il précède son substantif, c'est déjà une singularité; tous les hommes, toutes les femmes.

Adverbe, il se joint indifféremment à un adjectif ou à un substantif: ce sont des soldats tout pleins de feu; ils sont tout de cœur ; cette personne est tout esprit. Alors il signifie, entièrement.

Il devient aussi particule augmentative: tout haut, tout bas, tout au plus, tout de suite, tout autant.

Mais voici la plus grande bizarrerie. Une femme dit :

je suis toute malade, et je suis tout étonnée; c'est-à-dire, que si l'énonciation du sentiment ou de l'impression qu'elle éprouve, commence par une consonne, tout se décline, et qu'il ne se décline pas, si c'est une voyelle.

Autres exemples. J'ai les oreilles tout écorchées de cette musique; j'ai les oreilles toutes charmées de cette symphonie. Elle arriva tout éplorée; elle retourna toute consolée.

Voici donc le même mot tour-à-tour adjectif et adverbe dans une seule phrase. Quelle en est la raison? Le caprice de la langue; caprice qui est ici d'autant moins ‹motivé, qu'il n'affecte que le genre féminin. En effet, au masculin et au pluriel vous diriez ils étaient hier tout inquiets de cet événement ; ils sont aujourd'hui tout rassurés. Tout est ici indéclinable, quelle que soit la lettre qui suive.

La bizarrerie continue dans les circonstances où tout se transforme en une sorte de conjonction, et signifie quoique, encore que. Exemple : Tout habile qu'ils sont; toute raisonnable qu'elle est. Tout savans qu'ils paraissent; toutes folles que vous les croyez.

Ces inconséquences de notre langue peuvent fatiguer celui qui est jaloux d'écrire correctement; mais il s'y soumet, comme à un joug nécessaire, qu'il y a plus de faiblesse que de mérite à secouer.

Quand une humeur âcre embrasse les poumons, elle occasionne ce mouvement convulsif que caractérise le nom de toux. Toux violente, toux sèche.

de

Combien il dans le monde de beaux censeurs, a y beaux diseurs, qu'on pourrait comparer à ce charlatan 'enrhumé, qui vendait un remède infaillible coutre la

toux

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TOUR, s. f. TOUR, s. m. TOURS, géo.

Une construction élancée, carrée ou ronde, cn maçonnerie ou en charpente, est une tour. Les tours servaient autrefois à fortifier les villes. Le château des sept tours, à Constantinople, est la bastille de cette capitale. Tour, substantif masculin, est encore une de ces expressions parasites qui se glissent par-tout.

Le tourneur, le potier, l'orfèvre, beaucoup d'autres professions, se servent de tours, de forme et d'usage différens. Les couvens de religieuses avaient aussi leurs

tours.

L'homme curieux court admirer les tours de Comus et de Pinetti. L'homme oisif aime à faire un ou deux tours de promenade. Le joueur fait quelques tours de brelan ou de reversis.

Dans la société, on joue des tours màlins à l'un; et celuici, à son tour, joue de méchans tours à quelque autre. Dans les tribunaux, les affaires prennent un bon ou un mauvais tour; dans les cérémonies, chacun passe à

son tour.

Il y a un certain tour de visage qui plaît généralement. Il y a de même un tour d'esprit qui réunit les suffrages. Souvent Bossuet nous enlève par la hardiesse de ses tours oratoires, tandis que Racine nous séduit par la magie de ses tours poétiques.

En vain vous me frappez d'un son mélodieux :
Si le terme est impropre ou le tour vicieux,
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.

BOILEAU.

Tours, grande ville de France sur la Loire. Elle est

fameuse par ses soieries et ses pruneaux. La nature y plaça le berceau de Destouches.

v.

TOURNON, géog. TOURNONS, v.

Deux ou trois villes ou bourgs de France portent le nom de Tournon. La plus considérable est sur le Rhône, à vingt lieues au-dessous de Lyon.

Le verbe tourner fait, à la première personne de son pluriel, nous tournons.

TRAITS, s. m. TRÈS, particul.

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Voilà encore un de ces mots qui, par la fécondité de leurs applications, accusent la stérilité de notre langue les traits du visage, pour exprimer ses linéamens; les traits des chevaux, pour désigner les courroies qui assujettissent les chevaux à l'équipage : l'art d'écrire a ses traits de plume; le dessin a ses traits de crayon; les traits d'éloquence charment l'esprit; la mémoire s'enrichit de traits d'histoire; on va d'un trait; on boit à longs traits. Le joueur d'échecs donne le trait; l'écolier se plaît à des traits de malice. Tel mot est un trait de lumière; tel événement est, pour le dévot, un trait de la grace.

Sous le rapport de flèches, Apollon perce de ses traits le serpent Python; Diane accable sous ses traits les monstres des forêts; la Fortune, le Temps, la Mort, s'arment de traits contre les faibles humains : l'Amour, sur-tout, lance sur les cœurs des traits plus ou moins dangereux.

Voltaire, ne pouvant souffrir que la critique s'exerçât sur ses ouvrages, aimait encore mieux déchirer ses censeurs que de se corriger; on lui envoya ce quatrain :

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