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Oui se prend quelquefois substantivement: le oui et le non. Quand on a prononcé ce malheureux oui.

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Il est certain, dit Thomas Corneille sur les remarques de Vaugelas, que tous les mots qui précèdent » oui, doivent se prononcer comme si oui avait une h consonnante (1) ou aspirée au commencement ».

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Il en conclut qu'il faut plutôt écrire ce oui, comme

il

se prononce, que cet oui n. Et il a raison. L'o prend alors la valeur du ḥ aspiré, et empêche l'hiatus.

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Ah! ce oui se peut-il supporter,

Et sans un mal de cœur saurait-on l'écouter?

MOLIÈRE, dans les Femmes Savantes.

OUTRE, s. f. OUTRE, prép.

La destination de l'outre est de contenir les fluides. On la fait avec des peaux de bouc, préparées dans cette intention. Une grande outre; des outres pleines d'huiles.

Eole, par amitié pour Ulysse, avait, selon la fable, enfermé les vents dans des outres, et il les lui avait confiés ; mais la curiosité des compagnons du roi d'Ithaque ayant percé les outres, les vents se déchaînèrent, et la flotte fut jetée sur les côtes d'Afrique.

Outre est préposition; outre la somme qui lui était due, il reçut un présent considérable.

Outre est adverbe

gårdez-vous de passer outre. Outre est pronom : les guerres d'outre-Rhin; le bleu d'outre-mer est formé de la poussière du lapis.

(1) H dans cette citation est féminin. C'est en effet le genre qu'avaient alors les caractères de l'alphabet. On en fait aujourd'hui, des masculins. (Voy. le Diot. de l'Acad.)

P.

PADOU, s. m. PADOUE, géo.

CE ruban moitié fil, moitié soie, dont les femmes du peuple bordent le bas de leur jupon, et avec lequel les hommes lient leurs cheveux de derrière 9 a reçu le nom de padou, de la ville même de Padoue, où furent tissus les premiers rubans de ce genre.

Padoue est une ville d'Italie, faisant partie de l'état de Venise, peuplée de 40,000 individus, célèbre par son université, L'historien Tite-Live y avait pris naissance.

PAGE, s. f. PAGE, s. m.

Une page est le côté, la face que présente une feuille de papier. Une page d'écriture ; j'en ai lu deux pages. Le Grand Condé avait fait peindre à Chantilly les belles actions de sa vie ; mais celles où il avait montré peut-être le plus de talent, s'étaient passées dans le temps où il servait chez les Espagnols. L'Histoire les écrivait sur son livre ; et le prince de Condé, à genoux, déchirait les pages où elles étaient énoncées.

On donne le nom de pages à ces enfans de gentilshommes qui, dans les cours, sont attachés au service personnel des princes, et que ceux-ci font élover et placent ensuite dans divers régimens. Malin comme un page; des tours de pages.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs ;
Tout petit prince a des ambassadeurs,

Tout marquis veut avoir des pages.

LA FONTAINE,

PAIN s. m. PEINT, p. du v. PIN, bot.

Le pain est une nourriture si connue, qu'il est superflu de la définir.

Il est plus inutile encore de rappeler les diverses sortes de pain: cette nomenclature formerait à elle seule un dictionnaire. Pain tendre, pain bis.

Les épiciers ont des pains de sucre cire, des pains de savon.

des pains de

La botanique a des plantes qui portent ce nom : pain d'oiseaux, pain de pourccaux.

Ce qu'elle offre de plus précieux en ce genre, est l'arbre à pain, découvert par l'amiral Anson, dans l'île délicieuse de Tinian. Pendant le séjour qu'il y fit, on ne distribua pas de pain à son équipage; le fruit à pain en tint lieu. Pourquoi ne pas le naturaliser dans nos climats, où il deviendrait pour le pauvre, et surtout dans les temps de disette, un supplément salutaire à nos plantes fromentacées ?

Présent du verbe peindre; je peins, tu peins, il ou elle peint au participe, peint. Ce tableau est supérieurement peint.

Le printemps dans sa fleur sur son visage est peint.

BOILEAU.

Pin est un arbre résineux, qui conserve toute l'année sa verdure. On en compte plusieurs variétés, dans le nombre desquelles il en est un dont l'amande est bonne à manger.

Le pin figure à merveille dans les bosquets.

Les anciens avaient consacré le pin à Cibèle; et voici pourquoi c'est que dans son dépit elle avait métamorphosé en pin le jeune Atys, son amant, pour se venger

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de ce qu'il portait à Sangaride des hommages qu'elle se croyait uniquement réservés.

PAIR, qual. PAIRE, s. f. PERDS, v. PÈRE, s. m.

Pair veut proprement dire égal, (par, paris ). Aller de pair, être jugé par ses pairs.

Ce mot est devenu ensuite un nom de haute qualification: duc et pair, comte et pair de France. En Angleterre, la chambre des pairs est la chambre haute.

La réunion de deux choses destinées à s'assortir, forme une paire. Combien cette paire de gants? Il y a deux cents paires de pigeons dans ce colombier.

Paire est féminin, Cette expression admise dans le langage ordinaire, est exclue de la prose soutenue et des vers soignés ; et ce n'est qu'en un poëme badin, que Voltaire a pu dire : une paire d'amans.

Je perds, tu perds, il ou elle perd, sont au présent du verbe perdre; impératif, perds.

Iphigénie dit à Agamemnon :

C'est moi qui la première,
Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père.

OEnone dit à Phèdre :

Un père, en punissant, madame, est toujours pered

Les docteurs de l'église en sont appelés les pères. Le savoir et le mérite de Bossuet lui ont mérité le titre de dernier père de l'église.

On dit aussi les pères du désert, en parlant des solitaires de la Thébaïde.

PAL, s. m. PALE, s. f. PALE, adj.

Le pal est un pieux aiguisé par un bout. Au pluriel, paux ou pals: l'Académie préfère le dernier.

Ce mot pal n'est guère nsité que dans le blason: science qui a toujours été bien frivole, et qui devient tous les jours plus inutile. Cette raison m'a fait écarter de ce recueil la plupart des termes qui lui appartiennent. La pale est dans les moulins, dans les usines, une pièce de bois longue, plate et carrée, qui, en se levant, détermine le jeu de l'eau sur les roues, et que l'on baisse poúr en modérer ou en arrêter l'action.

La pale est encore cette partie des rames qui frappe l'eau, cette partie de l'aviron qui entre dans la rivière. Dans pale, substantif, l'a est bref.

Il est long dans pále, adjectif de tout genre, qui exprime un défaut de couleur, ou un coloris peu animé. Le soleil est bien pâle aujourd'hui ; on devient pâle de colère, ainsi que de frayeur.

Les feux páles, les clartés sombres,

Sont le jour de la volupté.

SAINT-LAMBERT.

PALAIS, s. m. PALÈS, myth. PALET, s. m.

Une maison, quelque magnifique qu'elle soit, n'est point un palais. Ce mot donne l'idée d'une habitation aussi vaste qu'embellie, destinée à celui qui occupe une place éminente, ou dont la dignité exige de grands et de nombreux alentours.

Le palais de l'empereur de la Chine, si l'on en croit le jésuite Attiret, est aussi considérable que la ville de Dijon.

Rarement les palais sont le séjour de la félicité.

Linant, poète qui serait plus connu s'il eût été moins paresseux, était à Cirey, précepteur du fils de la célèbre Emilie du Châtelet. Il adressa un jour cet ingénieux quatrain à la dame du château :

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