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Ces deux métiers sont pleins d'attraits.
La guerre au monde est un peu chère;
L'amour en rembourse les frais.

BOUFFLER 5.

FRANC, s. m. FRANC, adj.

Les Francs ou peuples de la Franconie, envahirent les Gaules, et donnèrent à ce vaste pays

leurs lois et leurs usages.

leur nom

2

De-là, France, Français, et franc, monnaie qui vaut

vingt sous.

On doit soixante mille francs,

On prend femme de soixante ans :

C'est ce qui vous désole.

Le jour où vous vous mariez,

Tous vos créanciers sont payés,

C'est ce qui vous console.

Franc, dont le féminin est franche, se prend en des sens bien divers.

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D'abord par opposition à la servitude, un homme est franc, ses héritages sont francs.

Franc tient à la véracité, à la franchise, au non-mélange. Je vous le dis tout franc; son vin est franc comme son cœur; l'arbre qui n'a pas été greffé se nomme franc.

Franc est augmentatif : c'est un franc menteur,

sont de francs libertins.

се

Le franc-moineau est aussi cher à l'Amour que les colombes à Vénus.

FRANÇOIS, nom de peuple. FRANÇOIS, n. p.

Jusqu'à l'arrivée de Catherine de Médicis en France, jamais cette diphthongue oi ne s'était prononcée au» trement que comme nous faisons dans roi, dans ex

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ploit; mais les Italiens, dont la cour fut inondée, n'ayant pas ce son dans leur idiôme, voulurent y substituer le son de l'e ouvert ; et bientôt leur prononciation, affectée par le courtisan, pour plaire à la reine, fut adoptée par le bourgeois. On n'osa plus > selon un auteur contemporain, dont voici les termes, dire François et Françoise, sous peine d'être appelé pédant: mais faut dire, Françès et Francèse, comme Anglès et Anglèse (D'OLIVET, Rem. 10, sur Racine).

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L'ancienne prononciation reprit faveur sous Louis XIV. Il aimait qu'on prononçât François à pleine bouche, comme Gaulois; et peut-être l'envie seule de faire leur cour, a-t-elle engagé Racine et Boileau à faire rimer François avec exploits et lois.

Quoi qu'il en soit, François ne rime plus aujourd'hui qu'avec essais, succès; et lois, choix, ne s'accolent à la fin du vers qu'avec le nom propre François : François, d'Assise, François de Sales, François premier.

François n'est pas seulement le nom d'un peuple, ik est celui de sa langue; et l'on en fait à volonté un substantif ou un adjectif : le françois est difficile à bien ap¬ prendre connaissez-vous les synonymes françois ?

Voltaire , pour distinguer François nom d'homme, de François nom de peuple, écrivait celui-ci par un a, et il avait raison. On a eu raison de même d'imiter son orthographe, toutes les fois qu'oi prend le son d'ai.

Le Siége de Calais, tragédie de Dubelloi, eut dans les commencemens un très-grand succès. Cette pièce offre en effet quelques situations intéressantes; mais elle est écrite sans correction, et la langue n'y est pas assez respectée. Le duc d'Ayen en parlait mal. Est-il vrai, lui

dit un jour Louis XV, que vous n'aimez pas le Siége de Calais? je vous croyais meilleur François. Ah! sire, répondit le malin courtisan, je voudrais qu'il fût aussi bon François que moi!

FUME et FUMES, v.

Le verbe fumer est actif, neutre et impersonnel : un matelot fume du tabac, tandis que son camarade fume des langues ou des jambons.

Une chambre fume, la tête fume dans la colère.
Il fume dans un appartement.

Le prétérit du verbe être forme ainsi la première personne de son pluriel : nous fumes. A peine fûmesnous sortis du port, que nous fúmes assaillis par la tempête.

FUMÉE , p. du v. FUMÉE.

FUMÉE, phys.

Une terre bien fumée est celle où l'on a répandu des engrais, du fumier.

Une langue, une chair fumée est celle qui a été exposée à la fumée plus ou moins long-temps.

La fumée est ce fluide qui s'échappe d'un feu clair ou couvert point de fumée sans feu.

L'ivrogne est malade des fumées du vin; le chasseur revoit avec plaisir les fumées de la bête.

Orateurs, versificateurs, écrivains, vous tous qui courez après la gloire, méditez ces vers d'un poète philosophe :

Tout ce fatras fut du chanvre en son temps;

Linge il devint par l'art des tisserans,

Puis en lambeaux des pilons le pressèrent;
Il fut papier. Cent cerveaux à l'envers

De visions. à l'envi le chargèrent.

Puis on le brûle, il vole dans les airs,
la gloire.

Il est fumée, aussi bien que

De nos travaux, voilà quelle est l'histoire
Tout est fumée, et tout nous fait sentir
Ce grand néant qui doit nous engloutir.
VOLTAIRE, Guerre de Genève.

FUT, v. FUT, architect.

Prétérit du verbe être : je fus, tu fus, il ou elle fut. Imparfait du subjonctif : que je fusse, que tu fusses, qu'il ou qu'elle fût. Ici l'accent circonflexe est nécessaire; le prétérit n'en veut pas.

La partie d'une colonne qui se trouve entre la base et le chapiteau, en est le fût.

On dit familièrement que le vin, qui a une odeur de tonneau, sent le fut; et ce mot se prend là pour futaille.

G.

GAI, adj. et adv. GUÉ, s. m.

N'EST 'EST pas gai qui veut. On remarque depuis longtemps que le nombre des gens gais diminue. A qui s'en prendre? A l'ennui que la philosophie accrédite : « L'ennui, ce triste tyran des ames qui pensent, contre

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lequel la sagesse peut bien moins que la folie ».. (BUFFON.)

Gai, prend un e au féminin: une personne gaie.

Gai est aussi une particule adverbiale, dont l'intention se dirige à la joie : allons gai! On en a fait le refrain de beaucoup de chansons. Celle de Molière est

connue:

J'aime mieux ma mie, oh gai?

J'aime mieux ma mie.

Bernis a placé ce mot à la fin d'un joli couplet moins répandu :

Les Muses, à Cythère,

Faisaient un jour

Un éloge sincère

De Pompadour.

Le trio des Graces sourit,

L'Amour applaudit,

Et Vénus bouda.

Oh gai! lon la, bergère,

O gai! lon la.

Une rivière se passe à gué ou au gué, lorsqu'on peut la traverser à pied ou à cheval sans nager : les eaux sont trop grandes pour que les gués soient praticables. Les Anglais, avant la bataille de Créci, passèrent la Somme, au gué de Trinquetaille.

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