Page images
PDF
EPUB

Feuillet 273-274.

La page 274 contient, dans la première impression, entre la remarque: Il y a des vices (tome III, p. 17, no 15), et la remarque: L'on demande pourquoi (ibidem, no 16), qui sont les remarques 5 et 7 du chapitre de l'Homme dans la 1re édition, une autre remarque, qu'un carton devait bientôt faire disparaître. Voici le texte de cette réflexion, que l'on ne trouve plus que dans les cinq exemplaires de second état aujourd'hui connus :

Il y a des gens qui apportent en naissant, chacun de leur part, de quoi se haïr pendant toute leur vie et ne pouvoir se supporter.

Cette réflexion, que la Bruyère a supprimée au début de la vente, fut remplacée par la suivante, qui devait être transportée plus tard dans une autre partie du même chapitre (tome III, p. 38, no 81) :

Une grande âme est au-dessus de l'injure, de l'injustice, de la douleur, de la moquerie; et elle seroit invulnérable si elle ne souffroit par la compassion,

Le carton 274 n'apportait aucune autre variante, quoiqu'il ait été dit le contraire dans la Bibliographie des principales éditions originales d'écrivains français du XVe au XVIIIe siècle.

La réimpression de la page 273 a permis d'écrire en toutes lettres le mot dans, d'abord imprimé: das. La Bruyère proscrivait les abréviations, comme l'emploi des i et des u à la place des j et des v.

Feuillet 311-312.

Page 311, 3 alinéa, lignes 4 et 5 (tome III, p. 113, no 84, ligne 3), première impression: «< une grande erreur d'en attendre tout »; sur le carton: « une grande erreur de n'en attendre rien ». Il se rencontre des exemplaires où le relieur a omis de substituer le carton au feuillet primitif, et c'est d'après l'un de ces exemplaires qu'a été réimprimée la seconde édition.

Feuillet 317-318.

Page 317 (tome III, p. 90, no 25). Dans la première impression, 5e ligne, la remarque commence ainsi : « Ce prélat ne se montre point à la cour », et se termine, p. 317 et 318, par ces lignes : « et il est imitateur du zèle et de la piété des apôtres. Comment lui est venue, dit le peuple, cette nouvelle dignité ? »

Le carton porte : « Ce prélat se montre peu », leçon de toutes les éditions. Le texte de la page 317 ayant été resserré pour gagner un peu d'espace, la dernière phrase de la remarque a fait place à celleci: «Les temps sont changés, et il est menacé sous ce règne d'un titre plus éminent. »

Feuillet 333-334.

Page 333, ligne 5 (tome III, p. 220, no 2, ligne 9), première impression: «< celui à qui»; sur le carton: « celui auquel ».

A la première ligne de la page 333 prêche dans le feuillet primitif, presche dans le carton; à la ligne 6 de la même page plaît dans le feuillet primitif, plaist dans le carton; p. 334, 14° ligne, prêche dans le feuillet primitif, presche dans le carton.

Feuillet 353-354.

Page 354, lignes 12 et 13 (tome III, p. 254, no 36, dernière ligne), première impression: « Cette nature universelle à qui il puisse »; sur le carton: « à laquelle ».

En somme le total des cartons dont nous avons constaté la présence dans les volumes de troisième état est de vingt-quatre; deux des cartons de la première série y sont remplacés par deux cartons de la seconde, ce qui porte à 26, en définitive, le nombre des cartons que la Bruyère a fait tirer pour la première édition.

L'œuvre personnelle de la Bruyère, qui comprend onze cent vingt remarques ou caractères dans les deux dernières éditions originales, n'en compte que quatre cent vingt dans la première. Ce dernier chiffre ne concorde pas exactement avec le nombre des pieds de mouche placés en tête de chacune des remarques et les séparant les unes des autres ; mais deux de ces signes ont été omis, pages 315 et 334, en tête des remarques imprimées au tome III de notre édition, p. 89, no 23, et p. 225, no 8; cet oubli a été réparé dès la 2de édition.

Le Privilège, daté du 8 octobre 1687, qui permettait à Étienne Michallet, imprimeur du roi et marchand libraire à Paris, « d'imprimer ou faire imprimer, pendant dix années, un livre intitulé : les Caractères de Théophraste, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle », fut << registré sur le livre de la chambre syndicale des imprimeurs et marchands libraires de Paris le 14 octobre1. » L'impression de la première édition fut sans doute achevée au commencement de janvier 1688, et les feuilles durent être livrées dans le courant du mois au relieur, en même temps qu'un certain nombre d'exemplaires brochés étaient remis à l'auteur 2.

Henri Basnage annonçait la publication des Caractères dans son no de mars 1688 de l'Histoire des ouvrages des savants3, et le no de mai en contenait l'analyse et l'éloge. « L'auteur, écrit-il, qui nous a donné avec tant de succès les Caractères du siècle, qu'il a joints à sa traduction de Théophraste, y prévoyoit lui-même mille difficultés. »> Après avoir rendu compte du Discours sur Théophraste, où « l'auteur, dit-il, fait une comparaison des mœurs d'Athènes avec celles de nos jours, d'une manière qui ressent la liberté d'un républicain, » il aborde l'examen des Caractères, et conclut de la sorte :

<< Enfin il y a des maximes d'une grande force et qui sont tirées du bon sens et de la droite raison. Elles ne sont pas à la vérité toutes également bien développées, mais la vivacité de l'imagination ne souffre pas tant d'exactitude partout. Ce qu'il y a de singulier est qu'en parlant des vices, il caractérise certaines personnes par des traits qui marquent extrêmement. Par exemple, à propos de richesses, il montre comme au doigt les gens dont les aïeux seroient bien surpris de voir leur postérité enrichie de titres superbes, et revêtue de

1. Bibliothèque nationale, département des Manuscrits, Librairie, registres des priviléges. Le registre, par erreur, limite le privilége à huit années.

2. Voyez la Notice placée en tête des Caractères, tome II, p. 3 et suivantes. 3. Page 429: « Il paroît une traduction de Théophraste aves les Caractères des mœurs de ce siècle. » — Cette altération du titre (des mœurs pour ou les Mœurs) est très fréquente à cette époque. Comme on l'a vu ailleurs (tome II, p. 4), il résulte d'une lettre de Bussy, si la date imprimée en est exacte, que le livre n'était pas encore mis en vente le 10 mars. Il le fut peut-être quelques jours plus tard. Des exemplaires étaient en circulation depuis le mois de janvier.

4. Pages 102-109.

1 bis.

dignités dont ils n'auroient pas seulement osé envisager l'éclat. Il ne s'embarrasse point de désigner certains prélats qui accumulent sur leurs têtes d'immenses revenus de l'Église, et qui les engloutissent par une profusion sans bornes et des équipages mondains.... Une liberté si vigoureuse est bien rare aujourd'hui, et cette noble intrépidité fait juger que l'auteur est capable de mettre en usage les préceptes les plus sévères de sa morale. »

Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle. Paris, Michallet, MDCLXXXVIII. Se vend chez Jean Léonard, à Bruxelles, in-12.

Cette édition, publiée en 1688 à Bruxelles, et imprimée en petit texte, contient 28 feuillets préliminaires pour le Discours sur Théophraste, et 226 feuillets pour les Caractères, dont 73 pour ceux de Théophraste; un dernier feuillet est consacré au privilége accordé à Michallet, dont le nom, comme on l'a vu, précède celui de Léonard au bas du titre. Il est vraisemblable qu'un traité était intervenu entre Michallet et Léonard. C'est sur la 1re édition de Paris, et sur un exemplaire ayant tous les cartons, qu'a été imprimée l'édition de Bruxelles. Les fautes indiquées par l'Errata de cette ire édition de Paris sont reproduites dans le texte.

Outre les notes de l'auteur et sans les en distinguer, Léonard a imprimé en manchettes des noms que la Bruyère avait soit indiqués par des initiales ou des étoiles, soit défigurés: p. 86, Hermès ou Mercure galant, en regard de « H** G** » (tome II, p. 44, no 46); p. 92, Varillas, Maimbourg, à côté des noms Dorilas, Handburg (tome II, p. 61, no 66); p. 96: Vignon, Colasse, à côté des lettres « V**, C** » (tome II, p. 70, no 24); p. 133, Barbin, en marge de Rabbin (tome II, p. 197, no 12, note 1; la Bruyère imprimera Barbin dans les éditions suivantes); p. 139, Versailles, à côté des étoiles ** (tome II, p. 212, no 14). L'édition de Léonard a été annoncée avec éloge par la Gazette de Hollande dans le numéro du 15 juillet 1688; il y est dit qu'elle est en vente chez les principaux libraires de Hollande.

2. Les Caractères de Théophraste, etc. Seconde édition. Paris, Michallet, MDCLXXXVIII, in-12.

Discours sur Théophraste, 30 feuillets non chiffrés; Caractères de Théophraste, p. 1-97; Caractères de la Bruyère, p. 99-308; plus deux feuillets distincts, l'un pour un Errata relevant les Fautes d'impression, l'autre pour l'Extrait du Privilège du Roy.

Cette édition suivit de près la ire, dont elle diffère peu. La Bruyère y a corrigé les fautes relevées dans l'Errata de celle-ci, reporté une remarque d'un chapitre à un autre (voyez tome II, p. 75 et 76, no 33, note 1, à la fin), modifié le texte d'une autre remarque (tome III, p. 17 et 18, no 16, note I de la page 18), et fait quelques retouches peu importantes; nous avons signalé la principale au tome III, p. 20, no 25, note 3.

De la re à la 2de édition, il s'est fait trois changements dans la distribution des pieds de mouche en tête des alinéas. Dans notre examen de la re édition nous avons déjà parlé de deux alinéas auxquels la seconde rend ce signe typographique, qui aurait dû les accompagner dès la première (voyez p. 315 et 334 de la rre édition, et p. 263 et 282 de la ade). Le troisième changement est la suppression fautive d'un pied

de mouche (conférez les pages 201 de la rre édition, et 149 de la 2de): la 4e édition réparera cette omission. La deuxième édition des Caractères a reçu au cours de la vente deux cartons : l'un, p. 123, ligne 11, corrigeant une faute d'impression, substitue un fat à un fait; l'autre, p. 259, ligne 14, rétablit la variante de n'en attendre rien, qu'un carton avait introduite dans la première édition et dont cependant il n'a pas été tenu compte dans la réimpression de la seconde, composée sur un volume qui avait conservé la leçon d'en attendre tout.

Un grand nombre de volumes qui portent sur le titre les mots de seconde édition appartiennent à la troisième. Alors que la vente était déjà commencée, le titre fautif a été remplacé par un titre nouveau avec la mention: Troisième édition1. La composition n'étant pas la même dans les deux éditions, il est facile de distinguer les exemplaires de la troisième parmi ceux qui portent le titre de seconde édition.

Le tableau suivant (où la lettre A désignera la véritable seconde édition, et la lettre B celle qui, quel que soit le titre de ses exemplaires, est une troisième), contient les différences que l'on remarque tout d'abord entre elles et qui empêchent de les confondre.

[blocks in formation]

1. Un exemplaire de la 3e édition, ayant fait jadis partie de la bibliothèque de M. Daguin, aurait suffi à témoigner de l'identité de la seconde B et de la troisième : cet exemplaire avait reçu d'abord un feuillet portant le titre de « Seconde édition »>, feuillet qui a été remplacé par un autre avec le titre : « Troisième édition » ; le premier feuillet a laissé sur son remplaçant l'empreinte des mots : «< Seconde édition ».

2. L'Errata ne relève pas toutes les fautes. Voyez, p. 202, ligne 7 : « chose deues » ; p. 211, à la fin : « C'est là », etc.

Nous ferons remarquer, par surcroît, que la lettre ornée de la page 1 n'est pas la même dans l'une et l'autre édition, non plus que les fleurons ou culs-de-lampe des pages 103 et 105: le fleuron de la page 103 est composé d'ornements typographiques dans A, tandis qu'il est gravé dans B, où, en outre, le fleuron de la page 105 est d'une gravure plus fine que dans A. Enfin, l'édition B a omis non seulement un pied de mouche à la page 149 comme l'édition A (la pagination est la même dans les deux éditions), mais encore trois autres pieds de mouche, p. 110, 140 et 188: pures fautes de distraction qui ne se renouvelleront pas dans la 4e édition.

Et maintenant que l'on compare aux exemplaires de la seconde édition B ceux de la troisième, et l'on se convaincra qu'ils appartiennent à la même édition : le titre de la troisième est un carton substitué au titre de la seconde B. Même composition, mêmes signatures, mêmes fautes d'impression', mêmes lettres ornées, mêmes fleurons, hors un: le feuillet 3-4 est un carton dans la seconde B, et en est un autre dans la troisième; la disposition du fleuron typographique de la page 4 n'est pas la même dans l'un et l'autre carton. C'est la seule différence que j'aie remarquée.

De la seconde A à la seconde B ou plutôt à la troisième, il y a environ trente variantes à noter: elles sont indiquées au bas de notre

texte.

2 bis. Les Caractères de Théophraste, etc. Lyon, Thomas Amaulry, rue Merciere, au Mercure galant, M DC LXXX VIII, in-12.

Discours sur Théophraste, 30 feuillets non chiffrés; Caractères de Théophraste et Caractères de la Bruyère, 1-308; 1 feuillet pour le privilège.

Cette édition, qui est parfois présentée comme la réimpression de la re, est la reproduction, page pour page, de la seconde A, de la véritable seconde.

Un traité était intervenu entre Michallet et Amaulry, lequel a pris soin de donner le texte du privilège concédé à Michallet, et d'avertir le lecteur que Michallet lui en avait « fait part suivant l'accord fait

entre eux. »

Il s'est rencontré quelques exemplaires portant la date 1678 au lieu de 1688, et de la différence des dates on a conclu qu'Amaulry avait imprimé en 1688 deux éditions, celle qui est faussement datée étant la première. Bien que nous n'ayons pas eu l'occasion de comparer des exemplaires de l'une et l'autre date, il nous paraît certain qu'Amaulry n'a publié qu'une seule édition en 1688 et que le titre, imprimé tout d'abord avec une faute de date, a été presque immédiatement remplacé par un carton régulièrement daté. Le premier titre portait le nom seul de Michallet, accompagné d'un monogramme qui n'était pas le même que celui des éditions parisiennes. Peut-être Amaulry avait-il projeté tout d'abord de publier une contrefaçon, puis, se ravisant, avaitil fait un accord avec Michallet et réimprimé le titre avec une date rectifiée, son propre nom et son adresse.

Dans la Bibliographie des principales éditions originales d'écrivains français du XVe au XVIIIe siècle, p. 433, M. J. Le Petit signale à tort

1. Page 3 (non chiffrée) du Discours sur Théophraste, ligne 1, evamine; p. 13 du même Discours: Ansi; p. 123, ligne 14, merire, etc.

« PreviousContinue »