Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire. Il prenait bien son temps! une femme chantait: Après bien du travail, le coche arrive au haut: S'introduisent dans les affaires : Ils font partout les nécessaires, Et, partout importuns, devraient être chassés. 5 ΙΟ LA LAITIÈRE ET LE POT AU LAIT VII. ΙΟ Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait Prétendait arriver sans encombre à la ville. Légère et court vêtue, elle allait à grands pas, Cotillon simple et souliers plats. Tout le prix de son lait, en employait l'argent; D'élever des poulets autour de ma maison; S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon. 15 20 25 30 Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Quel esprit ne bat la campagne? Picrochole,127 Pyrrhus, la Laitière, enfin tous, Autant les sages que les fous. Chacun songe en veillant; il n'est rien de plus doux: Tout le bien du monde est à nous, Tous les honneurs, toutes les femmes. 128 Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi; Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant: 129 LE CHAT, LA BELETTE ET LE PETIT LAPIN VII. 16 Du palais d'un jeune Lapin Dame Belette, un beau matin, S'empara: c'est une rusée. Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée Elle porta chez lui ses pénates, un jour Qu'il était allé faire à l'Aurore sa cour Parmi le thym et la rosée. Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, 5 ΙΟ 15 20 25 30 La Belette avait mis le nez à la fenêtre. "O Dieux hospitaliers! que vois-je ici paraître? Que l'on déloge sans trompette, Ou je vais avertir tous les Rats du pays." La dame au nez pointu répondit que la terre C'était un beau sujet de guerre, Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant. Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi En a pour toujours fait l'octroi A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, Jean Lapin allégua la coutume et l'usage: ΙΟ 15 20 Un saint homme de Chat, bien fourré, gros et gras, 25 Jean Lapin pour juge l'agrée. Les voilà tous deux arrivés Devant sa majesté fourrée. Grippeminaud leur dit: "Mes enfants, approchez, 30 Grippeminaud,182 le bon apôtre, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, 35 Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre. Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois Les petits souverains se rapportants aux rois. LA MORT ET LE MOURANT VIII. I La Mort ne surprend pas le sage; Il est toujours prêt à partir, S'étant su lui-même avertir Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage. Dans le fatal tribut; tous sont de son domaine; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse : Un jour le monde entier accroîtra sa richesse. Et puisqu'il faut que je le die,138 5 IO 15 Un Mourant, qui comptait plus de cent ans de vie, 20 Elle le contraignait de partir tout à l'heure, Sans qu'il eût fait son testament, Sans l'avertir au moins. "Est-il juste qu'on meure 25 Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle! Vieillard, lui dit la Mort, je ne t'ai point surpris; 30 Tu te plains sans raison de mon impatience : Eh! n'as-tu pas cent ans? Trouve-moi dans Paris Deux mortels aussi vieux; trouve-m'en dix en France. Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis 35 J'aurais trouvé ton testament tout fait, Quand les esprits, le sentiment, Quand tout faillit en toi? Plus de goût, plus d'ouïe; Ou morts, ou mourants, ou malades: Il n'importe à la Republique Que tu fasses ton testament." La Mort avait raison. Je voudrais qu'à cet âge A des morts, il est vrai, glorieuses et belles, 5 ΙΟ 15 20 Le plus semblable aux morts meurt le plus à regret. 25 LES DEUX PIGEONS IX. 2 Deux Pigeons s'aimaient d'amour tendre: L'un d'eux, s'ennuyant au logis, Non pas pour vous, cruel! Au moins, que les travaux, Les dangers, les soins du voyage, Changent un peu votre courage. 35 |