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REALISM

The emotional and imaginative literature of the romantic period was followed by a realistic literature whose salient characteristics were a more or less accurate observation of contemporary life and manners, increasing interest in philosophy and scientific methods and achievements, and a striving for perfection in form, the cult of art for art's sake.

In the novel (and also in the drama), the meticulous reconstitution of the past was replaced by an equally meticulous observation of contemporary society. Balzac, still romantic in his complacent exposition of his own ideas and personality, produced la Comédie Humaine, which depicts the various generations succeeding each other in France during the first half of the nineteenth century, Mérimée, more restrained if less powerful than Balzac, continued the evolution of the novel from lyric effusion and riot of local color to analysis of character and the study of customs and "milieux," and made possible the impersonal realism that was completely achieved by Flaubert (Madame Bovary, 1857). Under the influence of Taine and Claude Bernard (Introduction à l'Etude de la Médecine expérimentale, 1865), Zola transformed the novel into a sort of psychological experiment, in which the novelist essays to determine how a given character will act under given conditions, and made more marked a tendency already noticeable in Balzac and Flaubert to depict by preference the lower classes or the disagreeable aspects of life. Following this example, Maupassant and, to a less degree, Daudet produced well documented but generally unpleasant studies of contemporary society, establishing a type of literature commonly called naturalism but more aptly termed by Doumic “la littérature brutale."

A similar evolution took place in the domain of poetry. The Parnassians repudiated almost entirely the romantic conception of poetry. They revolted against the effusive and immodest personal confidences of Lamartine and Musset (cf. Leconte de Lisle: Les Montreurs) and advocated, as did the realistic novelists, an impersonal conception of art. They sought perfection in form and maintained that a poem should have the elegance of an exquisitely wrought cameo or the pure beauty of a marble statue. (Cf. Gautier : L'Art.) Their poetry became, thus, less lyric and more realistic in character, objective rather than subjective. In their works are to be found scrupulously accurate descriptions of animals and of external nature (cf. Leconte de Lisle), evocations of scenes and personnages of antiquity (Heredia) and of Parisian popular life (Coppée), the development of philosophic ideas (Leconte de Lisle, Sully Prudhomme), the cult of beauty in poems whose charm lies in their effects of rime and rhythm (Gautier, Leconte de Lisle), and an occasional use of symbolism which anticipates Verlaine (Baudelaire). In a word, Parnassian poetry seeks to present subjects observed with scientific accuracy in a form that combines the arts of sculpture, painting and music.

BALZAC

(1799-1850)

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AVANT-PROPOS DE LA COMÉDIE HUMAINE

Walter Scott élevait donc à la valeur philosophique de l'histoire le roman. . . . Il y mettait l'esprit des anciens temps, il y réunissait à la fois le drame, le dialogue, le portrait, le paysage, la description; il y faisait entrer le merveilleux et le vrai, ces éléments de l'épopée, il y faisait coudoyer la poésie par 5 la familiarité des plus humbles langages. Mais ... il n'avait pas songé à relier ses compositions l'une à l'autre de manière à coordonner une histoire complète, dont chaque chapitre eût été un roman, et chaque roman une époque. En apercevant ce

, défaut de liaison ... je vis à la fois le système favorable à 10 l'exécution de mon ouvrage et la possibilité de l'exécuter. Quoique, pour ainsi dire, ébloui par la fécondité surprenante de Walter Scott, toujours semblable à lui-même et toujours original, je ne fus pas désespéré, car je trouvai la raison de ce talent dans l'infinie variété de la nature humaine. Le hasard 15 est le plus grand romancier du monde: pour être fécond, il n'y a qu'à l'étudier. La société française allait être l'historien, je ne devais être que le secrétaire. En dressant l'inventaire des vices et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événe- 20 ments principaux de la société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des mœurs. Avec beaucoup de patience et de courage, je réaliserais, sur la France au dix-neuvième siècle, 25 ce livre que nous regrettons tous, que Rome, Athènes, Tyr,

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Memphis, la Perse, l'Inde ne nous ont malheureusement pas laissé sur leurs civilisations. ..

.. Ce n'était pas une petite tâche que de peindre les deux ou trois mille figures saillantes d'une époque, car telle est, en définitif, la somme des types que présente chaque génération et 5 que la Comédie Humaine comportera. Ce nombre de figures, de caractères, cette multitude d'existences exigeaient des cadres, et, qu'on me pardonne cette expression, des galeries. De là, les divisions si naturelles de mon ouvrage en scènes de la vie privée, de province, parisienne, politique, militaire et de cam- 10 pagne. Dans ces six livres sont classées toutes les Etudes de mæurs qui forment l'histoire générale de la Société, la collection de tous ses faits et gestes, eussent dit nos ancêtres. Ces six livres répondent d'ailleurs à des idées générales. Chacun d'eux a son sens, sa signification, et formule une époque de la vie 15 humaine. . . . Les Scènes de la vie privée représentent l'enfance, l'adolescence et leurs fautes, comme les Scènes de la vie de province représentent l'âge des passions, des calculs, des intérêts et de l'ambition. Puis les Scènes de la vie parisienne offrent le tableau des goûts, des vices et de toutes les choses 20 effrénées qu'excitent les moeurs particulières aux capitales où se rencontrent à la fois l'extrême bien et l'extrême mal. Chacune de ces trois parties a sa couleur locale: Paris et la province, cette antithèse sociale a fourni ses immenses ressources. Non seulement les hommes, mais encore les événe- 25 ments principaux de la vie, se formulent par des types. Il y a des situations qui se représentent dans toutes les existences, des phases typiques et c'est là une des exactitudes que j'ai le plus cherchées. J'ai tâché de donner une idée des différentes contrées de notre beau pays. Mon ouvrage a sa géographie 30 comme il a sa généalogie et ses familles, ses lieux et ses choses, ses personnes et ses faits; comme il a son armorial, ses nobles et ses bourgeois, ses artisans et ses paysans, ses politiques et ses dandies, son armée, tout un monde enfin !

Après avoir peint dans ces trois livres la vie sociale, il 35 restait à montrer les existences d'exception qui résument les intérêts de plusieurs ou de tous, qui sont en quelque sorte hors de la loi commune: de là les Scènes de la vie politique. Cette vaste peinture de la société finie et achevée, ne fallait-il pas

la montrer dans son état le plus violent, se portant hors de chez elle, soit pour la défense, soit pour la conquête ? De là les Scènes de la vie militaire. ... Enfin, les Scènes de la vie de campagne sont en quelque sorte le soir de cette longue journée, s'il m'est permis de nommer ainsi le drame social. Dans ce 5 livre, se trouvent les plus purs caractères et l'application des grands principes d'ordre, de politique, de moralité.

MÉRIMÉE

(1803-1870)

MATEO FALCONE En sortant de Porto-Vecchio 484 et se dirigeant au nordouest, vers l'intérieur de l'île, on voit le terrain s'élever assez rapidement, et, après trois heures de marche par des sentiers 10 tortueux, obstrués par de gros quartiers de rocs, et quelquefois coupés par des ravins, on se trouve sur le bord d'un mâquis 485 très étendu. Le mâquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s'est brouillé avec la justice. Il faut savoir que le laboureur corse, pour s'épargner la peine de fumer son champ, 15 met le feu à une certaine étendue de bois : tant pis si la flamme se répand plus loin que besoin n'est; arrive que pourra, on est sûr d'avoir une bonne récolte en semant sur cette terre fertilisée par les cendres des arbres qu'elle portait. Les épis enlevés car on laisse la paille, qui donnerait de la peine à receuillir, les 20 racines qui sont restées en terre sans se consumer poussent, au printemps suivant, des cépées très épaisses qui, en peu d'années, parviennent à une hauteur de sept ou huit pieds. C'est cette manière de taillis fourré que l'on nomme mâquis. Différentes espèces d'arbres et d'arbrisseaux le composent, mêlés et con- 25 fondus comme il plaît à Dieu. Ce n'est que la hache à la main que l'homme s'y ouvrirait un passage, et l'on voit des mâquis si épais et si touffus, que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer.

Si vous avez tué un homme, allez dans le mâquis de Porto- 30 Vecchio, et vous y vivrez en sûreté, avec un bon fusil, de la poudre et des balles; n'oubliez pas un manteau brun garni d'un capuchon, qui sert de couverture et de matelas. Les bergers

vous donnent du lait, du fromage, et des châtaignes, et vous n'aurez rien à craindre de la justice ou des parents du mort, si ce n'est quand il vous faudra descendre à la ville pour y renouveler vos munitions.

Mateo Falcone, quand j'étais en Corse en 18 ... , avait sa 5 maison à une demi-lieue de ce mâquis. C'était un homme assez riche pour le pays; vivant noblement, c'est-à-dire sans rien faire, du produit de ses troupeaux, que des bergers, espèces de nomades, menaient paître ça et là sur les montagnes. Lorsque je le vis, deux années après l'événement que je vais raconter, 10 il me parut âgé de cinquante ans tout au plus. Figurez-vous un homme petit mais robuste, avec des cheveux crépus, noirs comme le jais, un nez aquilin, les lèvres minces, les yeux grands et vifs, et un teint couleur de revers de botte. Son habileté au tir du fusil passait pour extraordinaire, même dans son pays, 15 où il y a tant de bons tireurs. Par exemple, Mateo n'aurait jamais tiré sur un mouflon avec des chevrotines; mais, à cent vingt pas, il l'abattait d'une balle dans la tête ou dans l'épaule, à son choix. La nuit, il se servait de ses armes aussi facilement que le jour, et l'on m'a cité de lui ce trait d'adresse qui 20 paraitra peut-être incroyable à qui n'a pas voyagé en Corse. A quatre-vingts pas, on plaçait une chandelle allumée derrière un transparent de papier, large comme une assiette. Il mettait en joue, puis on éteignait la chandelle, et, au bout d'une minute, dans l'obscurité la plus complète, il tirait et perçait le trans- 25 parent trois fois sur quatre.

Avec un mérite aussi transcendant, Mateo s'était attiré une grande réputation. On le disait aussi bon ami que dangereux ennemi: d'ailleurs serviable et faisant l'aumône, il vivait en paix avec tout le monde dans le district de Porto-Vecchio. 30 Mais on contait de lui qu'à Corte, 486 où il avait pris femme, il s'était débarrassé fort vigoureusement d'un rival qui passait pour aussi redoutable en guerre qu'en amour: du moins on attribuait à Mateo certain coup de fusil qui surprit ce rival comme il était à se raser devant un petit miroir pendu à sa 35 fenêtre. L'affaire assoupie, Mateo se maria. Sa femme, Giuseppa lui avait donné d'abord trois filles (dont il enrageait), et enfin un fils, qu'il nomma Fortunato: c'était l'espoir de sa famille, l'héritier du nom. Les filles étaient bien mariées : leur

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