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VIII. ET DERNIÈRE ENTRÉE.

QUATRE GALANDS, cajolants1 la femme de Sganarelle.

Monsieur le Duc', M. le duc DE SAINT-AIGNAN3,
MM. BEAUCHAMP et RAYNAL*.

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2. Le duc d'Enghien, fils de Condé, qui (on l'a vu au tome III, p. 376) venait d'épouser Anne de Bavière.

3. Celui que Mme de Sévigné appelle le Paladin par éminence, l'honneur de la chevalerie, un grand original sans copie (tome III des Lettres, p. 439, et tome VIII, p. 63), François de Beauvillier, mort à soixante-dix-huit ans, en 1687. C'était un des ordonnateurs ordinaires des ballets, et il était, après le Roi, le protecteur de l'Académie de danse: voyez M. Fournel, tome II, p. 192 et 193, et la fin de la note 3 de la page 1984. On lui fait particulièrement honneur du vaste et brillant programme des Plaisirs de l'Ile enchantée, dont on trouvera deux relations ci-après, à l'Appendice de cette pièce des Plaisirs. Il est très-probablement aussi l'auteur d'une Bradamante ridicule qui venait d'être jouée par la troupe de Molière. Les frères Parfaict (tome IX, p. 242 et 243) se refusent à l'attribuer au duc de Saint-Aignan; il est pourtant difficile d'entendre dans un autre sens la note du Registre de la Grange qui dit, avec sa réserve ordinaire, et cette fois obligée, à l'égard d'un auteur que sa qualité condamnait à l'anonyme : « Le jeudi 10 janvier 1664, joué, dans notre salle au Palais-Royal, pour le Roi, la Bradamante ridicule, qui nous avoit été donnée et commandée de la jouer par M. le duc de Saint-Aignan, premier gentilhomme de la chambre, qui avoit donné cent louis d'or à la troupe pour la dépense des habits, qui étoient extraordinaires. » Outre cette représentation pour la cour, la Bradamante eut neuf représentations pour le public, et non cinq, comme disent les frères Parfaict. Le Roi, qui, cette année-là, se mêla de faire des vers, dit Mme de Sévigné (tome I, p. 456), apprenait du duc de Saint-Aignan et de Dangeau « comme il s'y faut prendre. » Racine allait bientôt (en octobre) lui dédier sa première tragédie.

4. Nous avons à ajouter ici deux ou trois renseignements à ceux qui ont été donnés dans la Notice. Le Mariage forcé, avec ses entrées de ballet et ses récits, fut choisi par le Roi en mai 1664 pour clore les divertissements de l'Ile enchantée (voyez ci-après, p. 232); c'en était, cette première année, la cinquième représentation à la cour. Après la reprise à la ville de 1668, il fut donné à Versailles vers la fin d'avril; peut-être, lors de cette représentation, fut-il encore accompagné de la même musique. Mais la Grange nous apprend

Nous avons parlé de l'Académie de danse au tome III, dans la seconde partie de la note 7 de la page 48.

b Voyez particulièrement ce qui est dit p. 109, p. 233, et p. 259. Registre de la Grange, p. 95.

(p. 135, et cela rectifie ce qui a été dit ci-dessus, p. 7) qu'en 1672 la comédie fut remise à la scène avec une musique toute nouvelle, non plus de Lully, mais de Charpentier : « Le Mariage forcé, qui a été joué avec la Comtesse d'Escarbagnas, a été accompagné d'ornements dont M. Charpentier a fait la musique et M. de Beauchamps les ballets, M. Baraillon les habits; et M. de Villiers avoit emploi dans la musique des intermèdes. » Molière alors était brouillé avec Lully, qui usait à outrance des priviléges obtenus pour son Académie royale : voyez au tome III (1874) de la Chronique musicale, l'article de M. Jules Bonnassies sur la Musique à la Comédie-Française (p. 57 et 58).

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NOTICE.

Les Plaisirs de l'Ile enchantée, parmi lesquels figure, ce qui surtout ici nous intéresse, la pièce de Molière intitulée la Princesse d'Élide, sont restés une des fêtes les plus célèbres de Versailles. Cette suite de divertissements, appelée ainsi du nom donné aux premiers et principaux, que reliait l'un à l'autre la fiction d'une sorte de grande féerie en trois journées, dura du 7 mai 1664 au 13 inclusivement. Une autre œuvre en perpétuera le souvenir, plus encore que la Princesse d'Élide : l'histoire littéraire ne laissera jamais oublier que, le 12 mai, avantdernier jour de cette semaine, Molière fit représenter, pour la première fois, devant ces invités de Louis XIV, trois actes du Tartuffe1.

Nous avons de toute la fête de l'Ile enchantée plusieurs relations d'abord la relation officielle dans la Gazette 2, puis

1. Outre le chef-d'œuvre inachevé, et la pièce nouvelle, la Princesse d'Élide, ébauchée tout exprès avec ses intermèdes destinés aux compositions de Lully, Molière fit encore jouer aux fêtes de Versailles les Fáchcux et le Mariage forcé; dès le premier jour, il eut à figurer en dieu Pan au haut d'une machine roulante et à réciter un compliment à la Reine : voyez ci-après, p. 122–124, p. 229, p. 231, et p. 232. Grâce à une récente publication de M. Émile Campardon, nous savons quelle a été la rémunération du concours presque journalier qui fut réclamé du poëte, du comédien et du chef de troupe. Indépendamment de la somme de 4000 livres donnée à Molière et à sa troupe conjointement, pour représentations et séjour (gratification déjà connue par le Registre de la Grange), une allocation particulière de 2000 livres fut accordée à l'auteur de la Princesse d'Élide: voyez les Nouvelles pièces sur Molière, publiées par M. Émile Campardon (1876), p. 41.

2. Numéro 60, daté du 21 mai 1664 et intitulé: Les Particularités des divertissements pris à Versailles par Leurs Majestés.

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