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au pillage, que se trouve le Mariage forcé, comédie, ballet et musique entremêlés. Comme on le verra, le manuscrit Philidor non-seulement offre quelques variantes et indications intéressantes, il a probablement sauvé toute une page de Molière, inédite jusqu'à la publication de M. L. Celler, et que notre édition des OEuvres est la première à recueillir.

C'est un bel in-folio, relié aux armes royales1; il est d'une écriture très-soignée ; il a 3 feuillets préliminaires et 89 pages. Le titre est celui-ci : « Le Mariage forcé, comédie et ballet du Roi, dansé par Sa Majesté le 29° jour de janvier 1664. Recueillie par Philidor l'aîné, en 1690. » Molière n'est pas nommé. Lully est suffisamment désigné dans l'épître dédicatoire Au Roi comme l'auteur de la musique. Après l'épître

de six volumes (les nos 17, 25, 26, 30, 54, 52 a). En 1856, M. Farrenc déplorait l'absence de quinze autres volumes (les nos 19, 22, 27, 37-43, 46, 50, 53, 55, 56). Enfin, en 1874, M. Wekerlin constatait publiquement une nouvelle perte de quatre volumes : du no 4 bis, du no 23 (qui « renfermait le ballet de la Princesse d'Élide, le Mariage forcé... » : de ce dernier il reste par bonheur une autre copie), du no 34 (qui « contenait les paroles des ballets de Pourceaugnac, des Jeux Pythiens, du Bourgeois gentilhomme, l'Accommodement de l'Amour et de Bacchus.... »), et du no 48. Deux autres volumes que M. Wekerlin croyait détruits en 1874 ont été heureusement retrouvés ou recouvrés depuis le no 33, qui, malgré des lacérations, contient encore George Dandin, et le no 47°, qui contient les Plaisirs de l'Ile enchantée.

1. L'étiquette imprimée suivante, qui a été collée sur la première page de l'ouverture, et qui se trouve de même dans la plupart des volumes, semble indiquer que Philidor avait repris possession du recueil d'abord offert au Roi : « Ce livre appartient à Philidor l'aîné, Ordinaire de la musique du Roi, et garde de tous les livres de sa Bibliothèque de musique, l'an 1702. »

2. Il ne peut y avoir de doute à cet égard : les deux autres col

a Un septième, qu'il disait également disparu (le no 54), a été retrouvé depuis. Article de la Revue de musique, 1856, p. 474-478.

• Deux, signalés aussi comme absents par M. Farrenc (les no 24 et 47), pour nous des plus intéressants, comme on en pourra juger dans ce volume même (à la Princesse d'Élide) et plus tard (au Sicilien), ont été retrouvés depuis (le premier non intact).

d Voyez le VI intermède des Amants magnifiques.

e Numéro déjà mentionné ci-dessus, note c.

et après l'argument général, vient la liste des personnages de la comédie presque seuls'; Philidor n'y a joint ni les noms des acteurs qui les jouaient, ni la liste des danseurs qui figuraient dans les entrées du ballet; et même, à la différence du livret de 1664, aucun de ces danseurs n'est nommé aux diverses entrées; mais aux deux récits, le copiste musicien n'a pas négligé de constater qu'ils avaient été chantés par Mlle Hilaire et par d'Estival. Les arguments particuliers, à peu près tels qu'ils sont rédigés dans le livret, se lisent en tête des scènes de la comédie, données intégralement; elles sont, comme dans le livret, distribuées en trois actes; le manuscrit en contient une, au début du IIIa acte, dont il n'y a pas trace dans le livret2. Quant à la partition, voici l'énumération et la place des morceaux dont elle se compose. Tout d'abord, avant la pre scène de la comédie, une Ouverture. Après le Ier acte, et sous le titre de 1er intermède : 1° une longue Ritournelle, et les deux couplets du Récit de la Beauté, séparés par la même ritournelle, qui a été recopiée en entier; 2° airs de danse pour la Ire et pour la II entrée, qui succèdent immédiatement au récit, entrée de la Jalousie, les Chagrins et les

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lections des Ballets de Lully, qui sont à la Bibliothèque nationale, contiennent également celui du Mariage forcé. Les honoraires payés à Beauchamp par Molière (voyez ci-après, p. 74, note 4) le furent sans doute au même titre que ceux qu'il reçut en 1671 pour avoir ordonné les danses et dirigé la musique, composée par Lully, de la tragédie-ballet de Psyché : « Dans le cours de la pièce (dit la Grange, cité par M. Marty-Laveaux au tome VII de Corneille, p. 285), M. de Beauchamp a reçu de récompense, pour avoir fait les ballets et conduit la musique, onze cents livres, non compris les onze livres par jour que la troupe lui a données tant pour battre la mesure à la musique que pour entretenir les ballets. » Quelques airs de danse du Mariage forcé néanmoins, et sans qu'il soit fait mention d'ailleurs de cette collaboration, pouvaient être de la composition de Beauchamp. Nous aurons l'occasion, dans ce volume même, de dire plus en détail qu'il fut l'auteur à peu près unique de la musique de ballet des Fácheux.

1. Entre tant de groupes et personnages du ballet, la liste ne mentionne que les Égyptiens de la IIIe entrée, le Magicien et ses Démons voyez p. 70, note 4.

2. La vie de la comédie: voyez ci-après, p. 82, note 2.

Soupçons, puis de quatre Plaisants ou Goguenards. — Après la scène i du IIe acte, ou, plus exactement mais par maladresse du copiste, après la 4o réplique de la scène iv (voyez ciaprès, p. 78, fin de la note 5 de la page 77), deux airs de danse pour la III entrée, de deux Égyptiens et quatre Égyptiennes.— Après le II* acte (après la scène avec les deux Bohémiennes), et sous le titre de II' intermède: 1o le Récit d'un Magicien chanteur (une basse), coupé par les réponses parlées de Sganarelle; 2o air de danse pour la IV entrée, d'un Magicien danseur qui fait sortir quatre Démons. Après le III et dernier acte (qui se termine avec la scène x de la comédie, scène I du ballet), il y a ce qu'à l'exemple de M. L. Celler on pourrait appeler un Divertissement final, bien que ce titre général ne se trouve pas sur la copie, mais seulement le titre de V entrée : c'était la grande entrée de la mascarade arrivant en masse « pour honorer les noces » de Sganarelle, et commençant par contraindre le marié à payer de sa ridicule personne. La musique comprend : 1° deux airs de danse, le premier avec cette indication: le Maître à danser; le second avec cette autre le Maître à danser montre cette courante à Sganarelle; à la suite de la courante, trois pages avec ce titre Concert espagnol, mais qui sont restées vides après avoir été réglées pour la musique, rappellent la place, et approximativement l'importance, d'un intermède dont le livret de 1664 nous a fait en partie connaître le programme1; 2o un Menuet pour deux Espagnols et deux Espagnoles (VI entrée du livret); 3° un Rondeau pour le charivari, et un deuxième Air pour les mêmes (VII entrée du livret); 4° une Gavotte pour quatre Galants cajolant la femme de Sganarelle, et une Bourrée pour les mêmes (VIII et dernière entrée du livret).

Au tome XXXII de la collection Philidor se trouve encore une copie du livret de ballet seul ce n'est qu'une transcription de l'imprimé de 1664, devenu sans doute déjà rare en 1705, date de la copie.

Nous n'avons rien vu non plus à relever, en ce qui concerne le texte de Molière, dans deux recueils manuscrits que

1. Voyez ci-après, p. 84.

conserve la Bibliothèque nationale et qui contiennent également la partition de Lully 1.

SOMMAIRE

DU MARIAGE FORCÉ, PAR VOLTAIRE.

C'est une de ces petites farces de Molière, qu'il prit l'habitude de faire jouer après les pièces en cinq actes. Il y a dans celle-ci quelques scènes tirées du théâtre italien2. On y remarque plus de bouffonnerie que d'art et d'agrément. Elle fut accompagnée au Louvre d'un petit ballet où Louis XIV dansa.

1. Voyez cependant ci-après, p. 81, note 2. 2. Voyez ci-dessus la Notice, p. 8 et 9.

PERSONNAGES'.

SGANARELLE.

GERONIMO.

DORIMÈNE, jeune coquette, promise à Sganarelle 2.

ALCANTOR, père de Dorimène.

ALCIDAS, frère de Dorimène.

LYCASTE, amant de Dorimène.

DEUX ÉGYPTIENNES3.

PANCRACE', docteur aristotélicien.

MARPHURIUS, docteur pyrrhonien ".

la

1. LES PERSONNAGES. (1675 A, 82, 84 A, 94 B.) — Acteurs. (1734.) Pour la distribution des rôles, voyez ci-après, p. 69 et 70, liste du ballet, et ci-dessus, p. 7, la Notice.

2. SGANARELLE, amant de Dorimène.

GERONIMO, ami de Sganarelle.

DORIMÈNE, fille d'Alcantor. (1734.).

3. L'édition de 1734 remplace DEUX ÉGYPTIENNES par deux BoHÉMIENNES, qu'elle met à la fin de la liste.

4. Sur ce nom, voyez ci-après, p. 3o, note 1, et sur celui de Marphurius, qui suit, p. 46, note 3. Nous remarquerons, en passant, que Molière cherche si peu à déguiser ses emprunts, qu'il cite même les noms propres inventés par ses prédécesseurs. Le docteur Pancrace de Gillet et le docteur Mamphurius de Boniface et le Pédant deviennent, dans des scènes analogues, le Pancrace et le Marphurius du Mariage forcé.

5. Le manuscrit Philidor ajoute : « La scène est dans une place proche de la maison de Sganarelle »; et l'édition de 1734: « La scène est dans une place publique.

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