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porte Barbette, devant l'hoste du mareschal d'Evreux, saillirent certaines gens embastonnez d'une maison, lesquels férirent* sur ledict duc d'Orléans, et le tuèrent, etc.

Extrait de l'Histoire de Louis XI (voyez la page 304), par

PHILIPPE DE COMINES, né en 1445, mort en 1509.

Il est vray que le roy nostre maistre avoit fait de rigoureuses prisons, comme cages de fer, et autres de bois, couvertes de plaques de fer par le dehors et par le dedans, avec terribles ferrures de quelques huict pieds de large, et de la hauteur d'un homme, et un pied plus. Le premier qui les devisa, fut l'évesque de Verdun, qui en la première qui fut faite, fut mis incontinent, et a couché quatorze ans.

SEIZIÈME SIÈCLE.

Extrait des Euvres de JEAN CALVIN, né à Noyon en Picardie en 1509, mort à Genève en 1564.

Connaissance de Dieu.

Si on cherche ignorance pour ne savoir que c'est de Dieu, il est vraysemblable qu'on n'en trouvera pas exemple plus propre qu'entre les peuples hébêtez et qui ne savent quasi que c'est d'humanité. Or, comme dit Cicéron, homme payen, il ne se trouve nation si barbare, ni peuple tant brutal et sauvage, qui n'ayent ceste persuasion enracinée qu'il y a quelque Dieu. Et ceux qui en tout le reste semblent bien ne différer en rien qu'avec les bestes brutes, quoyqu'il en soit retiennent tousjours quelque semence de religion. En quoy on void comment ceste appréhension possède les cœurs des hommes jusques au profond, et est enracinée en leurs entrailles.

Extrait des Essais de MONTAIGNE (voyez la note, page 157).

L'aucteur au lecteur: C'est icy un livre de bonne foy. Ie l'ay voué à la commodité particuliere de mes parents et amis : à ce que m'ayants perdu (ce qu'ils ont à faire bientost), ils y puissent retrouver quelques traicts de mes conditions et humeurs, et que par ce moyen ils nourrissent plus entiere et plus vifve la cognoissance qu'ils ont euë de moy.

Extrait de La vie inestimable du grand GARGANTUA, père de PANTAGRUEL, par FRANÇOIS RABELAIS, né en 1483, mort en 1553.

Éducation de Gargantua.

S'esveilloyt doncques Gargantua environ quatre heures du matin. Ce pendent qu'on le frottoyt, luy estoyt leue quelque pagine de la divine Escripture, haultement et clèrement, avecques pronunciation compétente *Férirent, frappèrent.

à la matière. Selon le propous et argument de ceste leçon, souventes foys se adonnoyt à révérer, adorer, prier, et supplier le bon Dieu, duquel la lecture montroyt la majesté et jugemens merveilleux...... Ce faict, estoyt habillé, pygné, testonné*, acoustré, et parfumé, durant lequel temps on luy répétoyt les leçons du jour d'avant, etc.

Extrait des Mémoires historiques de MARTIN DU BELLAY, né vers la fin du quinzième siècle, mort en 1559. Entrevue de François Ier roi de France, et de Henri VIII d'Angleterre, au camp drap d'or, en 1520

du

Le roy d'Angleterre festoya le Roy près de Guines, etc.......Le lendemain, le Roy devoit festoyer le roy d'Angleterre près Ardres, où il avoit faict dresser un pavillon ayant soixante pieds en quarré, le dessus de drap d'or frizé, et le dedans doublé de veloux bleu, tout semé de fleurs de lis de broderie d'or de Chypre, et quatre autres pavillons aux quatre coings, de pareille despence; et estoit le cordage de fil d'or de Chypre et de soye bleue turquine, chose fort riche; etc.

Extrait du LOYAL SERVITEUR†, ou Histoire du
Chevalier BAYARD‡.

Conseils de la mère de Bayard à son fils.

Le jeune Bayard, d'une joyeuse contenance, reçut la bénédiction de son père, et après alla prendre congé de tous les gentilshommes qui étoient là l'un après l'autre.

La pauvre mère étoit en une tour du château, qui tendrement pleuroit; car, bien qu'elle fût joyeuse de ce que son fils étoit en voie de parvenir, amour de mère l'avertissoit de pleurer. Toutefois, après qu'on .ui fut venu dire: "Madame, si vous voulez venir voir votre fils, il est tout à cheval, prêt à partir." La bonne gentille femme sortit par le derrière de la tour, et fit venir son fils vers elle, auquel elle dit ces paroles :

"Pierre, mon ami, vous allez au service d'un gentil prince: d'autant que mère peut commander à son enfant, je vous commande trois choses, tant que je puis, et si vous les faites, soyez assuré que vous vivrez triumphamment en ce monde et en l'autre.

"La première, c'est que devant toutes choses vous aimiez, craigniez et serviez Dieu, sans aucunement l'offenser, s'il est possible; car c'est celui qui nous a créés, c'est lui qui nous fait vivre, c'est lui qui nous

Testonner. Arranger les cheveux avec soin.

+ L'auteur anonyme de la Vie du Chevalier sans peur et sans reproche, et qu'on croit avoir été secrétaire de Bayard, s'est borné à prendre le titre modeste de loyal serviteur.

Bayard (Pierre du Terrail, seigneur de). L'un des plus célèbres guerriers dont la France s'honore. Il servit son pays sous les rois Charles VIII, Louis XII et François Ier.

sauvera, et sans lui et sa grâce ne saurions faire une seule bonne œuvre en ce monde. Tous les matins et tous les soirs recommandez-vous à lui, et il vous aidera.

"La seconde, c'est que vous soyez doux et courtois à tous gentilshommes, en ôtant de vous tout orgueil. Soyez humble et serviable à toutes gens. Ne soyez médisant ni menteur. Maintenez-vous sobrement quant au boire et au manger. Fuyez envie, car c'est un vilain vice. Ne soyez flatteur ni rapporteur, car telles manières de gens ne viennent pas volontiers à grande perfection. Soyez loyal en faits et dits. Tenez votre parole. Soyez secourable à pauvres veuves et orphelins, et Dieu vous récompensera.

"La tierce, que des biens que Dieu vous donnera, vous soyez charitable aux pauvres nécessiteux; car donner pour l'honneur de lui n'appauvrit jamais; et tenez de moi, mon enfant, que telle aumône pourrezvous faire, qui grandement vous profitera au corps et à l'âme.

"Voilà tout ce que je vous encharge. Je crois bien que votre père et moi ne vivrons plus guère. Dieu nous fasse la grâce à tout le moins, tant que nous serons en vie, que toujours nous puissions avoir bon rapport de vous."

Alors le bon chevalier, quelque jeune âge qu'il eût, lui répondit : "Madame, ma mère, de votre bon enseignement, tant humblement qu'il m'est possible, vous remercie, et espère si bien l'ensuivre, que, moyennant la grâce de celui en la garde duquel vous me recommandez, en aurez contentement; et, au demeurant, après m'être très-humblement recommandé à votre bonne grâce, je vais prendre congé de vous."

Alors la bonne dame tira de sa manche une petite boursette, en laquelle avait seulement six écus en or qu'elle donna à son fils. Et appela un de ses serviteurs, lui disant qu'il voulût prier le serviteur de` l'écuyer, sous la charge de qui il seroit, qu'il s'en donnât un peu de garde, jusqu'à ce qu'il fût en plus grand âge.

DIX-SEPTIÈME SIÈCLE.

Note.-C'est au dix-septième siècle que la langue française s'est fixée, c'est alors qu'elle parvint à ce degré de pureté, d'élégance et d'harmonie dont elle est redevable à la plume de Corneille, de Pascal (voyez la page 182), de Racine, de Bossuet (voyez la page 185), de Fénelon (voyez la page 1), et d'une foule de brillants écrivains, également célèbres. C'est donc ici que se terminent nos extraits du vieux langage et que vont commencer les morceaux choisis parmi les grands chefs-d'œuvre que la littérature française des trois derniers siècles a produits. Avant de renvoyer l'élève au texte de ce recueil et afin de rétablir l'ordre chronologique, qui ne pouvait être convenablement observé dans le corps de l'ouvrage, nous terminerons cette Introduction par une nouvelle table des matières, ou classification siècle par siècle de tous le auteurs qui y sont cités. Par là, nous espérons compléter utilement le plan que Dous nous sommes tracé en rédigeant cette compilation.

LISTE DES AUTEURS.

[Nota.-Les chiffres qui précèdent les noms indiquent les pages contenant les notices biographiques des auteurs, et les chiffres à droite indiquent les pages où commencent les extraits de leurs ouvrages.]

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DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.

[Les noms des auteurs vivants sont marqués d'un astérisque (*).]

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