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La langue tudesque est celle que parlaient les anciens Allemands, elle était fort différente de celle qu'ils parlent maintenant; on la parlait encore en France vers le commencement du ge siècle, où elle avait été introduite par les Francs et les Germains; mais la romane qu'on y parlait aussi, eut l'avantage sur la tudesque, et cette dernière ne fut plus en usage après le 10° siècle.

C'est aussi un terme de dénigrement, synonyme d'allemand. Čela est bien tudesque, bien grossier, bien rustique.

« Des manières naturelles et pourtant prévenantes, également éloignées de la rusticité tudesque et de la pantomime ultramontaine. » 1. J.

ROUSSEAU.

TUER, v. de l'allemand todten (faire mourir), dont les auteurs de la basse latínité ont fait tutare, qui se trouve dans le Glossaire dé Du Cange.

On a dit de Joseph Parrocel, peintre français, qui à excellé dans les batailles, qu'aucun peintre n'a su mieux tuer son homme.

Un homme d'esprit disait d'un musicien qui avait travaillé sur un mauvais poème, lequel tomba à la première représentation, qu'il avait eu un poète tué sous lui.

Toute la différence qu'il y a entre un bon et un mauvais médecin, disait un médecin célèbre, c'est que le bon laisse mourir, au lieu que le mauvais tue.

TUF, s. m. (tophus), pierre tendre et blanchâtre, qu'on rencontre la première quand on fouille la terre.

Ma foi! la cour m'ennuie;
L'esprit de ce pays n'est qu'en superficie ;
Sitôt que vous voulez un peu l'approfondir,
Vous rencontrez le tuf

RÉGNARD, le Joueur.

TUILE, s. f. du latin tegula, qui a la même signification. On dit de quelqu'un qui occupe l'étage le plus haut d'une maison, qu'il demeure sous les tuiles. Cette locution se trouve dans Suétone qui, en parlant d'Orbilius, dit Orbilius sub tegulis ha

bitare se fassus est. (Orbilius a avons qu'il logeait sous les tuiles. )

On reprochait à un poète d'èr logé près des tuiles. « C'est que, dsait-il, ayant commerce avec le dieux, il est juste que je lex épargne la moitié du chemin.»

De là sont dérivés le diminu. tuileau, tuilerie, tuilier.

TULIPOMANIE, s. f. Ce mot et de Ménage, qui dit avoir vu vend un seul oignon 300 pistoles.

TUMULTE, s. m. du latin tume! tus qui, selon M. Dacier, se dit p prement d'une sédition, d'une guem civile ou domestique.

« Je crois qu'ils vous écriver: pour moi, je prends les devants, n'aime point vous parler en tumuke. SÉVIGNÉ.

Le tumulte des passions.

« Le tumulte des flots. » CASTEL « Le tumulte des faux plaisirs e tourdissoit au licu de me satisfaire. DUCLOS.

TUMULTUAIRE, adj. du latin smultuarius (fait au milieu du tro | du tumulte, en désordre).

« Et pour empirer le cerven ces drogues tumultuaires et disser tieuses.» MONT. liv. 11, ch. 37.

« Le désir de s'éviter soi-même est la source de toutes les occupatio tumultuaires des hommes. » PASCAL

TUMULTUER, v. formé du latin multuari. Il se trouve dans la Satir Menippée. Il est à regretter, comm énergique et précis.

TUMULTUEUX, EUSE, adj. du la
tumultuosus (plein de trouble).
Fayez, tumultueux désirs,
Tyrans cruels que nous nommons plas

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Sur les bords de l'Euphrate abattu le turban? BOILEAU, Epitre au roi. TURBULEMMENT, d'une manière turbulente; cet adverbe, employé par d'Ablancourt, condamné par le P. Bouhours, défendu contre lui par Ménage, et adopté dans le Dictionn. de l'Acad. et dans les autres vocabulaires, ne parait pas encore tout-àfait accrédité.

TURCISME, s. m. mot forgé par Bossuet pour exprimer la religion turque.

TURELURE, refrain de chanson. On en a fait un nom féminin dans cette phrase familière : c'est toujours la même turelure, pour dire c'est toujours la même chose. C'est une onomatopée, et de la Monnoye pense que turelure, comme turelurelu, sont des mots faits exprès pour représenter le son de la flute.

Quand de ses feux un jeune cœur
D'un ton flatteur

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qui les imitèrent ensuite furent ap-
pelés turlupins.

Toutefois à la cour les turlupins restèrent,
Insipides plaisans, bouffons infortunés,
D'un jeu de mots grossier partisans surannés.
BOILEAU, Art poétique, ch. 11.

« Aultant en dict un tirelupin, » RABELAIS, prologue du 1er livre, pag. 45, in-8°, 1732.

« Rabelais écrivait beaucoup de mots suivant l'origine qu'il leur donnait. Persuadé que les turlupins de l'an 1372 avaient été ainsi nommés, parce qu'à la manière des cyniques auxquels on les comparait, il semblait qu'ils vécussent de lupins tirés par-ci par-là, il prit droit d'écrire relupins pour turlupins. » LE DUCHAT, sur Rabelais, note à l'endroit cité. f. plaisanteric fondée sur un mauvais jeu de mots. Pendant quelque temps on a vu régner en France le goût des turlupinades, et la cour même semblait être la source de cette corruption; mais Molière vengea le bon goût et la raison par les sanglantes railleries qu'il fit des turlupins et des turlupinades.

TURLUPINADE, S.

« Ne voulez-vous pas me défaire de votre marquis incommode? pen-sez-vous me le laisser toujours sur les bras, et que je puisse durer à scs turlupinades perpétuelles? MOLIERE, la Critique de l'Ecole des Femmes, sc. 1.

« Ne craignons pas, écrit Mme de Sévigné à sa fille, de nous permettre les turlupinades qui viennent au bout de nos plumes. »

Voltaire écrit en vers turlupinage.

TURLUT, s. m. sorte d'alouette ainsi nommée à cause de son chant. De là l'expression de société : « Faire ses turluts, ses jérémiades, son embarras. Mém. de Mme d'Epinay.

TURQUERIE, s. f. dureté, inflexibilité, avarice.

« Je te défie d'attendrir, du côté de l'argent, l'homme dont il est question. Il est turc là-dessus, mais d'une turquerie à désespérer tout le monde, etc. » MOLIÈRE, l'Avare, act. 11, sc. 5.

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quesque et barbare. » Contes d'Eutrapel, tom. 1.

TUTEUR, s. m. (tutari, défendre). « Il faut qu'un grand monarque soit, pour ainsi dire, le tuteur de sa postérité. » Le duc DE LÉVIS.

TUTOIEMENT, s. m. Il est formé des mots tu, toi, comme le verbe tuloyer.

«Si la distinction du vous et du toi cût été vraiment un symbole d'inégalité politique et civile, les rois, dit M. La Harpe, auraient tutoyé tout le monde; les cours de judicature, qui s'appelaient souveraines, auraient tutoyé tout le monde : on sait assez le contraire. Toute réflexion faite, il est à présumer que le vous à la place du toi, a commencé dans toutes les langues qui l'ont adopté, par être un mode d'urbanité, une marque de déférence sociale, de respect volontaire, qui de la cour aura passé dans toutes les conditions; et ce genre de politesse a produit successivement une foule de nuances si sensibles et si diverses, que le langage a été modifié de manière à ne pouvoir s'en passer, sans devenir méconnaissable et sans heurter violemment toutes les idées sociales. » Littérat. Séance des Ecoles normales, tom. IV, pag. 209.

« Un père, prévenu que son fils se propose de forcer son secrétaire pour y prendre de l'argent, et fournir aux dépenses que lui occasionne un fol amour, ouvre lui-même son secrétaire, y met en évidence une somme d'argent avec ce billet foudroyant adressé à son fils :

Puisqu'un amour infẩme a pour vous tant d'appas,
Qu'il vous fait renoncer à votre propre estime,
Je veux vous épargner un crime :
Acceptez, ne dérobez pas.

» Maintenant, substitucz le tu au vous, et voyez l'effet, ou plutôt le manque d'effet. Ce ne sera plus là le langage d'un père sévère et noble, d'un père justement indigné ; il semble que ce reproche paternel ne serait plus aussi touchant. » BENOIT LAMOTTE, élève de l'Ecole normale. Séance des Ecoles normales, Art de la Parole. 11 part. Débats, tom. ¡er, pág. 537.

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« Au temps où Corneille écrivant, on tutoyait au théâtre. Le tutoyement qui rend le discours plus serré, plus vif, a souvent de la noblesse et de la force dans la tragédie; on aime à voir Rodrigue et Chimène l'employer, Remarquez cependant que l'élégant Racine ne se permet guère le tutore ment que quand un père irrité parle à son fils, ou un maître à un confident, ou quand une amante emportée se plaint à son amant: Je ne t'ai point aimé, cruel, qu'ai-je donc fat?

Jamais Molière n'a fait tutoyer les amans. Hermione dit: ne devaispas lire au fond de ma pensée? Phédre dit: Eh bien! connais donc Phè dre et toute sa fureur. Mais jamais Achille, Oreste, Britannicus, etc. ne tutoyent leurs maîtresses. A plus forte raison cette manière de s'exprimer doit-elle être bannic de la comédie qui est la peinture de nos mœurs Molière en fait usage dans le Dept amoureux, mais il s'est ensuite cetrigé lui-même. » VOLTAIRE, Remer ques sur Corncille, le Menteur, comédie, act. u, sc. 3, à la note, let.

TYRAN, s. m. du latin tyrannus, fait sur le grec τύραννος (turannos Celui qui a usurpé la puissance soveraine, et encore prince légitim qui gouverne avec cruauté, et qu met sa volonté à la place de la loi

« Je crois, dit M. Dacier, qu'E> chyle et Archiloque ont été les premiers qui se sont servis de ce mot (túpavvos), qui n'était dans ces premiers temps qu'un nom de dignite, comme roi, prince. Les Latins se sont presque toujours servis de tyran en ce sens-là, Virgile, Horace, etc. Donat a même remarqué fort juste ment que tyran n'a commencé à être odieux que dans les derniers siècles, où il a été pris pour incubator imperu. pour un usurpateur, mais il faut 8 souvenir que Donat ne parle que de ce qui s'est fait chez les Latins; ca autrement, sa remarque serait fausse, puisqu'il est certain que chez les Grecs ce mot fut pris en mauvais, part bientôt après qu'il fut en usag Il serait facile de le prouver par Pla ton et par Isocrate. » Traduct. d H

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U, s. m. vingt et unième lettre de notre alphabet. La prononciation de l'u, telle que nous l'avons maintenant, vient, suivant les éditeurs du Dict. de Trévoux, de l'ancien gaulois.

Voltaire, dans son Dict. philos. prétend que les Grecs ont toujours donné à leur upsilon le son de notre u, comme l'avouent Calepin et Scapula à la lettre Upsilon, et comme le dit Cicéron dans son traité De Ora

tore.

«Il parait, dit Rollin, que l'upsilon des Grecs avait un son moyen entre J'u et l'i des Latins, et qu'il répondait à notre u français, usage, utile, et tel que nous autres Français nous le prononcons en latin, Dominus, lumen. Mais l'u des Latins répondait autrefois à l'ou des Français et à l' des Grecs: Dominous loumen. Les exemples le prouvent clairement. Quand les Romains avaient à écrire en caractères latins un nom grec qui avait, i's ne se servaient jamais que du simple u: Enixépos, Epicurus, Inductor, Pelusium, etc. Au contraire, toutes les fois que les Grecs voulaient écrire en lettres grecques

un

nom romain, ils rendiient l'u simple des Latins par : Isλdeos, Asxλ20s, la règle est constante. On n'aurait pas pu même faire autrement; car

U

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(fertilité). Ce mot, qu'on lit dans Montaigne : « Je ne doubte de la puissance et uberté de la nature, » liv. 11, ch. 37, cût été sans doute plus poétique que fertilité qu'on lui a substitué. Nous avons trop négligé notre langue poétique.

UBIQUISTE, s. m. du latin ubiquè (partout). Par ce terme on désignait, dans l'université de Paris, un docteur en théologie, qui n'était attaché à aucune maison.

Dans le style familier, il signifie un homme qui se trouve bien partout. Je donne à l'Intérêt le titre d'ubiquiste, Et je crois franchement que ce nom lui va bien. Le monde est son séjour, tout pays est le sien: Il est athée, il est déiste, Mahometan, juif et chrétien.

PANNARD.

ubiquité, s. f. présence partout. « Il n'y a que Dieu seul qui, en un instant, voye et cognoisse tout cest univers, et qui remplisse ceste tousiours présente ubiquité. » Cont. d'Eutr. tom. 1.

UISSET, s. m. petite porte. Voy.

HUIS.

ULCERER, . du latin ulcerare (faire une plaie, blesser); au figuré, irriter, faire naitre le ressentiment. «L'homme le plus juste, quand il est ulcéré, voit rarement les choses telles qu'elles sont. » J. J. ROUSSEAU.

ULTRAMONTANISME, s. m. D'ultramontain, adjectif, on a dérivé, dans ces derniers temps, ultramontanisme pour désigner ce système qui reconnaît la souveraineté absolue du pape. Les partisans de ce système forment ce qu'on appelle aujourd'hui le partiprétre.

Quelques auteurs modernes ont dit ultramontisme; mais le premier seul doit être admis à cause d'ultramontain.

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Avant qu'un noeud fatal l'unit à votre frère,
Thésée avait osé l'enlever à son père,
Vous savez, et Calchas mille fois vous l'a dit,
Qu'un hymen clandestin mit ce prince en son kt.
RACINE, Iphigénie, act. iv, sc. 4.

Vaugelas et Chapelain prétendent que l'on peut dire unir ensemble; et Vaugelas, dans ses Remarq. sur la lang. franç., pag. 160, cite pour exemple cette phrase de Coëffeteau dans la Vie d'Auguste : « Antoine et Lépidus s'étaient unis ensemble d'une façon assez étrange. »>

L'Académie, dans ses observations sur ces Remarques, approuve cette expression unir ensemble.

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Aujourd'hui, dit M. Chapsal, l'usage a fait raison de cette remarque de Vaugelas ; on dirait: Antoine et Lepidus s'étaient unis d'une façon assez étrange. Unir ensemble est une véritable périssologic, puisque le mot ensemble n'ajoute rien à l'idée exprimée par unir.» Dict. grammat. pag. 313.

UNISSON, s. m. (unus, sonus). « Il y a un certain unisson d'ames qui s'a perçoit au premier instant, et qui produit bientôt la familiarité. » 3.1.

ROUSSEAU.

URBAIN, AINE, adj. du latin urbanus (qui concerne la ville, qu appartient à la ville).

« Pour me tirer un peu de l'urbains cohue, je me rendis à la fin, et fus passer dix jours à Passy. » J. J. ROUSSEAU, Confessions, liv. vi.

Ce mot semble accrédité; quelques uns de nos premiers écrivains lui ont donné, comme Jean Jacques, des lettres de naturalisation; on en a fait constamment usage dans la traduction de Tite-Live, et personne ne la relevé.

Jean Jacques l'a employé aussi an substantif: « J'errai quelques jours autour de la ville, logeant chez des paysans de ma connaissance, qui tous me recurent avec plus de bonté que n'auraient fait des urbains. » Confer sions, liv. 11.

URBANITÉ, S. f. du latin urbanitas (élégance, manières de la ville, politesse). Ce fut Balzac qui mit ce mot en vogue, mais il n'en fut pas le créa

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