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On délibère, et le sénat, plus sage,
D'abord exclut les vulgaires appas,
Choisit encore, et bientôt se partage
Entre Junon et Vénus et Pallas.

IMBERT, le Jugement de Paris. Langues vulgaires, langues qu'on parle aujourd'hui, par opposition aux langues savantes ou anciennes.

VULGAIRE, s. m. le peuple, ceux qui n'ont pas plus de lumière que le peuple.

« Le vulgaire ne s'arrête qu'aux apparences, et il n'y a presque dans le monde que le vulgaire. » MA

CHIAVEL.

« Le vulgaire qui respecte des erreurs mystérieuses, mépriserait la vérité toute nue. » SAINT-ÉVREMONT.

« Ceux qui méprisent le plus le vulgaire sont souvent obligés de par

X

X, s. m. ics suivant l'ancienne ap- | pellation, xe, suivant la nouvelle; vingt-troisième lettre de l'alphabet. C'est le (xi) des Grecs.

« Je serais fort d'avis qu'on réformât cet abus (de mettre des x au lieu de s, tant pour marquer les pluriels que pour remplacer cette lettre s au milieu des mots), comme je vois par le passage de Robert Estienne qu'on avait commencé de son temps à le réformer, et qu'on n'employat l'x qu'aux endroits où il a sa prononciation ordinaire cs; comme en ces mots apoplexie, Alexandre, dextrément, veration, etc.; ou du gz, comme en ces autres : exhalaison, exalter, exercice, exil exorciser, etc. Et à ce propos, je veux bien remarquer en ce lieu, ce que j'ai ouï dire autrefois au savant M. Du

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ler et de paraître penser comme le vulgaire. » VOLTAIRE.

VULGARISME, s. m. VULGARITÉ, s. f. Ces deux mots sont nouveaux. L'historien du Gnosticisme (M. Matter) a employé le premier : « Aller un peu au-delà du vulgarisme des effets et des causes. » Tom. 11, ch. 7, pag. 498, 1828.

Vulgarité, défaut de ce qui est vulgaire, commun. « La vulgarité dans les manières. » мme DE STAEL.

VULNERABLE, adj. du latin vulnerabilis, qui peut être blessé. Les grands hommes ont toujours quelque endroit faible, par où ils sont vulnérables. Tout Achille a son talon. Ce terme est d'un usage assez rare, quoiqu'invulnérable soit fort usité.

Cange, que dans les manuscrits français, qui sont au-dessus de quatre cents ans, il n'y a guère que ces sortes de mots qui soient écrits par un x.» MÉNAGE, Observ. sur la lang. française, tom. 1, ch. 106.

« Il y a, dit Dumarsais, quelques adjectifs qu'il a plu aux maitres à écrire de terminer par un x, au lieu d'un s, qui, finissant en dedans, ne donnent pas à la main la liberté de faire de ces figures inutiles qu'ils appellent traits. Il faut regarder cet x comme un véritable s. Ainsi on dit, il est jaloux et ils sont jaloux, il est doux, ils sont doux, Tépoux, les époux, etc. L' final se change en aux, qu'on ferait mieux d'écrire aus, égal, égaus, verbal, verbaus, féodal, féodaus, nuptial, nuptiaus, etc. » Grammaire, tom. 11, pag. 178.

Y

Y, s. m. Cette lettre, la vingt-❘ quatrième de notre alphabet, est ainsi appelée, parce qu'elle nous vient de l'v (upsilon) des Grecs : aussi Rabelais, liv. iv, ch. 33, la nommet-il y grégeois.

« Ce caractère qui est proprement un i grec, ne se devait employer que dans les mots pris de la langue grecque. Cependant on est venu à s'en servir dans des mots purement français voici comme cela est arrivé. Quand dans l'écriture il se trouvait deux i de suite, et qu'ils étaient joints par une liaison, comme les écrivains ont accoutumé de joindre la plupart des lettres d'un même mot, il y avait à craindre qu'on ne les prit pour un u. Afin d'y remédier, on allongea la queue du second i, et l'on trouve encore beaucoup de livres latius, soit manuscrits, soit imprimés où les derniers i de flaminij, de Caij, sont plus longs

les autres. On en usa de même dans les mots de la langue française où l'on prononce deux i, comme dans moyen, loyal; et l'on allongea la queue du dernier de ces i et comme cela faisait une figure fort semblable à celle du véritable i grec, on les confondit ensemble et l'on nomma i grec ce qui n'était proprement que deuxi. Cette figure d'y étant introduite avec quelque raison dans le milieu des mots où il y avait mais deux i, a passé dans la suite, sans nécessité, à la fin des mots; et les écrivains qui l'ont vue dans les mots moyen, loyal, etc., l'ont mise dans moy, loy, etc. Cety, introduit dans la fin des mots, où il est inutile, puisqu'on n'y prononce qu'un seul i, a passé depuis dans les lieux où il non sculement inutile, mais

est

même vicieux, puisqu'il induit en erreur, comme en ces mots are, ayant, Dans ces mots il a causé de mauvaises prononciations: au lie de prononcer la première syllabe da mot ayez par un a tout simple, on la prononce comme s'il y avait un a et un i joints ensemble, et de li même manière que la première stlabe du mot aile. On ne tomberit pas dans ces inconvéniens, si l'en voulait bien écrire deux i dans les mots où on les prononce, et n'a écrire qu'un dans ceux où on n'en prononce qu'un. » L'abbé DE DANGEAU, Opuscules sur la langue française, pag. 94, Paris, 1754.

Quoique nous trouvions presque toujours y pour i à la fin des mots dans les auteurs qui ont précédé je 17e et même le 18e siècle, cependant Jacques Sylvius s'était déjà éist contre cet abus dès le commence ment du 16e siècle : les Fran dit-il, dans son Isagoge in zan gallicam, pag. 34, in-4°, Paris. 1531, ne doivent mettre l'y g qu'aux mots grecs écrits par 9, d écrire ami, roi, loi, non amy, 10, loy. Cette dernière réforme a eu les, et il y a plus d'un siècle que cette orthographe est la seule en usage.

Y, adv. du latin ibi (lì, dans ce licu), en retranchant la derniere syllabe; aussi nos pères l'écrivaintils par un simple i'; on lit dans Vie lehardouin « maint conseil i ot, pour y cut; dans J. Sylvius, eld de 1531, « il n'i est pas. »

Êtes-vous bien, tenez-vous-y
Et n'allez pas chercher midi
A quatorze heures.

YEUX. Voyez OEIL.

VOLTAIRE.

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Z, s. m. Cette lettre, qu'on prononce aujourd'hui ze et qu'on appelait autrefois zèd, tirait cette première dénomination des Grecs qui l'appelaient zéta. « Nous nommons, dit Ramus, cette lettre zet presque comme nos Gaulois qui l'avaient nommée anciennement zéta. »

Remarquons qu'anciennement le z se plaçait, au pluriel, à la fin des noms et des adjectifs terminés par un é, et suffisait pour conserver à l'é qui le précédait immédiatement le son aigu, sans le secours de l'accent qui reparaissait au pluriel féminin, où l'é aigu était suivi d'un e muet. On voit dans nos anciens auteurs les ainez, les fossez, les côtez, ics qualitez, les amitiez; les enfans nez, animez, obligez, etc., et les redoutes achevées, emportées, ruinées, etc. Le z devant l'e a encore conservé cette valeur, même au singulier, dans le monosyllabe nez ( nasus), et dans les secondes personnes des verbes vous avez, vous aimez, vous chanticz, etc.

ZÉLATEUR, s. m. ZÉLATRICE, s. f. Celui, celle qui agit avec beaucoup de zèle. a Audry remarque qu'on ne dit guère ce mot dans la conversation, mais qu'on s'en sert en écrivant Cicéron était un grand zélateur de sa langue. Boileau était un grand zélateur des anciens. Il ajoute que ce terme est beau, mais qu'on ne doit pas affecter de l'em

ZÈLE, s. m. du grec Clos (zélos) ardeur, dont la racine est ío ( zéó ) je brûle. Les dérivés sont zélateur, zélé.

De leur cèle brûlant l'ardeur se ralentit.

BOILEAU, le Lutrin, ch. vI.

Sully disait, en parlant de religion, que le zèle n'était souvent qu'un emportement déguisé.

On voit quelquefois ces gens, que le zèle de la maison du Seigneur dévore, finir par dévorer la maison du Seigneur.

ZÉLÉ, ÉE, adj. « Ceux qu'on honore du nom de zélés dans un parti, sont d'ordinaire appelés persécuteurs dans l'autre. » BAYLE.

C'est un zélé, se dit en mauvaise part.

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ZÉPHYR, s. m. du latin zephyrus, venu du grec ipupos (zéphuros) dont la racine est on (zoe) la vie, et ployer trop souvent de peur deyip (phéró) je porte, parce qu'il tomber dans le style précieux. Rẻ flex.-Zélateur ne se dit pas sans régime.» FÉRAUD, Dict. crit. de la lang. franç

On te verrait bientôt, docile imitateur,
Révérer avec joie un Mercure imposteur;
Chanter de Jupiter les divins adultères,
D'une infâme Vénus adorer les mystères;
Et vélateur outré de la religion,
Consacrer un autel à chaque passion.

Le P. MENARD, l'Athéisme confondu, poème.

ranime toute la nature.

Du Quesne demandait un jour à un officier de marine où étaient les vents? « Tout est calme, répondit l'officier; il n'y a que les zéphyrs qui se jouent légèrement sur les flots.Des zephyrs! Monsieur, reprit brusquement Du Quesne, apprenez que les zephyrs sont des j... f...... sur

mer. »

ZÉRO, s. m. caractère numérique.

Pauvre zéro, cache ta honte,
Disait un gros chiffre orgueilleux;
Pourrais-tu faire seul un compte?
Etro nul, fuis loin de mes yeux.

Je connais mon néant, grâces à ton injure,
Répondit l'humble creature,

Et sais bien que tu peux faire un compte sans moi;
Mais que je plains ton ignorance
Apprends que, placé près de toi,
Je décuple ton existence.

Quand Alcippe se présente,
Pourquoi tant crier haro?
Dans le nombre de quarante,
Ne faut-il pas un zéro ?

Cent faux braves contre un héros, Peu de lumière et beaucoup d'ombre : Bref, dans ce monde, des séros Feront toujours le plus grand nombre. On disait d'un homme qui savait bien danser, chanter ces talens-là sont des zéros; il faut des nombres pour les faire valoir.

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L'esprit est le zéro qui ajoute aux qualités morales, mais qui, seul, ne représente que le néant. » мme

NECKER.

ZEZEYEMENT, s. m. Ce mot, dans l'argot comique, exprime un vice de prononciation, que peut donner l'habitude de parler italien.

« Le grasseyement, le zezeyement, les accens gascon, normand, provençal sont incompatibles avec l'éloquence dramatique, et même avec toute espèce d'éloquence. » LARIVE, Cours de déclamation, 11e séance, ch. iv, pag. 39.

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O détestable Calomnie,
Fille de l'obscure Fureur,
Compagne de la zisanie.

J. B. ROUSSEAU, ode vu, liv. 3. « Zizanie ne peut jamais ente dans le style noble. »> LA HAPA. Cours de litter. tom. vi, pag. 13, ch. xi. ZoÏle, s. m. nom d'un critique' qui vivait environ 270 ans avant de i sus-Christ, et qui s'est rendu ridcule par la critique mordante qu'il exercée sur les ouvrages d'Homere: son nom est devenu commun per exprimer un critique injuste et de pourvu de goût, un détracteur à vrai mérite.

Zoile contre Homère en vain se déchaina.
PIRON, la Métromanie, act. ш, & 7.
Qu'Homère renaissant vienne chanter Achille,
Les enfers irrités vomiront un soile.
Trad. de l'Ess. sur la Critiq. de Pope, chant
Des soiles du temps méritons la colère.

BIVAROL.

Zoile contre toi prépare une satire.
Eh! qu'importent des vers qui ne se font pulv
POMMEREUL, trad. de quelques épigramme: da
Martial (1818).

ZONE, s. f. du latin zona, FCRI du grec Cán (zóné) bande, ceinture, parce qu'elles sont comme autant d bandes ou de ceintures qui e ronnent la terre. Virgile a dit :

Quinque tenent cœlum zona.

Cinq zones de l'Olympe embrassent le contour.
DELILLE, trad. des Georgiques,

Et solusi

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Gratia zonis (les Grâces ayant dénous leurs enne

ZIZANIE, s.f. du latin zizania dans la Vulgate, venu du grec a- Et Horace : voy (zizanion), ivraie, herbe ainsi appelée parce qu'elle endort, enivre. Zizanie n'est point en usage au propre, mais il se dit par métaphore pour trouble, discorde, division.

Je cours, j'écris, j'invente des scandales,
Pour les combattre et pour me faire un nom,
Pieusement semant la zizanie,

Ode xxx, liv. 1.

Mais la jeunesse m'intimide,

Sans frayeur je n'y puis penser;
Elle est une zone torride,
Qui coûte beaucoup à passer.

DU CERCEAT.

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