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FASQ. Rech. sur la France, liv. 11 pag. 164, Paris, 1659.

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« Les nobles vivoient sur leurs terres, et s'ils étoient obligés de passer trois ou quatre jours dans la ville, ils affectoient de paroitre toujours bottés, pour qu'on ne les prit pas pour des vilains. » SAINT-FOIX, Essais sur Paris, tom. 1, p. 19.

Philippe-Auguste fut le premier de nos rois qui, en cherchant à faire fleurir les sciences, changea les habitudes et attira dans la ville les nobles et les étrangers.

Lez le bois avoit un manoir
Où un vilain soloit manoir.

Roman du Renard, v. 8593 et 94, 13e siècle. (Auprès du bois il y avait un manoir où un paysan avait coutume de demeurer.)

« L'œuvre fait tel réprouver vilain qui gentil se faint. » Œuvres d'Alain Chartier, pag. 587, in-4o, Paris, 1789.

« Il prend villain pour roturier et l'oppose à gentilhomme. Auquel sens aussi le seigneur de Joinville appelle maistre Robert de Sorbon filz de villain et de villaine, en la vie de saint Louys, roy de France. » Annotations sur Alain Chartier, ibid. pag. 863.

« Si nous considérons un paysan et un roi, un noble et un villain, etc.» MONT. Essais, tom. 11, pag. 72, Paris, 1789.

«En France, il y a cent ans que les pages villains (roturiers ) allans à pied, ont commencé d'estre nommez laquets et naquets. » CL. FAUCHET, de l'Origine des chevaliers.

Mayenne en ce péril pressant
Se pendroit s'il étoit décent
Qu'un gentilhomme mourût comme
On fait mourir un vilain homme :
(Vilain homme veut dire ici

Un homme du néant sorti.

Car à la lettre un gentilhomme

N'est pas plus gentil qu'un autre homme,
Et j'en ai connu plus de cent
Très-vilains, soit dit en passant.)

Henriade travestie, ch. iv.

VILAIN, AINE, adj. L'idée qu'on se sera formée que la beauté et les grâces ne peuvent se trouver que dans la noblesse, aura fait prendre le mot vilain, vilaine comme synonymes de

laid, déshonnéte, grossier; DOH avons même vu l'époque où bourgeoi était pris à peu près dans le même sens

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VILEMENT, adv. Montaigne, liv. 111, ch. 6, donne aux Européros qui ont vaincu l'Amérique, des mains vilement victoricuses. Cette belle expression n'aurait-elle pas convenu à certains envahisseurs?

VILLANELLE, s. f. de l'italia villanella (rustique, de paysan,, sorte de poésie pastorale dont tou les couplets finissent par le mêm refrain, « Grevin, dit Mervesin, qui, dès l'âge de vingt ans, s'était fail admirer par beaucoup d'ouvrages, imita les poètes italiens et les Espe gnols; il apprit d'eux à faire des lanelles :

: ce sont ces chansons dans

lesquelles on fait parler des bergets et des bergères de leur tendresse: elles devinrent bientôt à la mode. et depuis ce temps-là, on s'en est servi en France pour exprimer la merale, les maximes d'amour, et tout ce que cette passion peut inspirere doux et de tendre. » Histoire de la Poésie française, pag. 137, 1706.

VILLANELLE.

J'ai perdu ma tourterelle,

Est-ce point celle que j'oi (j'entends)?
Je veux aller après elle.
Tu regrettes ta femelle,
Hélas! aussi fais-je moi,
J'ai perdu ma tourterelle.
Si ton amour est fidèle,
Aussi est ferme ma foi :
Je veux aller après elle :

Ta plainte se renouvelle e:
Toujours plaindre je me doi;
J'ai perdu ma tourterelle.
En ne voyant plus la belle,
Plus rien de beau je ne voi.
Je veux aller après elle.

Mort que tant de fois j'appelle,
Prends ce qui se donne à toi :
J'ai perdu ma tourterelle,
Je veux aller après elle.

JEAN PASSERAT.

VILLOTTE, s. f. diminutif & ville. « Nous ne l'employons qu dans le style très-familier. » VOL TAIRE, Lettre à M. Deodati de To vazzi, 24 janvier 1761, édit. in-8” Gotha, 1789.

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VINAIGRETTE, s. f.

« Vous savez qu'on nommait au trefois (il y a cinquante ans) vinaigrette ou brouette ces espèces de chaises à porteurs montées sur deux roues, et trainées par un scul homme; quelquefois, mais pas toujours, escortées d'un petit garçon qui poussait par derrière; et ce petit garçon se nommait le hateur ou la diligence. CH. POUGENS, Lettres philosoph, etc. lettr. ve, Paris, 1826.

VIOLENT, ENTE, adj. du latin violentus, qui a la même signification. L'auteur d'une lettre insérée dans le Mercure de 1672, p. 323, s'élève contre ce terme, qui commençait alors à être de mode dans le beau monde, où l'exagération dans les mots n'a souvent exprimé que le vide dans les idées ou l'absence du sentiment. « On l'applique, dit cette lettre, à tout ce qu'on dit: car pour dire cela est fâcheux, on dit : cela est violent; pour dire il a tort, on le dit de même, et il semble qu'on affecte de s'en servir pour exprimer toutes les choses avec lesquelles il ne convient pas. »

« Il en est des grandeurs du monde comme du ciel, les violens les ravis

sent.» SAINT-ÉVREMONT.

« On est souvent violent sans être vif. » DUCLOS.

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« Mine de Fontanges est toujours languissante, mais si touchée de la grandeur, qu'il faut l'imaginer précisément le contraire de cette petite violette (Mine de la Vallière) qui se cachait sous l'herbe, et qui était honteuse d'être maitressed'être mère, d'être duchesse; jamais il n'y en aura de ce moule. » Me DE SÉVIGNÉ.

VIOLIR, v.« A ces mots, je vis cette femme rougir, pålir, violir et bleuir de rage.» RETIF.

Ce mot ne peut réussir, et l'on en voit la raison. De pále se forme naturellement pálir, mais violir ne peut se former de violet.

VIRELAI, s. m. ancien petit poème français sur deux rimes et avec des refrains. Levirelai, dans son origine, ainsi que l'indique le mot virer (girare) dont il est composé, était un lai sur lequel le poète retournait, par des vers de même mesure et sous les deux mêmes rimes qu'il avait d'abord adoptées, avec cette différence que celle qui avait dominé dans le lai, servait à terminer les couplets dans le virelai, tandis que celle qui avait servi à terminer les couplets dans le lai, devenait dominante dans le virelai.

« Le virelai, comme il se pratique

VIOLETTE, s. f. du latin viola, aujourd'hui, dit le P. Mourgues dans

avec la forme diminutive.
L'obscure violette, amante des gazons,
Aux pleurs de leur rosée entremêlant ses dons,
Semble vouloir cacher sous leurs voiles propices
D'un pudique parfum les discrètes délices,
Pur emblème d'un cœur qui répand en secret
Sur le malheur timide un modeste bienfait.
BOISJOLIN.

« Tous les beaux esprits qui fré-
quentaient l'hôtel de Rambouillet,
formèrent un jour le dessein de faire
une guirlande pour mettre sur la tête
de Julie. C'était Mile de Rambouillet,
nommée Julie d'Angennes. Les uns
prirent une fleur, les autres une au-
tre. M. Desmarets choisit la violette,
et fit ces vers, auxquels je donnai la
préférence sur tous les autres :

Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour,
Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe.

son Traité de la Poesie françoise, pag. 178, Paris, 1685, tourne sur deux rimes seulement, dont la première doit dominer dans toute la pièce; l'autre ne vient que de temps en temps pour faire un peu de variété.... Le premier vers ou les deux premiers vers se répètent dans la suite, ou tous deux, ou séparément, par manière de refrain, autant de fois qu'ils tombent à propos, et forment le virelai.»

Pour gagner Paimable Sylvie,

Et vaincre toute sa rigueur,
Je lui jurai que pour la vie

Ses charmes captivaient mon cœur.
Ma promesse ne fut pas vaine,
L'amour changea cette inhumaine,
Elle répondit a mes vœux.
Je cessai bientôt d'être tendre,
Bientôt s'éteignirent mes feux,

Et ma froideur lui fit comprendre
Que promettre et tenir sont deux.

Pour me duper, une autre femme
Me jura sur sa tendre foi,
Que jamais son cœur, ni son ame,
Ne seraient à d'autres qu'à moi.
La coquette, avec artifice,
M'attira dans le précipice;
En échange de billets doux,
J'envoyai bagues et bijoux,
Mais bientôt je ne pus suffire;
D'un autre elle écouta les vœux,
Et sut très-clairement me dire
Que promettre et tenir sont deux.

Un nouvel ami vous caresse,
Et dans les termes les plus doux,
Comptez, dit-il, plein de tendresse,
Qu'au besoin ma bourse est à vous.
Le besoin naît; en assurance
Vous demandez son assistance,
Et lui peignez votre embarras ;
De secours vous n'en aurez pas :
Avec douceur il vous refuse,
Il se dit le plus malheureux,
Et vous apprend par son excuse
Que promettre et tenir sont deux.
DESMAHIS, tom. 1, p. 108,
Paris, 1778.

Cinq cens dixains, mille virlais

Et en rime mille virades

édit. in-12,

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VIRILISER, v. rendre homme. «S'étant chargé de l'éducation des deux princes, Louis XIV et son frère Philippe, il avait, de l'aveu de la reine-mère, virilisé l'un et efféminé l'autre.» TOULOTTE, la Cour et la Ville, tom. 11, pag. 74.

VIRONNER, v. « Le papillon à force de vironner autour d'une chandelle, finit par se brûler. » Ce joli mot, dont il nous reste le composé environner, est de Le Sage qui le met dans la bouche de Sancho. Nouv. D. Quichotte.

VIRULENCE, s. f. Cette matière ne serait plus un objet de contestation, sans la virulence de quelques

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déclamateurs qui ont alarmé l'auterité. » LINGUET.

C'était en 1787 un néologisme.

« Il y a (dans l'Ecossaise, comédie de Voltaire) beaucoup moins d'art que d'amertume et de virulence. » LA HARPE, Cours de littérature, tom. u, 11me partie, pag. 467.

VIS-À-VIS, c'est-à-dire visage à visage, vis, du latin visus (visage) s'étant dit autrefois :

Il vit en l'eaue claire et netts
Son vis, son nez et sa bouchette.
Roman de la Rose,

« Nos anciens disaient vis pour ve sage; Anthoine de la Sale, en la Chre nique du baron de Seintre, chapitre 1: « Et quand la royne et ses autres dames la veirent pasmée comme morte, arrousèrent son viz et ses mains de vinaigre. » Et devant luy le Ar man de Garin:

Bien le cognut à la chière et au vis. Puis derechef:

Qui son nez cope, il déserte son vis. Ils l'appeloient aussi viaire et vigure.

» Mais ce qui approche le plus de vultus, c'est vout, prins en même sens par l'auteur du Roman de Charit, quand il dit :

Car tous seront par Job jugiés,

Quand venrons devant le dieu vout. (Quand nous viendrons devant le visage, la face de Dieu.) » Fu vres d'Alain Chartier, annotations sur ses œuvres, pag. 861, édit. in-4o, Paris, 1617.

Car en ce lieu un grand prince je ta,
Et une dame excellente de vis.

CL. MAROT, le Temple de Cupidon, VIS-À-VIS, s. m. espèce de voiture où il n'y a qu'une place à chaque fond, en sorte que deux personnes sont nécessairement en face l'une de l'autre; d'où vient ce nom.

Bientôt en vis-à-vis galamment incommode, Vingt beautés voiturant les faveurs de la mode Dans nos jardins pompeux doublant leurs pas legen, Vont saisir du soleil les regards passagers

DUPLY DES ISLET

VISAGE, s. m. de visagium dans la basse latinité, dérivé lui-même da latin visus (voyez vis-à-vis).

« Visage à visagium, id est, facies,

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quasi in quá sit actio visús qui sen-
suum dignissimus, perfectissimus,
certissimus est, et propter quem caput
sublime est. GALENUS, lib. de usu par-
tium. » JAQ. SYLVIUS, Isagoge in lin-
guam gallicam, pag. 77, Paris, 1531.
La raison humaine est à tous vi-
sages, un glaive double, un bâton à
deux bouts. » CHARRON, 1. I
. 1, ch. 16.
« Mme d'Heudicourt, fort laide,
se trouvant à une fête, Mme de Poic-
tiers, qui prit querelle avec elle, lui
dit :
: « Pardi, madame, vous êtes un
plaisant visage de fête !» et elle avoit
raison. Il faut en effet, dans une fête,
un visage qui n'en gâte pas la déco-
ration, et quand on n'en a pas, il faut
en emprunter un, ou n'y pas venir. >>
Mme DE SÉVIGNÉ.

«Quel secret doit avoir eu la nature, pour varier en tant de manières, une Echose aussi simple qu'un visage? »

FONTENELLE.

On trouvait mauvais visage au bon homme Corbinelli, qui avait cent ans alors. « Il est bien question, dit-il, de mon visage! c'est beaucoup d'en avoir un à mon âge. »

Voltaire conseillait à Marmontel, jeune encore, de faire des comédies. « Monsieur, répondit modestement le jeune homme, qui n'avait pas encore beaucoup vu le monde, pour faire des portraits, il faut connaitre les visages. » Voltaire l'embrassa et lui procura des connaissances.

VISÉE, S. f. point de mire.

Vous voyez de quel air on reçoit vos joyaux : Croyez-moi, c'est tirer votre poudro aux moineaux, Elle est sage, elle m'aime, et votre amour l'outrage; Prenez visée ailleurs, et troussez-moi bagage.

MOLIÈRE, l'Ecole des Maris, act. 11, se. 9. Quelqu'un faisant observer à Henriv la pompe fastueuse des bataillons ennemis qu'il avait à combattre ; « Tant mieux, dit-il, nous en aurons plus belle visée sur eux, quand nous en viendrons aux coups. »

VISER, . fixer la vue sur quelque chose. Il parait par l'épigramme suivante de Clément Marot, que de son temps le mot viser était rejeté par quelques uns, et que son usage était encore contesté:

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VISIGOTH, s. m. Goth occidental, ancien peuple; dans le style satirique, grossier, sauvage.

On écrivoit autrefois Wisigoth avec un double W: mais on prononce Visigoth. On écrit aussi ce mot sans h: il vient du latin Goti ou Gothi et Gothia. Voltaire en a fait un adjectif, au féminin, mais dans une lettre :

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Cette philosophie dont je vous parle, exclut les formules visigothes de votre très-humble. »

VISITATION, s. f. du latin visitatio (action de visiter, visite). Ce mot, qui ne s'est conservé que pour désigner la fête que les catholiques célèbrent en mémoire de la visite que la Vierge rendit à sainte Elisabeth, s'est dit autrefois pour visite en général : « La visitation des personnes estonnées et transies. >> Essais de Mont. tom. 1, pag. 188, Paris, 1789.

Il se trouve aussi dans les Antiquités de Paris, par P. Bonfons, 1608. On a même dit visitance qui se lit encore dans le Dictionnaire des rimes de Richet.

Mais d'un riche usurier malade
La visitance est bonne et sade.
Roman de la Rose.

VISON-VISU, pour visum visu, locution familière qui signifie vis-à-vis, face à face. « Comme ils sont logés vison-visu, ils se tarabustent toujours sur le chapitre de leurs fem

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