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seulement, cet homme intelligent, cet habile connaisseur; mais encore chacun de nous, qu'il traite d'hommes sans goût, sans connaissance, d'idios.)

Les acceptions des mots, dit Voltaire, changent avec le temps; idiot ne voulait dire d'abord qu'un solitaire; avec le temps il devint le synonyme de sot. >>

Un auteur célèbre parmi les mystiques, avait pris par modestie le nom d'Idiot. Ne pourrait-on pas soupçonner que ce nom convient assez bien à celui qui s'en pare?

IDIOTISME, s. m. imbécillité qui

caractérise l'idiot. C'est aussi un terme de grammaire par lequel on désigne les tours particuliers à chaque langue, ou, ce qui est la même chose, les différens cas dans lesquels une langue s'écarte des lois de la grammaire générale. Si le tour appartient à la langue française, l'idiotisme prendra le nom de gallicisme; si le tour appartient à la langue latine, on l'appellera latinisme; s'il est propre à la langue grecque, il se nommera hellenisme; s'il appartient à l'hébreu, il prendra le nom d'hébraisme. La grammaire générale est une mesure commune entre les lanques; et les locutions qui s'en écartent, ne pouvant plus se rapporter à cette mesure, semblent des branches détachées du tronc. Aussi, pour les traduire dans d'autres langues, faut-il chercher un idiotisme correspondant (s'il en existe), sinon on est obligé de les courber sous les lois de la grammaire générale. L'on n'a employé des idiotismes que parce que la langue dont on se servait ne présentait ni des idées assez fortes, ni assez vives pour rendre la vigueur et la vivacité de certaines idées; les idiotismes perdront donc nécessairement cette force et cette vivacité, dis qu'ils seront assujétis à la méthode grammaticale, c'est à-dire, en cessant d'être des idiotismes.

« Les tournures particulières d'une langue qu'on appelle idiotismes, si embarrassantes pour les étrangers, sont pourtant ce qui donne éminem

ment de la grâce au langage; Pascal, Molière, Sévigné, Voltaire en fourmillent les Français trouvent aux gallicismes le charme que les Grecs trouvaient aux hellénismes; mais tout dépend de leur heureux emploi : c'est lui qui constitue le bon goût chez nous; il constituait l'urbanité chez les Latins, et l'atticisme chez les Grecs. » RIVAROL, Prospectus d'un nouv. Dict. de la lang. franç.

IDOINE, adj. du latin idoneus (particulier, propre à); c'est un vieux mot dont on se sert encore au Palais.

plus idoines à (susceptibles de) fal« Les plus obscures familles sont

sification.» MONT. Essais.

Plusieurs disent communément
Que l'habit ne fait pas le moine';
Mais aussi voit-on bien comment,
Sans riche habit, nul n'est idoine;
Fust-on si bon que Saint Antoine,
Et aussi doux qu'une brebis,

Sans être en ordre, on perd sa peine :
Chacun porte honneur aux habits.

DE BEAULIEU, poète du comm. du xvie siècle. D'idoine, nos pères ont fait le dérivé idoineté, et du latin idoneitas le substantif idoneité, tous deux tombés en désuétude.

IDOLATRIQUE, adj. (tidlov,

image).

« A la Chine, des Colaos égorgent deux fois l'an, autour de la salle où l'on vénère Confutzée, des animaux dont on fait ensuite des repas. Ces cérémonies sont-elles idolatriques? sont-elles purement civiles. » VOLT.

IDOLE, s. f. du grec duhov (éidólon) image.

Voyez ce portrait! qu'il est bien ! Il n'y manque que la parole. Dites-done qu'il n'y manque rien; Car c'est le portrait d'une idole. IDYLLE, s. f. isúdkov (éïdullion) diminutif de doo; ( éidos) image.

+

« Le mot dúhov, idylle, ne signific point pastorale, il veut dire pièce détachée, petite pièce. C'est le talent de Théocrite qui a fait transporter le nom d'idylles aux pastorales. » FIRMIN DIDOT, traduction des Bucoliques de Virgile; Discours préliminaire, note au bas de la pag. 22.

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PHILOLOGIE

FRANÇAISE

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DICTIONNAIRE ÉTYMOLOGIQUE,

CRITIQUE, HISTORIQUE, ANECDOTIQUE, LITTÉRAIRE.

TOME SECOND.

PARIS. IMPRIMERIE LE NORMANT FILS, RUE DE SEINE, No 8,

FAUBOURG SAINT-GERMAIN.

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figurées ou poétiques, de tours hardis, d'heureuses alliances de mots,
de solutions grammaticales, etc.

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE.

PAR M. FR. NOËL,

Ancien membre du Conseil d'Instruction publique, inspecteur-général honoraire, chevalier
de la Légion-d'Honneur, de plusieurs Sociétés savantes, auteur du Cours de Littérature
comparée, etc.

ET M. L. J. CARPENTIER,

Membre de l'Université, auteur du Gradus français, etc.

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LE NORMANT PERE, LIBRAIRE, RUE DE SEINE, No 8.

MDCCCXXXI.

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