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teurs, et qui renferme toutes les qualités qui réclament sa réhabilitation.

STYLE, s. m. du latin stylus, venu du grec orulos (stulos), sorte de poincon dont les anciens se servaient pour tracer les mots. Comme ils n'avaient ni encre, ni papier, qui sont d'une invention moderne, ils se servaient de tablettes de cire ou d'écorces d'arbres, et ils y gravaient avec un burin qu'ils appelaient style, comme nous écrivons avec une plume sur du papier; de sorte que, par une manière de parler figurée, ils disaient un beau style, comme nous disons une bonne plume, quand nous parlons des écrits

d'un bon auteur. Nos pères ont même pris ce mot dans le sens de poinçon, aiguille.

«Puis avecq'ung style feit (fit) hastivement certain nombre de poincts divers, etc. » RABELAIS, t. 111, p. 164, édit, de 1732.

"

Escripvez ce mot en vostre cervelle avecq un style de fer. » Le même, tom. II, pag. 210.

Nous disons encore le style pour l'aiguille d'un cadran solaire, et le diminutif stylet pour un petit poignard très-aigu. Par métonymic le nem de l'instrument est passé à la manière même dont l'auteur rendait ses pensées, et c'est encore un emprunt que nous avons fait aux Latins. « Unus est totius orationis et idem stylus. » CICERON.

« Le style, dit l'abbé Girard, est une façon de s'exprimer portant un caractère émané ou de la qualité de l'ouvrage ou du goût personnel de l'auteur. Ce caractère résulte du tour de la pensée, du choix des mots, et de l'arrangement respectif de toutes les parties qui composent le discours. » Principes généraux de la lang. franç. t. 1, p. 6, Paris, 1747.

« Le style est à la pensée ce qu'est à la peinture le vernis qui l'embellit et la conserve. » BACON.

On a appelé style réfugié celui des Français expatriés par la révocation de l'édit de Nantes. M. Auger a nommé style cosmopolite, ce style trop commun de nos jours, qui s'est chargé de tours allemands ou anglais.

Ce n'a été que depuis Malherbe Balzac et Corneille, que la différenc du style noble et du familier poplaire s'est fait sentir; mais dès le temps même le style noble était tra guindé, et ne se rapprochait pas ass. du familier décent qui lui donne é naturel. Corneille sentait bien. nécessité d'être simple dans les che ses simples; mais alors il descenda. trop bas, comme il s'élevait quelque fois trop haut quand il voulait ét sublime. Racine a mieux connu is limites du style héroïque et du far lier noble; et par la facilité des p l'autre, par le mélange harmonie sages qu'il a su se ménager de l'u fixé pour jamais l'idée de l'élegz qu'il a fait de ces deux nuances, 11 et de la noblesse du style.

« Il y a des conjonctures dans l quelles, par une conséquence néces saire, on réduit en style (aux simp paroles) l'obéissance réelle que l'o doit aux rois. » Le cardinal DE T

SUADER, v. SUASION, s.ƒ.J. PERSUADER, PERSUASION. SUASOIRE, adj. persuasif.

Cette harangue sasoire
Fut d'abord difficile à croire.

SCALROR.

L'éditeur du Dictionnaire de Im voux (1771), regrette ce mot si loui à l'oreille.

SUB, prep. qui en latin s sous, dessous, et qui est entrée, o me particule inséparable, dans la car position de plusieurs mots franca où elle a reçu diverses formes. E a passé, sans aucune altération, les mots subalterne, subdeleg subdiviser, subjuguer, subordina subordination, subreption, subrat subséquent, subside, subsidiaire. sister, substituer, subvention et venir. Elle a changé le b en ¢‚¢ en g et en p devant les mots si qui commencent en latin par les . mes lettres, comme succéder, så cinct, succomber, succube; suf suffoquer, suffragant, suff suggérer; supplanter, supporter, se poser, supprimeret supputer. Et les mots de sujet, sujetion, c

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perdu entièrement depuis plus d'un siècle le b qui s'y écrivait autrefois, de même qu'il s'écrit en latin dans subjectus et subjectio. En divers autres mots, sub a été rendu en français par sous, comme soushail, sousdiacre, sousentendre, sous fermer, etc.

En quelques autres mots, la finale de sous a été, comme nous l'avons dit, changée en la première lettre du simple qu'elle compose, comme souffler et souffrir; mais, dans le mot souscrire, elle s'est absolument perdue, parce que l'orthographe française n'admet point dans un mot deux ss devant une con

sonne.

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Ce mot dio a été pris par les Latins du grec Ads (Dios), génitif de Zevç

ici

Ce sont là à peu près toutes les dif-Zeus), Jupiter; et Jupiter est pris férentes formes que la préposition dio, dit le P. Jouvenci, dans sa note pour le ciel, pour l'air. Etre sub

sub a reçues dans les mots français; les unes apportées directement du latin, les autres prises du génie de notre langue. Et, dans tous ces mots, elle a retenu sa signification ordinaire. Mais dans le mot sousrire, qui signifie rire doucement et à demi, elle sert à marquer diminution du mot simple, de même que dans subridere, et dans quelques autres mots latins, comme subacidus, subamarus, qui signifie un peu acide, un peu amer.

SUBALTERNE, adj. et s. du latin sub (sous), alternus, dont la racine est alter (autre), celui qui est sous un autre, qui lui est soumis.

« Il y a des esprits subalternes qui ne semblent faits que pour être le registre ou le magasin des productions

d'autrui. » LA BRUYÈRE.

C'est un fat subalterne, il est né trop timide, On ne va point au grand, si l'on n'est intrépide. G. le M.

« La plus insupportable tyrannie est la tyrannic des subalternes. » Prisonnier de Sainte-Hélène.

« Les subalternes, témoins de tout l'intérieur d'une cour, savent des choses que les chefs de parti ignorent ou ne font que soupçonner. » VOLT.

SUBALTERNITÉ, s. f. état de subalterne. «Un absent qui ne fait que s'ennuyer dans une longue subalternité dont on ne se soucie guère. me DE SÉVIGNÉ.

Pourquoi laisser perdre ce mot?

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sur le 13 vers de la xvie Ode du 1er livre d'Horace, c'est être dans un lieu découvert et où il n'y a aucune toiture.

SUBDIVISION, s. f. Anciennement on divisait les sermons en trois points, et chaque point en trois subdivisions. On appelait ces discours un jeu de quilles, et l'exorde était la boule.

SUBIR, . du latin subire, qui signifie proprement aller, venir dessous, comme lorsqu'on se met dessous un fardeau pour le lever, pour le porter.

Horace a dit, v. 41, Epitre xvii, liv. 1:

Hic onus horret,
Ut parvis animis, et parvo corpore majus :
Hic subit, et perfert....

(L'un se garde bien de toucher à un fardeau qu'il croit au-dessus de ses forces et de son courage: l'autre se met dessous, le soulève (subit) et le porte.)

On a dit ensuite au figuré, subir une peine, un chatiment, comme on dit porter la peine, et cette location est encore empruntée du latin. Cicéron a dit : « Subire pœnam capitis » (subir la peine de mort).

SUBITO, adv. Ce mot familier est emprunté du latin où il signific tout à coup, subitement.

SUBJUGUEUR, s. m. Ce substan

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Ce qu'ils ont pris, comme nous, des poètes latins. Tibulle, 1, 7

Te tenet: absentes alios suspirat amores. » MÉNAGE, Observ. sur les Poésies & Malherbe, p. 390, édit. in-8°, Paris, 1666.

Ce verbe est du nombre de ceu que les poètes emploient transitivement, c'est-à-dire avec un compl ment direct.

Ce n'était pas jadis sur ce ton ridicule
Qu'Amour dictait les vers que soupirait Thak
BOILEAU, Art poétique, ch. II.

Toi qui du même joug souffrant l'oppression,
M'aidais à soupirer les malheurs de Sion.
RACINE, Esther, sc. t.
Quel autre, si je meurs, soupirant l'élégie,
Saura, etc.

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SOUPIREUR, S. m. « Ces soupireurs universels qui en veulent à toutes les femmes.» Mlle DE SCUDERY.

SOURCE, s. f. (surgere). C'est empoisonner la source des eaux pabliques, que de corrompre l'esprit d'un prince destiné au tróne.

J. B. Rousseau a bien mieux pré senté cette belle image, dans cette strophe de l'Ode x du liv. 2, en parlant de la Flatterie :

Le pauvre est à couvert de ses ruses obliques; Orgueilleuse, elle suit la pourpre et les faiseum, Serpent contagieux qui des sources publiqam Empoisonne les eaux.

SOURCIL, s. m. du latin supert lium, qui signifie la même chose.

Une superbe chanoinesse
Portoit dans ses sourcils altiers
Tout l'orgueil de seize quartiers.

BOUFFLERS, la Chanoinesse, conte.

« Aussitôt que vous avez soulevé k sourcil pour l'exécution de la paix. EST. PASQUIER. XVI Disc. aux Fra çais.

« Typhoé, affaissé sous la pesarteur du mont Etna, jetant une me de flammes, vouloit encore eslever sourcil d'impiété, et appeler de sentence des dieux qui l'avoient cor damné. » Le Politique françois, 1664

Dans sa fable de Philemon et Bauc La Fontaine s'est servi du mot se cils, pour exprimer métaphoriq ment la tête, le sommet des arbas

Il dit, en parlant de ceux qu'on de- grande et grosse roche, au fond de

vait planter à Anet :

Puissent-ils tout du coup élever leurs sourcils,
Comme on vit autrefois Philémon et Baucis!

Nous croyons que c'est un latinisme. On trouve en latin supercilium montis (le sommet d'un mont); nous doutons qu'à l'exception de ce passage, il y ait un exemple, du moins dans nos écrivains classiques, du mot sourcils, employé métaphoriquement pour tete, sommet, quoiqu'on dise fort bien monts sourcilleux, rochers sourcilleux.

SOURCILLER, P. racine source; sortir en petites sources. «< Cette eau sourcille en différens endroits, lorsqu'elle trouve des issues. » BUFFON.

Peu d'auteurs ont employé ce verbe dans ce sens; il est à souhaiter qu'il s'accrédite.

SOURDRE, P. « Sortir, jaillir, s'écouler par une fente de la terre ou du creux d'un rocher.

L'étymologie de ce mot a été rapportée, avec raison, au surgere des Latins, qui avait le même sens.

Medio de fonte leporum
Surgit amari aliquid, quod in ipsis floribus angit.

» On a même dit en français surgeons, tantôt pour ces rejetons qui naissent au pied des arbres, tantôt pour un petit ruisseau qui vient de sourdre de la terre; et surgir, qui est pris pour sourdre, avec un peu d'extension dans ce passage des hymnes de Ronsard :

Après vous surgirez dedans l'île déserte

D'hommes et de troupeaux, mais aussi bien couverte
D'oiseaux qui ont la plume à pointe comme espies,
Et la dardent des flanes ainsi que porcs-espics.

» Mais s'il est vrai que cette origine soit à peu près incontestable, il n'en est pas moins certain que l'imitation du son naturel a modifié jusqu'à un certain point l'expression qu'on y 5 rapporte. Il est peut-être malheureux qu'elle vieillisse négligée, car elle est significative et utile. Amyot s'en est servi dans sa traduction de Daphnis et Chloé, et cet exemple en = déterminera le sens :

« Il y avait, dit-il, en ce quartier= là une caverne que l'on appelait la = Caverne des Nymphes, qui estoit une

laquelle sourdoit une fontaine qui faisoit un ruisseau dont estoit arrouzé le beau pré verdoyant. »

« M. Mercier a cru mal à propos que ce mot faisait sourdir à l'infinitif, ou que cette nouvelle construction pouvait avoir quelqu'avantage sur l'autre. C'est au bruit de deux consonnes roulantes, durement séparées par une autre, et qui semblent en rompre l'effort, que le mot sourdre doit son harmonie pittoresque. » CH. KODIER, Onomatopées françaises.

SOURIQUOIS, OISE, adj. mot plaisant, forgé par La Fontaine, qui a dit le peuple souriquois pour les

souris.

« Une souris, cnnuyée de vivre dans les périls et dans les alarmes, à cause de Mitis et Rodilardus qui faisoient grand carnage de la nation souriquoise, appela sa commère, etc. » FENELON, les Deux Souris, fable.

Aussi l'hôtesse cette fois

Mandit le peuple souriquois.
M. LE FAILLY, la Vieille et les Souris, fable.

SOURIS,

s.f. (sorex). « Cette souris de douleur qui lui court à une main, puis à l'autre, est aujourd'hui sur le genou.» мme DE SÉVIGNÉ.

SOUS, prep. qu'on écrivait autrefois soub et soubs, du latin sub (sous). Elle entre en composition avec beaucoup de mots où elle conserve cette valeur soumettre, sous-entendre, soulever, soubassement, soucoupe, sous-garde, etc. Les variétés de sub ou sous sont su, sug, suc, sup, comme dans sujet, placé sous; suggérer, porter en dessous; succéder, venir en dessous, en seconde ligne; supporter, porter en dessous; support, une chose placée au-dessous d'une autre, pour l'empêcher de tomber. Voyez SUB.

SOUSCRIPTEUR, s. m. Ce mot était nouveau en 1728.

SOUS-ENTENDU, s. m. « Il (Varignon) ne cherchoit point par des sous-entendus hardis à paraitre profond.» FONTENELLE.

SOUS-ILLUSTRE, s. m.

Dans cette foule vagabonde
De perroquets littérateurs,
De sous-illustres, d'amateurs,
Qui vont répétant vers et prose,
Et d'autrui faisant les honneurs,
Pour se croire aussi quelque chose.

GRESSET.

SOUSTRAIRE, v. « Dieu fait grâce à ceux à qui il soustrait la vie par le menu; c'est le seul bénéfice de la vieillesse.» MONT. liv. III, ch. 13. SOUTENIR, v.

L'amour se soutient par l'espoir;
Le zèle , par la récompense;
L'autorité, par le pouvoir;
La faiblesse, par la prudence ;
Le crédit, par la probité;
L'agrément, par la liberté ;
La santé, par la tempérance;
L'esprit, par le contentement;
Le contentement, par l'aisance;
L'aisance, par l'arrangement.

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SOUS-TYRAN, s. m. «Les chefs des Barbares qui, des bords de la mer Baltique, fondirent dans le reste de l'Europe, se firent monarques. Leurs capitaines partagèrent entre eux les terres des vaincus. De là ces soustyrans qui disputaient, avec des rois mal affermis, les dépouilles du peuple. » VOLTAIRE.

SOUVENANCE, s. f. que Jacq. Sylvius fait venir de subvenientio (souvenir), se trouve dans Montaigne, dans Racan, dans Saint-Gelais, dans Ronsard, etc. La Fontaine en

a fait usage, et il est admis dans l genre marotique.

J'ai souvenance

Qu'en un pré de moine passant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
LA FONTAINE, hv. vi, fable 1.

Près d'Orléans vous avez souvenance
Que la Trimouille, ornement du Poites,
Pour son bon roi signalant sa vaillance,
Dans un fossé fut plongé jusqu'au cou,

VOLTAIRE.

Souvenance, suivant Marmontel devait être conservé, puisqu'en gardé se souvenir.

SOUVENIR (SC), v.

Si des dettes du cœur il s'était acquitté,
Cet homme se souvient, disait l'Antiquité.

SOUVENT, qu'on regarde comm un adverbe, était dans l'origine t adjectif; il vient de l'italien sovente dont la racine est subindè, qui en lat signifie aussitót après, de fois à autry nos pères ont même dit souventes fu comme nous disons plusieurs fou ainsi qu'on le voit dans Cl. Fauche dans Rob. Estienne, et encore da La Fontaine.

Quant à ses valets-de-pied,
C'étoient messieurs les Borées,
Qui portoient par les contrées
Ses mandats souventes fois.
LA FONTAINE,
la Coupe enchantn.

SOUVERAINETÉ, s. f. « Birt n'est à couvert de la souverainet vos décisions. » MOLIÈRE, Critique # l'Ecole des Femmes.

« Dans la République des Lettre En revanche, il y a souvent tyranni il n'y a point de souveraineté. » BATI

SPECIMEN, s. m. mot empra du latin, où il signifie exemple, #-que, échantillon. M. Ch. Nodier garde comme indispensable ladım sion de ce mot omis dans pres tous les dictionnaires.

SPECTACLE, s. m. « Une vie spectacle est vide de bien réel. »

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