L'oiseau de Jupiter enlevant un mouton, Un corbeau, témoin de l'affaire, Et plus foible de reins, mais non pas moins glouton, En voulut sur l'heure autant faire. Il tourne à l'entour du troupeau, Marque entre cent moutons le plus gras, le plus beau, Un vrai mouton de sacrifice : On l'avoit réservé pour la bouche des dieux. Gaillard corbeau disoit, en le couvant des yeux : Mais ton corps me paroît en merveilleux état : Sur l'animal bêlant à ces mots il s'abat. La moutonnière créature Pesoit plus qu'un fromage; outre que sa toison Et mêlée à peu près de la même façon. Elle empêtra si bien les serres du corbeau, Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands seigneurs; Où la guêpe a passé, le moucheron demeure. Le paon se plaignoit à Junon. Déesse, disoit-il, ce n'est pas sans raison Que je me plains, que je murmure : Déplaît à toute la nature; Au lieu qu'un rossignol, chétive créature, Est lui seul l'honneur du printemps. Oiseau jaloux, et qui devrois te taire, Une si riche queue et qui semble à nos yeux Est-il quelque oiseau sous les cieux Tout animal n'a pas toutes propriétés. Nous vous avons donné diverses qualités : La corneille avertit des malheurs à venir; Tous sont contents de leur ramage. Cesse donc de te plaindre; ou bien, pour te punir, Je t'ôterai ton plumage. 4 |