Page images
PDF
EPUB
[graphic][subsumed][merged small][merged small]

Autrefois l'éléphant et le rhinocéros,

En dispute du pas et des droits de l'empire,
Voulurent terminer la querelle en champ clos.
Le jour en étoit pris, quand quelqu'un vint leur dire
Que le singe de Jupiter,

Portant un caducée, avoit paru dans l'air.

Ce singe avoit nom Gille, à ce que dit l'histoire.-
Aussitôt l'éléphant de croire

Qu'en qualité d'ambassadeur

Il venoit trouver sa grandeur.

Tout fier de ce sujet de gloire.

Il attend maître Gille, et le trouve un peu lent

A lui présenter sa créance.

Maître Gille enfin, en passant,

Va saluer son excellence.

L'autre étoit préparé sur la légation;

Mais pas un mot. L'attention

Qu'il croyoit que les dieux eussent à sa querelle
N'agitoit pas encor chez eux cette nouvelle.
Qu'importe à ceux du firmament

Qu'on soit mouche ou bien éléphant ?

Il se vit donc réduit à commencer lui-même.
Mon cousin Jupiter, dit-il, verra dans peu
Un assez beau combat, de son trône suprême;
Toute sa cour verra beau jeu.

Quel combat? dit le singe avec un front sévère.
L'éléphant repartit: Quoi! vous ne savez pas
Que le rhinocéros me dispute le pas;
Qu'Éléphantide a guerre avecque Rhinocère?
Vous connoissez ces lieux, ils ont quelque renom.
Vraiment je suis ravi d'en apprendre le nom,
Repartit maître Gille on ne s'entretient guère
De semblables sujets dans nos vastes lambris.
L'éléphant, honteux et surpris,

Lui dit: Eh! parmi nous que venez-vous donc faire? —
Partager un brin d'herbe entre quelques fourmis :
Nous avons soin de tout. Et quant à votre affaire,
On n'en dit rien encor dans le conseil des dieux :
Les petits et les grands sont égaux à leurs yeux.

[graphic][merged small][merged small][merged small]

Certain fou poursuivoit à coups de pierre un sage.

Le sage se retourne, et lui dit : Mon ami,
C'est fort bien fait à toi, reçois cet écu-ci.
Tu fatigues assez pour gagner davantage;
Toute peine, dit-on, est digne de loyer:
Vois cet homme qui passe, il a de quoi payer;
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire.
Amorcé par le gain, notre fou s'en va faire

Même insulte à l'autre bourgeois.

On ne le paya pas en argent cette fois.

Maint estafier accourt on vous happe notre homme, On vous l'échine, on vous l'assomme.

Auprès des rois il est de pareils fous;
A vos dépens ils font rire le maître.
Pour réprimer leur babil, irez-vous
Les maltraiter? Vous n'êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut les engager
A s'adresser à qui peut se venger.

[graphic]
[graphic][merged small][merged small][merged small]

Le bon cœur est chez vous compagnon du bon sens ;
Avec cent qualités trop longues à déduire,
Une noblesse d'âme, un talent pour conduire
Et les affaires et les gens,

« PreviousContinue »