Un chat, contemporain d'un fort jeune moineau, Le chat étoit souvent agacé par l'oiseau ; Il se fut fait un grand scrupule D'armer de pointes sa férule. Le passereau, moins circonspec. Maître chat excusoit ses jeux; Entre amis il ne faut jamais qu'on s'abandonne Comme ils se connoissoient tous deux dès leur bas âge, S'en vint les visiter, et se fit compagnon Du pétulant Pierrot et du sage Raton. Cet inconnu, dit-il, nous la vient donner belle. Le moineau du voisin viendra manger le nôtre ! Il croque l'étranger. Vraiment, dit maître chat, Les moineaux ont un goût exquis et délicat ! Cette réflexion fit aussi croquer l'autre. Quelle morale puis-je inférer de ce fait? Sans cela, toute fable est un œuvre imparfait. J'en crois voir quelques traits; mais leur ombre m'abuse. Prince, vous les aurez incontinent trouvés. Ce sont des jeux pour vous, et non point pour ma muse. Elle et ses sœurs n'ont pas l'esprit que vous avez. Un homme accumuloit. On sait que cette erreur Va souvent jusqu'à la fureur. Celui-ci ne songeoit que ducats et pistoles. Quand ces biens sont oisifs, je tiens qu'ils sont frivoles. Pour sûreté de son trésor, Notre avare habitoit un lieu dont Amphitrite Défendoit aux voleurs de toutes parts l'abord. Là, d'une volupté selon moi fort petite, Et selon lui fort grande, il entassoit toujours : A compter, calculer, supputer sans relâche; Et rendoit le compte imparfait : La chambre, bien cadenassée, Permettoit de laisser l'argent sur le comptoir. Quant à moi, lorsque je compare Les plaisirs de ce singe à ceux de cet avare, Et puis quelque noble à la rose ; Eprouvoit son adresse et sa force à jeter S'il n'avoit entendu son compteur à la fin Les ducats auroient tous pris le même chemin, |