Vieux routier et bon politique. Tu crains, ce lui dit-il, lionceau mon voisin : Son père est mort, que peut-il faire? Il a chez lui plus d'une affaire, Et devra beaucoup au Destin, S'il garde ce qu'il a sans tenter de conquête. Tels orphelins, seigneur, ne me font point pitié; Ou s'efforcer de le détruire Avant que la griffe et la dent Lui soit crue, et qu'il soit en état de nous nuire. J'ai fait son horoscope: il croîtra par la guerre ; Pour ses amis qui soit sur terre; Tâchez donc d'en être; sinon Tâchez de l'affoiblir. La harangue fut vaine. Le sultan dormoit lors; et dedans son domaine Chacun dormoit aussi, bètes, gens: tant qu'enfin Le lionceau devint vrai lion. Le tocsin Sonne aussitôt sur lui; l'alarme se promène De toutes parts; et le vizir, Consulté là-dessus, dit avec un soupir : Pourquoi l'irritez-vous? La chose est sans remède. En vain nous appelons mille gens à notre aide : Plus ils sont, plus il coûte; et je ne les tiens bons Qu'à manger leur part des moutons. Apaisez le lion seul il passe en puissance Sauvez le reste ainsi. Ce conseil ne plut pas. Voisins du sultan en pâtirent : Celui qu'ils craignoient fut le maître. Proposez-vous d'avoir le lion pour ami, Si vous voulez le laisser craître. Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu Avoit l'âme toute divine. L'enfance n'aime rien celle du jeune dieu Des doux soins d'aimer et de plaire. En lui l'amour et la raison Devancèrent le temps, dont les ailes légères Ce que la passion peut inspirer d'adresse, Sentiments délicats et remplis de tendresse, Il sembloit qu'il n'agît que par réminiscence, Jupiter cependant voulut le faire instruire. Qu'aux nouveaux dieux je distribue. Sur cet enfant chéri j'ai donc jeté la vue : Afin de mériter le rang des immortels, Il faut qu'il sache tout. Le maître du tonnerre Eut à peine achevé, que chacun applaudit. Lui montrer moi-même cet art Par qui maints héros ont eu part Aux honneurs de l'Olympe, et grossi cet empire. |