La Mort ne surprend point le sage : Il est toujours prêt à partir, S'étant su lui-même avertir Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage. Dans le fatal tribut; tous sont de son domaine; Et le premier instant où les enfants des rois Est celui qui vient quelquefois Fermer pour toujours leur paupière. Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse; Un jour le monde entier accroîtra sa richesse. Et, puisqu'il faut que je le die, Rien où l'on soit moins préparé. Un mourant, qui comptoit plus de cent ans de vie, Elle le contraignoit de partir tout à l'heure, Sans qu'il eût fait son testament, Sans l'avertir au moins. Est-il juste qu'on meure Tu te plains sans raison de mon impatience : Eh! n'as-tu pas cent ans? Trouve-moi dans Paris Deux mortels aussi vieux; trouve-m'en dix en France. Je devois, ce dis-tu, te donner quelque avis Qui te disposat à la chose ; J'aurois trouvé ton testament tout fait. Ton petit-fils pourvu, tcn bàtiment parfait. Ne te donna-t-on pas des avis, quand la cause Quand les esprits, le sentiment, Quant tout faillit en toi? Plus de goût, plus d'ouïe; Pour toi l'astre du jour prend des soins superflus: Ou morts, ou mourants, ou malades: Il n'importe à la république Que tu fasses ton testament. La Mort avoit raison: je voudrois qu'à cet àge |