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Le lion, terreur des forêts,
Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets,

Devenus forts par sa foiblesse.

Le cheval s'approchant lui donne un coup de pied,
Le loup un coup de dent, le bœuf un coup de corne.

Le malheureux lion, languissant, triste et morne,

Peut à peine rugir, par l'âge estropié.

Il attend son destin sans faire aucunes plaintes;

Quand, voyant l'àne même à son antre accourir:
Ah! c'est trop, lui dit-il je voulois bien mourir;
Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes.

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Dans un bois où chantoit la pauvre Philomèle.
Ma sœur, lui dit Progné, comment vous portez-vous?
Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue :
Je ne me souviens point que vous soyez venue,
Depuis le temps de Thrace, habiter parmi nous.
Dites-moi, que pensez-vous faire?

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Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire ?
Ah! reprit Philomèle, en est-il de plus doux?
Progné lui repartit: Eh quoi! cette musique

Pour ne chanter qu'aux animaux,

Tout au plus à quelque rustique!

Le désert est-il fait pour des talents si beaux?
Venez faire aux cités éclater leurs merveilles :
Aussi bien, en voyant les bois,

Sans cesse il vous souvient que Térée autrefois,
Parmi des demeures pareilles,

Exerca sa fureur sur vos divins appas.

Et c'est le souvenir d'un si cruel outrage

Qui fait, reprit sa sœur, que je ne vous suis pas : En voyant les hommes, hélas!

Il m'en souvient bien davantage.

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Je ne suis pas de ceux qui disent: Ce n'est rien,
C'est une femme qui se noie.

Je dis que c'est beaucoup; et ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie.
Ce que j'avance ici n'est point hors de propos,
Puisqu'il s'agit, en cette fable,

D'une femme qui dans les flots

Avoit fini ses jours par un sort déplorable.

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