Les grenouilles, se lassant De l'état démocratique, Par leurs clameurs firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.. Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique : Gent fort sotte et fort peureuse, S'alla cacher sous les eaux, Dans les joncs, dans les roseaux, Dans les trous du marécage, Sans oser de longtemps regarder au visage Celui qu'elles croyoient être un géant nouveau. De qui la gravité fit peur à la première Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant. Une autre la suivit, une autre en fit autant : Et leur troupe à la fin se rendit familière Le bon sire le souffre et se tient toujours coi. Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue! Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir; Et grenouilles de se plaindre, Et Jupin de leur dire : Eh quoi! votre désir Vous avez dû premièrement Garder votre gouvernement; Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devoit suffire De peur d'en rencontrer un pire. Capitaine renard alloit de compagnie Avec son ami bouc des plus haut encornés : Celui-ci ne voyoit pas plus loin que son nez; L'autre étoit passé maître en fait de tromperie. La soif les obligea de descendre en un puits: Là, chacun d'eux se désaltère. Après qu'abondamment tous deux en eurent pris, Puis, sur tes cornes m'élevant, A l'aide de cette machine, Par ma barbe, dit l'autre, il est bon; et je loue Les gens bien sensés comme toi. Je n'aurois jamais, quant à moi, Le renard sort du puits, laisse son compagnon, Pour l'exhorter à patience. Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence Descendu dans ce puits. Or, adieu; j'en suis hors. Car, pour moi, j'ai certaine affaire Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin. En toute chose il faut considérer la fin. L'aigle avoit ses petits au haut d'un arbre creux. Et sans s'incommoder, moyennant ce partage. Elle grimpa chez l'aigle, et lui dit : Notre mort (Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères) Ne tardera possible guères. Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment |