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PREFACE.

THIS edition of Molière's excellent comedy has been carefully prepared from the text given some years ago by M. Charles Louandre (1862, 3 vols. 12mo, Paris, Charpentier). For the notes I have been enabled to avail myself of several most valuable works, such as M. Génin's Lexique comparé de la Langue de Molière, M. Soulié's Recherches sur Molière et sur sa famille, and M. Taschereau's Histoire de la Vie et des Ouvrages de Molière. Mr. Watson's admirable essay on the life and genius of the great French comic poet has also been frequently consulted by me. (See Cambridge Essays, 1855.)

The biography of Molière will appear in a subsequent volume of this series. With respect to the comedy of the Femmes Savantes it is enough to say that it was intended to follow up the attack made in the Précieuses Ridicules against the exaggerations of learning and bel esprit on the part of ladies.

"The Précieux and Précieuses, carried away by their ambition, aimed at altering too radically the French language; and, if they did not go quite so far as to say, 'Nul n'aura de l'esprit hors nous et nos amis,' it is certain, on the other hand, that they affected too much a superiority which was not always established on literary merit. the same time, we must not deny the services they rendered, first by fostering the spirit of society, and secondly, by the introduction of certain words and locutions which are

At

still used in common conversation. When we say of a person who keeps bad company, 'il s'encanaille,' we are borrowing a word from the vocabulary of the Précieuses: 'n'avoir que le masque de la vertu," 'être sobre dans ses discours,' 'tenir bureau d'esprit,' and many other phrases we might quote, are of like origin, and must not be flung aside on the plea that when Mademoiselle de Scudéry wanted the servant to snuff a candle, she exclaimed, 'Inutile! retranchez le superflu de cet ardent '!'

In the Femmes Savantes as well as in the Précieuses Ridicules, Molière's critiques were aimed neither at true wit nor at true learning, but at their counterfeits.

1 Masson's Introduction to the History of French Literature, p. 66.

NOTICE

SUR

LES FEMMES SAVANTES.

LE 11 mars, 1672, les Femmes Savantes parurent sur le théâtre du Palais-Royal. Accueillie assez froidement aux premières représentations, la pièce fut peu après entièrement abandonnée de la foule, moins frappée d'abord des beautés dont l'ouvrage est rempli que de l'apparente stérilité de son sujet. Plus tard, l'autorité des hommes de goût fit revenir le public de ses injustes préventions, et ce chef-d'œuvre reprit le rang auquel il avait le droit de prétendre.

Nous avons déjà dit avec quel tact Molière savait choisir ses acteurs. La représentation des Femmes Savantes en fournit une preuve piquante et nouvelle. Il avait opposé à sa Philaminte, à son Armande, à sa Bélise, la simplicité rustique, mais pleine de sens et de naturel, de la bonne Martine. On croit peut-être qu'il chargea une de ses actrices de remplir ce rôle? Non: il le confia à une de ses servantes qui portait le nom de ce personnage, et qui, sans aucun doute, avait, à son insu, fourni plus d'un trait, pour le peindre, au génie observateur de son maître. Dirigée par Molière et la nature, cette actrice improvisée ne dut rien laisser à désirer (1).

C'est ici l'occasion d'examiner un point d'histoire et de morale littéraire sur lequel on n'a guère jeté encore qu'un jour très-incertain. Molière ne joua-t-il pas Cotin et Ménage dans les rôles de Trissotin et de Vadius? Quels motifs eut-il

pour exercer un telle vengeance contre eux ? Pouvait-il même en exister d'assez puissants pour justifier une semblable conduite ? Afin de ne donner lieu à aucun soupçon de partialité de notre part en faveur de notre premier comique, nous nous attacherons à ne retracer les faits que d'après l'autorité d'écrivains qui ne peuvent, dans cette occasion, être accusés ni de prévention ni d'ignorance.

On lit dans plusieurs recueils que Molière avait été reçu à l'hôtel de Rambouillet; qu'on s'y était plu à lui faire le meilleur accueil: mais que, Ménage et Cotin lui ayant adressé quelques mots piquants, il n'y retourna plus, et mit ses deux adversaires en scène (2). Cette assertion a bien peu de vraisemblance à nos yeux. Quand on songe au mépris que l'on avait alors pour la profession d'acteur, à la morgue de la noblesse de ce temps, qui composait en grande partie la société de cet hôtel, on ne peut croire que Molière, malgré tout son talent, ait pu trouver grâce auprès d'eux. Bussy-Rabutin, qui mit tant d'ardeur à faire casser le mariage de sa fille avec M. de la Rivière, parce que les trente-deux quartiers de celui-ci n'étaient pas incontestables (3); madame de Sévigné, qui trouvait cet acharnement légitime, madame de Sévigné, Bussy-Rabutin et tant d'autres eussent-ils pu prendre sur eux de s'asseoir à côté d'un comédien? La version suivante, appuyée sur de plus imposants témoignages, nous semble digne d'une tout autre confiance.

Au temps où Molière était poursuivi le plus vivement par les ennemis que les représentations particulières et les lectures de son Tartufe lui avaient déjà suscités, l'abbé Cotin et Ménage, ce même Ménage que nous avons vu plus généreux, ou seulement plus prudent, lors du succès des Précieuses Ridicules, "s'étant trouvés à la première représentation du Misanthrope, dit l'abbé d'Olivet, poussèrent la haine contre Molière jusqu'à aller, au sortir de là, sonner le tocsin à l'hôtel de Rambouillet, disant qu'il jouait ouvertement le duc de Montausier, dont en effet la vertu austère et inflexible passait mal à propos, dans l'esprit de quelques courtisans, pour tomber dans la misanthropie. L'accusation était délicate: Molière sentit le coup (4)." Il sut cependant contenir sa juste indig

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