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A. D.

1650 Andromède; Don Sanche d'Aragon; Nicomède; Death of Rotrou; Corneille is obliged to take a part in the quarrel between the Uranistes and the Jobelins.

1651 Corneille publishes the first chapters of his metrical translation of the De Imitatione Christi. 1653 Pertharite; Corneille gives up writing for the stage. 1659 At Fouquet's suggestion, Corneille composes another tragedy; Edipe; La Toison d'or. 1662 Sertorius; Corneille settles in Paris. 1663 Sophonisbe; Corneille receives a pension from the king.

1664 Othon.

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SYNCHRONISMS.

Death of Montrose; Battle of Dunbar; Archbishop Usher publishes his Annales; Death of Descartes.

Battle of Worcester; Charles II retires to France.

Cromwell dissolves Parliament.

Peace of the Pyrenees, between Louis XIV and Spain.

Act of Uniformity in England ; Death of Pascal.

Louvois reorganizes the French army.

Colbert establishes French commercial settlements in the West Indies.

Great fire of London.

Downfall of Lord Clarendon. The Cabal.

Death of the Duchess d'Orléans.

War of John Sobieski against the Cossacks.

Campaign of Louis XIV against Holland.

Turenne invades the Palatinate;

Death of Lord Clarendon and of
Milton.

Genoa bombarded by the French; The king of Siam sends an embassy to Louis XIV.

VIE DE PIERRE CORNEILLE,

PAR FONTENELLE (1).

PIERRE CORNEILLE naquit à Rouen en 1606 (2), de Pierre Corneille, maître des eaux et forêts en la vicomté de Rouen, et de Marthe Le Pesant. Il fit ses études aux Jésuites de Rouen, et il en a toujours conservé une extrême reconnaissance pour toute la Société. Il se mit d'abord au barreau, sans goût et sans succès. Mais une petite occasion fit éclater en lui un génie tout différent; et ce fut l'amour qui la fit naître. Un jeune homme de ses amis, amoureux d'une demoiselle de la même ville, le mena chez elle. Le nouveau venu se rendit plus agréable que l'introducteur. Le plaisir de cette aventure excita dans M. Corneille un talent qu'il ne connaissait pas; et sur ce léger sujet il fit la comédie de Mélite, qui parut en 1625 (3). On y découvrit un caractère original, on conçut que la comédie allait se perfectionner, et sur la confiance qu'on eut au nouvel auteur qui paraissait, il se forma une nouvelle troupe de comédiens.

Je ne doute pas que ceci ne surprenne la plupart des gens qui trouvent les six ou sept premières pièces de M. Corneille si indignes de lui, qu'ils les voudraient retrancher de son recueil, et les faire oublier à jamais. Il est certain que ces pièces ne sont pas belles; mais outre qu'elles servent à l'histoire du théâtre, elles servent beaucoup aussi à la gloire de M. Corneille.

Il y a une grande différence entre la beauté de l'ouvrage et le mérite de l'auteur. Tel ouvrage qui est fort médiocre, n'a pu partir que d'un génie sublime; et tel autre ouvrage qui est assez beau, a pu partir d'un génie assez médiocre. Chaque siècle a un certain degré de lumière qui lui est propre. Les esprits médiocres demeurent au-dessous de ce degré les

B

:

bons esprits y atteignent: les excellents le passent, si on le peut passer. Un homme né avec des talents est naturellement porté par son siècle au point de perfection où ce siècle est arrivé; l'éducation qu'il a reçue, les exemples qu'il a devant les yeux, tout le conduit jusque-là. Mais s'il va plus loin, il n'a plus rien d'étranger qui le soutienne, il ne s'appuie que sur ses propres forces, il devient supérieur aux secours dont il s'est servi. Ainsi deux auteurs, dont l'un surpasse extrêmement l'autre par la beauté de ses ouvrages, sont néanmoins égaux en mérite, s'ils se sont également élevés chacun au-dessus de son siècle. Il est vrai que l'un a été bien plus haut que l'autre, mais ce n'est pas qu'il ait eu plus de force, c'est seulement qu'il a pris son vol d'un lieu plus élevé. Par la même raison, de deux auteurs dont les ouvrages sont d'une égale beauté, l'un peut être un homme fort médiocre, et l'autre un génie sublime.

Pour juger de la beauté d'un ouvrage, il suffit donc de le considérer en lui-même. Mais pour juger du mérite de l'auteur, il faut le comparer à son siècle. Les premières pièces de M. Corneille, comme nous avons déjà dit, ne sont pas belles: mais tout autre qu'un génie extraordinaire ne les eût pas faites. Mélite est divine, si vous, la lisez après les pièces de Hardy (4), qui l'ont immédiatement précédée. Le théâtre y est sans comparaison mieux entendu, le dialogue mieux tourné, les mouvements mieux conduits, les scènes plus agréables; surtout, et c'est ce que Hardy n'avait jamais attrapé, il y règne un air assez noble, et la conversation des honnêtes gens n'y est pas mal représentée. Jusque-là on n'avait guère connu que le comique le plus bas ou un tragique assez plat; on fut étonné d'entendre une nouvelle langue.

Le jugement que l'on porta de Mélite fut que cette pièce était trop simple et avait trop peu d'événements. M. Corneille, piqué de cette critique, fit Clitandre, et y sema les incidents et les aventures avec une très-vicieuse profusion, plus pour censurer le goût du public que pour s'y accommoder. Il paraît qu'après cela il lui fut permis de revenir à son naturel. La Galerie du Palais, la Veuve, la Suivante, la Place Royale, sont plus raisonnables.

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