Page images
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]
[blocks in formation]
[blocks in formation]

DU

COMMENTATEUR,

Sur cette nouvelle édition.

DANS la premiere édition de ce Commen

taire, je crois avoir remarqué toutes les beautés de Corneille ; & même avec entoufiafine; car quiconque ne fent pas vivement, n'est pas digne de parler de ces morceaux, d'autant plus admirables que nous n'en avions aucun modèle ni dans notre nation, ni dans l'antiquité.

Dans le deffein d'être utile aux jeunes gens, dont le goût peut n'être pas encor formé, je remarquai auffi quelques défauts ; & j'eus foin de dire plus d'une fois, que le temps où vivait Corneille était l'excufe de ces fautes.

Des gens qui dans le fond du cœur étaient choqués autant que moi de ces défauts; & qui en parlent tous les jours avec le mépris & la dérision qui ne leur conviennent pas, oferent me reprocher d'avoir imprimé pour le progrès de l'art ; & d'avoir discuté avec quelque attention, la centième partie des critiques

AVERTISSEMENT DU COMMENTATEUR.

vaincue, les richesses de la poëfie & les beautés du fentiment. Qu'arrive-t-il? un jeune pédant de collège, ignorant & étourdi, preflé par l'orgueil & par la faim, écrit un gros libelle contre l'auteur & l'ouvrage : il prétend qu'il ne faut jamais faire des poëmes fur les faifons; il critique tous les vers fans alléguer jamais la moindre raifon de fa cenfure; & après avoir décidé en maitre, ce pauvre écolier va lire aux Comédiens fa Médée.

Un homme de cette espèce nommé S natif de C **, fait un dictionnaire litteraire, & donne des louanges à quelques personnes pour avoir du pain: il rencontre un autre gueux qui lui dit, mon ami, tu fais des éloges, tu mourras de faim; fais un dictionnaire de fatires fi tu veux avoir de quoi vivre. Le malheureux travaille en conféquence, & n'en eft pas plus à fon aife.

Telle était la canaille de la litterature du temps de Corneille; telle elle est aujourd'hui, telle on la verra dans tous les temps; il y aura toujours dans une armée des officiers & des goujats; & dans une grande ville des magiftrats & des filoux.

« PreviousContinue »