Et d'un prince éloigné rejetterait la loi. Joignez à ces raifons qu'un père un peu fur l'âge, Ne faurait fe réfoudre à féparer de lui, De fes débiles ans l'efpérance & l'apui; Et vous reconnaîtrez que je ne vous préfère Que le bien de l'état, mon pays & mon père. Voilà ce qui m'oblige au choix d'un autre époux; Souffrez que je vous quitte. Etaler vos apas, & vanter vos mépris en prifon, & qu'une forcière délivre. Tout perfonnage principal doit inspirer un degré d'intérêt. C'eft une des régles L inviolables. Elles font toutes fondées fur la nature. On a déja averti qu'on ne reprend pas les fautes de détail. N'ont que trop de foldats à faire un coup d'effort. Fin du second acte. C 'ACTE III. ACTE III. SCENE PREMIERE. NERINE. MALHEUREUX inftrument du malheur qui nous preffe, a) Que j'ai pitié de toi, déplorable princeffe! Ton deftin te trahit, & ta beauté fatale Sous l'apas d'un hymen t'expose à ta rivale; Et fi ce n'eft affez de tous les élémens Les enfers vont fortir à fes commandemens. Moi, bien que mon devoir m'attache à fon fervice, D'un louable defir mon cœur follicité a) C'est ici un grand exemple de l'abus des monologues. Une fuivante qui vient parler toute feule du pouvoir P. Corneille. Tom. I. rage découverte de fa maîtreffe, eft d'un grand ridicule. Cette faute de faire dire ce qui arrivera, par un acteur qui parle feul, & G A celle de Créüfe ajouterait ma perte; Et mon funefte avis ne fervirait de rien, Qu'à confondre mon fang dans les bouillons du fien. D'un mouvement contraire à celui de mon ame La crainte de la mort m'ôte celle du blâme; Et ma timidité s'efforce d'avancer Ce que hors du péril je voudrais traverfer. SCE NE I I. JASON, NERINE. JASON. Nérine, hé bien, que dit, que fait notre exilée? Dans ton cher entretien s'eft-elle confolée ? NERINE. Je trouve en fon chagrin moins d'animofité. Déja fon déplaifir ne nous veut plus de mal. Fai lui prendre pour tous un fentiment égal. qu'on introduit fans raifon, était très commune fur les théatres grecs & latins ils fuivaient cet ufage, parce qu'il eft facile. Mais on devait dire aux Ménendres, aux Aristophanes, aux Plautes. Surmontez la difficulté; inftrui fez-nous du fait fans avoir l'air de nous inftruire: amencz fur le théatre des perfonnages néceffaires, qui ayent des raifons de fe parler: qu'ils m'expliquent tout fans jamais s'adreffer à moi; que je les voye agir & dialoguer; finon, Vous Je me fens déchirer le cœur à fon départ; Et fi dans fon adieu fon cœur moins irrité En voulait mériter la libéralité, Si jufques-là Médée apaifait fes menaces, Qu'elle eût foin de partir avec fes bonnes graces; Puifqu'il faut fe réfoudre à ce banniffement, Il faut en adoucir le mécontentement; De toutes fes fureurs l'auraient tôt reffaifie. JASON. b) Pour montrer fans les voir fon courage apaifé, Je te dirai, Nérine, un moyen fort aifé; même d'une intrigué faible & baffe avec un dénouement épouvantable forme une bigarure qui révolte tous les efprits cultivés. êtes dans l'enfance de l'art. | tastrophe horrible, mais ce contrafte b) Convenons que ce n'eft pas un trop bon moyen d'appaifer une femme & une mère que de lui arracher fes enfans & de lui prendre fes habits. Cette invention de comédie produit une ca |