Ceffe de foupirer, Rome, pour ta franchise; Plus paisible & plus grand que je ne te l'ai pris. Affez & trop longtems fon exemple vous flate; AUGUST E. Hé bien, s'il eft trop grand, fi j'ai tort d'y prétendre, Après un long voyage il faut trouver un port; Quoi! vous voulez quitter le fruit de tant de peines? Quoi! vous voulez garder l'objet de tant de haines? Seigneur, vous emporter à cette extrémité,. AUGUSTE. Régner & careffer une main fi traîtreffe, Un contraire qui éclate n'exprime pas affez la pensée de l'auteur, ne forme pas une image affez précise. Le contraire d'un exemple ne peut fe dire. Au lieu de fa vertu, c'eft montrer fa faibleffe. LIVIE. C'est régner fur vous-même, & par un noble choix, AUGUST E. n) Vous m'aviez bien promis des confeils d'une femme, Vous me tenez parole, & c'en font là, Madame. Après tant d'ennemis à mes pieds abattus, o) Depuis vingt ans je régne, & j'en fais les vertus ; Une offenfe qu'on fait p) à toute fa province, Donnez moins de croyance à votre paffion. AUGUST E. Le ciel m'infpirera ce qu'ici je dois faire. Adieu, nous perdons tems. LIVIE. Je ne vous quitte point, Seigneur, que mon amour n'ait q) obtenu ce point. AUGUSTE. C'est l'amour des grandeurs r) qui vous rend importune. J'aime votre perfonne, & non votre fortune. [ Seule.] Il m'échape, fuivons, & forçons le de voir, tif cette indigence eft ce qui contribue davantage à rendre fouvent la verfification françaife faible, languiffante & forcée. Corneille eft obligé de mettre toute fa province, pour rimer à prince; & toute fu province eft une expreffion bien malheureufe, furtout quand il s'agit de l'empire Romain. P. Corneille. Tome I. q) Obtenu ce point. ] Ce mot point est trivial & didactique. Premier point, fecond point, principal. r) Qui vous rend importune] augmente encor la faute qui confiste à faire rejetter par Augufte un très-bon confeil qu'en effet il accepte. Mmm SCENE V. s) EMILIE, FULVI E. EMILI E. ¿) D'où me vient cette joie, & que 'mal à propos Mon efprit malgré moi goûte un entier repos? Céfar mande Cinna fans me donner d'allarmes ! Que tout doit fuccéder à mon contentement ! J'avais gagné fur lui qu'il aimerait la vie ; s) La fcène refte vuide; c'eft un grand défaut aujourd'hui, & dans lequel même les plus médiocres auteurs ne tombent pas. Mais Corneille eft le premier qui ait pratiqué cette régle fi belle & fi néceffaire, de lier les feènes, & de ne faire paraître fur le théatre aucun perfonnage fans une raifon évidente. Si le législateur manque ici à la loi qu'il a introduite, il eft affûrement bien excufable. Il n'eft pas vraisemblable qu'Emilie arrive avec fa confidente pour parler de la confpiration dans la même chambre dont Auguste fort; ainfi elle eft fupafée parler dans un autre apartement. Des volontés d'Augufte ordinaire interprète, a) On parle d'eaux de Tibre, & l'on fe tait du refte. Que de fujets de craindre & de defefpérer, b) Sans que mon trifte coeur en daigne murmurer! vû Cinna conduit chez Augufte, & des complices arrêtés ? comment n'en parlet-elle pas d'abord ? comment n'inspiret-elle pas le plus grand effroi à Emilie? Il femble qu'elle dife par occafion des nouvelles indifférentes. x) Soupçonne quelque chofe.] Ces termes lâches & fans idée, ces familiarités de la converfation, doivent être foigneu fement évités. y) Que même de fon maître on dit je ne fais quoi. ] Je ne sais quoi est du ftile de la comédie, & ce n'eft pas affûrément un je ne fais quoi, que la mort de Maxime principal conjuré. 2) On lui veut imputer un désespoir funefte.] On lui veut imputer eft de la gazette Suiffe; on veut dire qu'il s'est donné une bataille. a) On parle d'eaux &c.] Il est bien fingulier qu'elle dife que Maxime s'eft noyé, & qu'on fe tait du refte; qu'eftce que le refte? & comment Corneille, qui corrigea quelques vers dans cette piéce, ne réforma-t-il pas ceux-ci? n'avaitil pas un ami? b) Sans que mon cœur en daigne murmurer. r.] Cela n'eft pas naturel. Emilie doit être au défefpoir d'avoir conduit fon amant au suplice. Le refte n'eft - il pas |