Voltaire à Ferney, sa correspondance avec la duchesse de Saxo-Gotha, suivie de lettres et de notes historiques entièrement inédites, recueillies et publiées

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Didier et cie, 1865 - 529 pages
 

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Page 29 - J'ai, dès l'âge de douze ans, senti et pensé tout le contraire. Je devinai dès lors le nombre prodigieux de choses pour lesquelles je n'avais aucun talent. J'ai connu que mes organes n'étaient pas disposés à aller bien loin dans les mathématiques. J'ai éprouvé que je n'avais nulle disposition pour la musique. Dieu a dit à chaque homme : Tu pourras...
Page 21 - Succomber sous le poids d'un ennui volontaire!» De l'ennui! Penses-tu que, retiré chez toi, Pour les tiens, pour l'état, tu n'as plus rien à faire? La Nature t'appelle, apprends à l'observer; La France a des déserts, ose les cultiver; Elle a des malheureux : un travail nécessaire, Ce partage de l'homme, et son consolateur, En chassant l'indigence amène le bonheur: Change en épis dorés, change en gras pâturages Ces ronces, ces roseaux, ces affreux marécages.
Page 124 - On n'ignore pas à quel point je lui suis attaché. Hélas, madame, ma dernière lettre de Plombières prévenait la vôtre; je m'attendrissais sur le sort d'une personne si digne de vous. Puissé-je apprendre bientôt son rétablissement ! Ce que Votre Altesse Sérénissime me dit d'une certaine personne qui se sert du mot de rappeler ne me convient guère; ce n'est qu'auprès de vous, madame, que je puis jamais être appelé par mon cœur.
Page 87 - Sire, ayez pitié de mon état et de ma douleur. Je n'ai de consolation que dans vos promesses sacrées, et dans ces paroles si dignes de vous : Je serais au désespoir d'être cause du malheur de mon ennemi; comment pourrais-je...
Page 94 - Je me flatte que la grande maîtresse des cœurs me conserve toujours ses bontés ; qu'elle me protège toujours auprès de Votre Altesse Sérénissime. Je me mets à vos pieds, madame, avec quarante empereurs, préférant assurément la vie heureuse de Gotha à toutes leurs aventures. Je serai attaché, le reste de ma vie, à Votre Altesse Sérénissime avec le plus profond...
Page 130 - Je n'irai certainement point en terre papale, quoique j'aie élé en terre monacale. 11 est très-vrai que j'ai passé un mois chez des moines bénédictins ; mais j'y ai cherché une belle bibliothèque dont j'avais besoin, et non pas vêpres et matines. Je voulais finir cette Histoire universelle dont Votre Altesse sérénissime a un manuscrit, et c'est une assez bonne ruse de guerre d'aller chez ses ennemis se pourvoir d'artillerie contre eux.
Page 19 - Mes amis se sont parfois étonnés du peu de goût que m'inspira Voltaire, malgré mon admiration pour son rôle de réformateur et pour la merveilleuse fécondité de son puissant génie. Cette espèce de froideur dans l'appréciation d'une partie de ses œuvres n'a pas attendu qu'on en fit une mode en France; elle date de l'époque où, jeune encore, je crus m'apercevoir de ses préférences injustes pour les étrangers; et je le pris presque en haine lorsque plus tard je lus le poëme où il outrage...
Page 283 - Elle m'a ordonné de vous assurer, de sa part et en son nom, qu'elle se rappelait trèsbien d'avoir dit à M. de Voltaire que vous étiez parti de Gotha avec une gouvernante d'enfants qui s'était éclipsée furtivement de la maison de sa maîtresse après s'être rendue coupable de plusieurs vols, mais qu'elle ne lui a jamais dit, ni qu'elle n'avait jamais cru que vous eussiez la moindre part aux vols et à la mauvaise conduite de cette personne.
Page 509 - Nous ne nous soucions pas que nos laboureurs et nos manœuvres soient éclairés, mais nous voulons que les gens du monde le soient...
Page 512 - Anglais fesaient une descente. Puisque vous avez eu la bonté de rester parmi les singes , tâchez donc d'en faire des hommes. Dieu vous demandera compte de vos talents. Vous pouvez plus que personne écraser l'erreur , sans montrer la main qui la frappe.

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