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L'ENFANT tire; et Brontin

Est le premier des noms qu'apporte le destin.

Chant I Vers au1-13

J.J. Blaise Libraire, Quai des Augustine.

CHANT PREMIER [a].

Je chante les combats, et ce prélat terrible (1)
Qui, par ses longs travaux et sa force invincible,
Dans une illustre église (2) exerçant son grand cœur,

[a] Les quatre premiers chants du Lutrin parurent dans l'édition de 1674, en même temps que l'Art Poétique. L'auteur travailloit à ces deux ouvrages depuis environ cinq ans. Il donna le titre de poëme héroï-comique au Lutrin en 1701; il l'intituloit auparavant poëme héroïque.

(1) Claude Auvri..... avoit été camérier du cardinal Mazarin, et comme il entendoit assez bien l'usage de la cour de Rome sur les matières bénéficiales, il se rendit nécessaire à ce cardinal qui pos. sédoit un assez grand nombre de bénéfices. Le cardinal lui fit donner l'évêché de Coutances en Normandie, qu'il quitta ensuite pour la trésorerie de la Sainte-Chapelle. ( Brossette.) * Voyez sur le trésorier une lettre de l'abbé Boileau, tome IV, page 447.

(2) L'auteur ne voulant pas nommer la Sainte-Chapelle de Paris, avoit mis, dans Bourges autrefois......, parcequ'il y a aussi une Sainte-Chapelle dans la ville de Bourges; mais, après l'impression, il fit effacer avec la pointe du canif une partie du B qui est dans le mot Bourges, et de cette lettre on fit un P. Ainsi Bourges fut changé en Pourges, comme on le peut voir dans les exemplaires de l'édition in-4° de l'année 1674. Dans celle de 1675 on ne mit qu'un P...., suivi de quatre points. (Brossette.) * Le vers parut, tel qu'il est aujourd'hui, dans l'édition de 1683.

Fit placer à la fin un lutrin dans le chœur [a].

C'est en vain que le chantre [b], abusant d'un faux titre,
Deux fois l'en fit ôter par les mains du chapitre ;
Ce prélat, sur le banc de son rival altier

Deux fois le reportant, l'en couvrit tout entier [c].

[a] Dès le début, le poëte excelle dans son art: il affecte, dans les trois premiers vers, de s'élever à la hauteur de l'épopée, afin de rendre plus piquante la chute qui, dans le quatrième vers, ramène le lecteur au comique du sujet. Un écrivain très obscur a pourtant critiqué le premier vers. «< Il m'a semblé, dit-il, que l'arma virumque

cano de Virgile, trop exactement imité par M. D. (Despréaux), « n'étoit nullement du génie de notre langue [a]. » La tournure adoptée par l'auteur du Lutrin est latine, il est vrai; mais il faut lui savoir gré d'en avoir enrichi notre style poétique : elle a de la pompe et de l'harmonie. Les autres remarques du critique sur les œuvres de Despréaux ne déposent pas davantage en faveur de son goût. Voyez, sur l'époque du débat entre le chantre et le trésorier, le tome IV, page 450, note a.

[b] L'abbé Barrin, distingué par son mérite et par sa naissance; il étoit fils du maître des requêtes La Galissonnière.

[c] En vain deux fois le chantre, appuyé d'un vain titre, Contre ses hauts projets arma tout le chapitre.

Ce prélat généreux, aidé d'un horloger,

Soutint jusques au bout l'honneur de son clocher.

(Éditions de 1674 et de 1675.)

Le premier de ces quatre vers fut changé d'abord de la manière suivante, en 1683:

C'est en vain que le chantre, appuyé d'un vain titre, etc.

Cette leçon fut conservée jusqu'en 1701. Quant aux trois derniers vers, ils firent place en 1683 à ceux qu'on lit aujourd'hui.

[a] OEuvres mêlées de M. de Rosel Beaumont, 1750, pag 12.

Muse, redis-moi donc [a] quelle ardeur de vengeance
De ces hommes sacrés rompit l'intelligence,
Et troubla si long-temps deux célébres rivaux.
Tant de fiel entre-t-il dans l'ame des dévots [b]!

Et toi, fameux héros (1), dont la sage entremise
De ce schisme naissant débarrassa l'Église,
Viens d'un regard heureux animer mon projet,
Et garde-toi de rire en ce grave sujet.

Parmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle
Paris [c] voyoit fleurir son antique chapelle [d]:

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[b] On ne pouvoit faire de l'imitation un plus heureux usage.

Tantæ ne animis cœlestibus iræ!

(Ibidem, vers 15.)

Tant de fiel entre-t-il dans les ames des dieux!

(Delille.)

(1) M. le premier président de Lamoignon. (Despréaux, édition de 1713.) Avant l'impression il y avoit :

Et toi, grand Lamoignon,

Cette leçon n'est pas la même que celle du fragment rapporté par nous, page 317, note c.

[c] Dans l'édition de 1674, il y a Pourges, au lieu de Paris; et dans celle de 1675, il y a un P...., suivi de quatre points. On lit Paris dans l'édition de 1683. Avant l'impression, il y avoit :

Le calme fleurissoit dans la Sainte-Chapelle.

[d] LA SAINTE-CHAPELLE, située dans l'enceinte du Palais de justice, fut commencée en 1245, et finie en 1248, sous le règne de saint Louis. Ce prince la fit construire pour y déposer des reliques,

Ses chanoines vermeils et brillants de santé [a]

S'engraissoient d'une longue et sainte oisiveté.

Sans sortir de leurs lits, plus doux que leurs hermines,

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et sur-tout celles qu'il avoit obtenues de Baudouin II, dernier empereur latin de Constantinople. « Pierre de Montreuil, le plus habile architecte de ce temps, celui, dit l'auteur de l'Histoire de Paris, « qui a fait valoir avec le plus de goût les formes élégantes de l'ar«chitecture sarrasine, improprement appelée gothique, fut chargé « de cet ouvrage [a]. »

:

« Le trésor de la Sainte-Chapelle renfermoit une grande quantité «d'objets riches et curieux une grande croix de vermeil que « Henri III fit fabriquer, dans laquelle étoit un morceau de bois « de la vraie croix; le buste de saint Louis, couronné, grand <«< comme nature, tout en or, enrichi de pierreries et soutenu par « deux anges de vermeil [b], etc., etc. »

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Depuis une quinzaine d'années, ce bâtiment a reçu une autre destination; il contient des archives dont les diverses pièces sont placées avec un ordre admirable. Les armoires où elles sont déposées occupent une grande partie de l'édifice, et présentent, par «<leur objet et leur décoration, l'heureux mélange de l'utile et de « l'agréable [c], etc., etc. »

[a] En citant ce vers et le suivant, Batteux dit : « Le premier vers « est riant, clair; l'autre est lent et paresseux. Ce poëte en a une <«< infinité qui ont ce degré de perfection [d]. »

Ils sont effectivement en si grand nombre qu'il seroit trop long de les faire tous remarquer.

[a] Histoire physique, civile et morale de Paris, 1821, t. II,

P. 149.

[b] Ibidem, page 152.

[c] Ibidem, page 156.

p. 61.

[d] Cours de belles-lettres, distribué par exercices, 1748, tome III, Cette remarque se trouve dans la refonte de cet ouvrage, sous le titre de Principes de la littérature, tome V, 1774, Traité de la construction oratoire, page 174.

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