Pour moi qui, sur ton nom déja brûlant d'écrire, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, « à la gorge, et lui dit, par une saillie que la présence du roi ne « put retenir : Ah! traître, vous ne m'aviez pas dit cela. Notre poëte « revint de la cour comblé d'honneurs et de biens. Cependant il a dit plusieurs fois que la première réflexion que lui inspira sa nou« velle fortune fut un sentiment de tristesse, envisageant la perte de « sa liberté, comme une suite inévitable des bienfaits dont il ve« noit d'être honoré. » [a] On a souvent comparé ce dernier morceau avec un autre endroit du même genre, dans l'épitre VIII; et le poëte a prononcé lui-même à cet égard. Voyez la note sur le vers 65 de l'épître VIII, également adressée au roi. [b] « C'est là prendre ses avantages avec toute l'adresse possible, « dit La Harpe. Ce morceau, récité devant Louis XIV, fit sur lui «< une impression sensible, et devoit la faire: plus un grand cœur « aime la louange, plus il goûte vivement celle qui est apprêtée « avec un art qui dispense de la repousser. Au reste, Boileau, en « se vantant de parler comme l'histoire, ne disoit rien qui ne fût a vrai.» (Cours de littérature, 1821, tome VII, page 45.) ÉPITRE II[a]. A M. L'ABBÉ DES ROCHES [b]. A quoi bon réveiller mes muses endormies, [a] Cette épître doit avoir été imprimée, pour la première fois, dans l'édition de 1674. L'auteur l'a composée, afin de conserver l'apologue de l'huître et des plaideurs, qui terminoit d'abord l'épître précédente. [b] On lit a M. L'abbé D dans les éditions antérieures à celle de 1683. L'abbé Des Roches se nommoit Jean-François-Armand Fumée. Fils de François Fumée, seigneur Des Roches, il descendoit d'Adam Fumée, premier médecin de Charles. VII. Gabriel Guéret lui a dédié son Parnasse réformé. Il mourut en 1711, âgé d'environ soixante-quinze ans. Voy. sur Guéret le tome III, page 123. [c] Ces six vers indiquent assez que l'auteur travailloit à l'Art poétique. Ils rappellent ceux-ci de l'épître première : Est-ce là cet auteur, l'effroi de la Pucelle, Qui devoit des beaux vers nous tracer le modèle, etc.? [d] Le nom de Linière est désigné par une L***, dans les éditions antérieures à celle de 1694. Ce poëte est cité honorablement dans la Qui m'appelle au combat sans prendre un plus long terme. Mais toi, qui ne crains point qu'un rimeur te noircisse, satire IX, vers 236; mais ayant fait une critique offensante de l'épître IV, imprimée avant celle-ci, Despréaux a lancé quelques traits contre lui. Voyez l'Épître VII, vers 89, et l'Art poétique, ch. II, vers 194. [a] Crispinus défie Horace à un pareil combat: Accipe, si vis; Accipiam tabulas; detur nobis locus, hora, Custodes; videamus uter plus scribere possit. Il étoit impossible d'imiter avec plus d'aisance et de concision les mouvements de l'original. (1) Fameux avocat au parlement de Paris. ( Despréaux, édition de 1713.) Barthélemi Auzanet, selon d'autres, Pierre Ausannet, mourut à l'âge de quatre-vingt-deux ans, en 1693 d'après Brossette, en 1683 suivant la Biographie universelle. Parmi ses ouvrages recueillis en un volume in-folio, 1708, on distingue ses notes sur coutume de Paris, ainsi que ses Observations et Mémoires sur l'étude de la jurisprudence. On avoit une si haute idée de son jugement et la Abbé, n'entreprends point même un juste procès. Instruit son fils novice au sortir du berceau. Mais pour de son intégrité, que, dans les affaires les plus importantes, les parties le prenoient pour arbitre. Louis XIV lui accorda le brevet de conseiller d'état. [a] Dans toutes les anciennes éditions, on lit assignans, d'arrès l'orthographe de Despréaux, qui négligeoit la règle relative aux participes. [b] Le Brun admire l'énergique précision de ces deux vers: l'un peint l'état de guerre dans lequel vivent les plaideurs; l'autre exprime les tristes résultats d'une suite de victoires en ce genre. (1) L'auteur auroit pu dire vers Caen : C'est ainsi que vers Caen tout Bas-Normand raisonne. Mais il a préféré devers Caen, qui est une espèce de normanisme. D'ailleurs, un Normand qui sera de Caen même, dira toujours, je suis devers Caen, et ne dira pas, je suis de Caen. (Brossette.) (2) Rivière qui a sa source dans la Picardie, vers les limites du Hainaut et de la Champagne. (Brossette.) (3) Cette vertu est la franchise. (Brossette.) (4) Deux autres avocats. (Despréaux, édit. de 1713.) * Jacques Corbin étoit fils de celui dont il est parlé dans l'Art poétique, Toutefois si jamais quelque ardeur bilieuse Un jour, dit un auteur, n'importe en quel chapitre (1), Deux voyageurs à jeûn rencontrèrent une huître. Tous deux la contestoient [a], lorsque dans leur chemin La justice passa, la balance à la main. chant IV, vers 36. Dès l'âge de quatorze ans, il plaida avec un succès qui donna de l'humeur à Martinet, l'un des plus anciens athlètes du barreau, qui fit à ce sujet l'épigramme suivante : Vidimus attonito puerum garrire senatu; Bis pueri, puerum qui stupuere senes! Voyez, sur Le Mazier, la satire première, tome 1o, p. 90, note b. (1) On ne peut raconter ni plus rapidement ni plus naïvement. (Le Brun.) * Ce récit a de la précision; mais il n'a pas la naïveté de celui de La Fontaine. Cette fable, suivant Brossette, est tirée d'une ancienne comédie italienne. Despréaux, dans son enfance, l'avoit apprise de son père; il n'en connoissoit peut-être pas la source, et c'est ce qu'il paroît avoir voulu faire entendre, en disant : N'importe en quel chapitre. [a] Cet hémistiche est bien sec, lorsqu'on le compare avec les détails si vrais donnés par La Fontaine : L'un se baissoit déja pour amasser la proie; Celui qui le premier a pu l'apercevoir En sera le gobeur; l'autre le verra faire. Si par là l'on juge l'affaire, Reprit son compagnon, j'ai l'œil bon, Dieu merci. Dit l'autre, et je l'ai vue avant vous, sur ma vie. Eh bien! vous l'avez vue; et moi je l'ai sentie. (Livre IX, fable 9.) |