Qui, dans un vain sonnet, placés au rang des dieux, Et, fiers du haut étage où La Serre [a] les loge, Tu ne te repais point d'encens à si bas prix. Verba per attentam non ibunt Cæsaris aurem ; (Horace, liv. II, sat. I, vers 18 -20. ) Ma muse doit attendre un moment favorable: (M. Daru.) (1) Pour varier l'arme du ridicule, Boileau emploie ici bien adroitement le style noble. ( Le Brun.) [a] Voyez sur ce fade panégyriste la satire III, tome Iar, page 123, note I. (2) Au travers le visage ne seroit pas aussi bien qu'au travers du visage, qui est plus fort et plus positif. ( Le Brun.) * Despréaux a été déterminé principalement par l'oreille; d'ailleurs au travers le visage n'est pas françois : on dit à travers le visage. (3) Gouverneur des Pays-Bas. (Despréaux, édit. de 1713.) Le comte de Monterey, général espagnol, après la bataille de Sénef, forma le siège d'Oudenarde, que le grand Condé le força de lever précipitamment le 12 septembre 1674. Ou vante aux électeurs Turenne repoussé [a]. Seignelay, quelque auteur, d'un faux zéle emporté, Le zèle pour son roi, l'ardeur, la vigilance, La constante équité, l'amour pour les beaux arts, [a] Turenne gagna la bataille de Turckheim en Alsace, contre l'armée des électeurs, le 5 janvier 1675. (1) Achille (Despréaux, édit. de 1713.) (2) Hercule. (Despréaux, édit. de 1713.) (3) Des yeux éblouis d'un discours! C'est-il bien françois? On n'est point, il me semble, ébloui de ce qu'on ne voit pas. (Le Brun.) * Cette remarque est bien peu digne d'un homme occupé de vers, toute sa vie : aussi, dans le Mercure de France, fut-elle relevée particulièrement. Voici les expressions du critique judicieux (M. Auger): « Il faut en convenir, il n'étoit pas possible de motiver plus fausse«ment une plus fausse remarque; on peut dire, on dit chaque jour « un discours qui a de l'éclat, un discours éclatant, enfin un discours éblouissant; chaque jour on emprunte des mots à un ordre de sensations, pour les appliquer à un autre; on transporte aux objets qui agissent sur l'ouïe, des expressions primitivement affectées aux objets qui frappent la vue, et réciproquement. Il est bien in« concevable que ce soit un poëte, que ce soit le poëte Le Brun qui se montre à ce point timoré et scrupuleux. Il n'en a point reçu « l'exemple des prosateurs eux-mêmes, pour lesquels, en toute occasion et toujours sans motif, il témoigne un dédain très peu phi Bientôt dans ce tableau reconnoîtroient Louis; losophique. S'il remarque, dans Boileau, une expression auda<< cieusement poétique, il ne manque pas de s'écrier: La prose n'auroit pas dit cela, et en ceci il a raison, puisque les deux langages <«<ont, à certains égards, leurs lois particulières et distinctes; mais «< il a tort sans doute lorsqu'à propos de ces mêmes traits, il s'écrie: Voilà ce qu'un prosateur blâmeroit ou ne sentiroit pas. Boileau n'estil que pour les poëtes? Et ceux qui ne font pas de vers sont-ils condamnés à ne pas sentir les siens? Cela sent fort la ridicule va " « nité d'un métromane, à moins que ce ne soit l'amer ressentiment d'un poëte dont quelques prosateurs ont osé ne pas trouver les « vers bons. » (Mois de mars 1808, page 601.) [a] « Dans l'épître à M. de Seignelay, la plus estimée de celles de Boileau, pour démasquer la flatterie, le poëte la suppose, dit « Marmontel, stupide et grossière, absurde et choquante, au point « de louer un général d'armée sur sa défaite, et un ministre d'état « sur ses exploits militaires. Est-ce là présenter le miroir aux flat« leurs? » (Éléments de littérature, au mot Épître.) Cela n'est pas exact le poëte dit simplement que la louange d'un auteur novice et maladroit déplaît à un esprit noble et clairvoyant, qui n'aime que des éloges mérités. Dans ce passage, imité d'Horace, Voltaire croit que Despréaux avoit en vue les louanges adressées par Corneille au cardinal Mazarin, en lui dédiant la Mort de Pompée. Le poëte fait revivre dans ce ministre tous les héros de l'ancienne Rome. Si quis bella tibi terrâ pugnata marique Dicat, et his verbis vacuas permulceat aures : Te ne magis salvum populus velit, an populum tu, Servet in ambiguo, qui consulit et tibi et urbi, Jupiter; Augusti laudes agnoscere possis. (Horace, liv. I, ép. XVI, vers 25—29.) Si quelqu'un vous disoit que la terre et les flots Vous ont, dans cent combats, vu faire des merveilles, Un cœur noble est content de ce qu'il trouve en lui, Et ne s'applaudit point des qualités d'autrui. Que me sert en effet qu'un admirateur fade [a] C'est pour la seconde fois que Despréaux imite Horace : Sed vereor. Neu, si te populus sanum, rectèque valentem Dictitet, occultam febrem sub tempus edendi ( Liv. I, ép. XVI, vers 19—23.) Lorsque j'entends vanter votre santé robuste, (M. Daru.) Voyez l'épître III, page 29, note b. [b] Il n'est point de vers de Despréaux qui soit consacré par un suffrage plus universel, et qui caractérise mieux cet excellent esprit dont il semble être la devise. Les trois vers qui le suivent en sont le plus heureux développement. Voltaire cite ces vers, en disant : « Il a été le premier (Despréaux) à observer cette loi qu'il a donnée. Presque tous ses ouvrages respirent ce vrai; c'est-à-dire qu'ils « sont une copie fidèle de la nature. Ce vrai doit se trouver dans << l'historique, dans le moral, dans la fiction, dans les sentences, dans «<les descriptions, dans l'allégorie. » (Mélanges littéraires, tome II, page 123, du vrai dans les ouvrages.) Il doit régner par-tout, et même dans la fable: Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité. Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces? Sont recherchés du peuple, et reçus chez les princes? Ce n'est pas que leurs sons, agréables, nombreux, Soient toujours à l'oreille également heureux; Qu'en plus d'un lieu le sens n'y gêne la mesure [a], Et qu'un mot quelquefois n'y brave la césure: Mais c'est qu'en eux le vrai, du mensonge vainqueur, Par-tout se montre aux yeux, et va saisir le Que le bien et le mal y sont prisés au juste; Que jamais un faquin n'y tint un rang auguste; Et que mon cœur, toujours conduisant mon esprit, Ne dit rien aux lecteurs, qu'à soi-même il n'ait dit [b]. Ma pensée au grand jour par-tout s'offre et s'expose; cœur ; [a] Despréaux a voulu, suivant Monchesnay, exprimer les transpositions forcées. « Je vais, lui disoit-il, vous en donner un exemple <«< sensible dans un vers de Chapelain. Il est question du fameux Cynégire, qui, s'étant attaché à l'un des créneaux, se vit le bras em « porté; il y attache l'autre bras, et ce bras a le sort du premier; de « manière qu'il s'attacha aux créneaux avec les dents, ce que Cha « pelain exprime ainsi : Les dents, tout lui manquant, dans les pierres il plante. (Bolæana, n. L.) [b] Jean-Baptiste Rousseau dit: Ma muse au moins, d'elle-même excitée, Avec mon cœur fut toujours concertée; L'amour du vrai me fit lui seul auteur, Et la vertu fut mon premier docteur. (Liv. I, ép. VI à M. le baron de Breteuil.) L'imitateur ne persuade pas aussi bien que le modéle. |