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Dans la première colonne les mots proches et possibles, étant adjectifs, revêtent le signe du pluriel, parce qu'ils se rapportent aux substantifs maisons, monstres et calamités.

Mais, dans la seconde colonne, si les mêmes mots demeurent invariables, c'est que le premier semble ne plus jouer le rôle d'adjectif, et que le second est l'élément d'une proposition elliptique. En effet, proche paraît faire l'office de préposition et signitie près (1). Quant au mot possible, voici l'analyse de la dernière citation : Ils ne songen! qu'à payer le moins d'impôts (qu'il leur est) possible, ou (que CELA leur est) possible. On voit donc que l'adjectif possible s'accorde avec il ou cela sous-entendu. D'ailleurs, cet adjectif reste invariable toutes les fois qu'il y a dans la phrase plus, moins, le plus, le moins, et, dans ce cas, ce serait logiquement une faute que de le mettre au pluriel.

Habitations proches.

Maisons proches.
Personnes proches.
Ceux qui sont proches.

EXERCICE PHRASEOLOGIQUE.

Habitations qui sont proche de.
Maisons proche de.
Personnes proche de.
Ceux qui sont proche de.

Toutes les bontés possibles.
Toutes les idées possibles.
Tous les avantages possibles.
A toutes les époques possibles.

Le plus de bontés possible.
Le moins d'extravagances possible.
Aux plus longueséchéances poss be
Aux époques les moins longues po
sible.

(1) Nous disons que proche, en pareil cas, paraît être une préposition, car ce n'en est réellement pas une quoi qu'en disent les grammairiens; c'est tout simplement un adjectif qualifiant le mot lieu sous-entendu: ainsi que le prouve l'analyse suivante Les éclipses centrales de la lune qui se font (dans un LIEU) PROCHE de l'équateur,

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- N° CXXVII. 40000

MOTS QUI, JOUANT EN APPARENCE LE ROLE D'ADJECTIFS, RESTENT SUBSTANTIFS ET INVARIABLES.

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Dans les exemples de la première colonne, les mots violette, pourpres, verts, cendrée, etant de vrais adjectifs, s'accordent avec les noms auxquels ils ont rapport.

Dans les exemples en regard les mots aurore, murron, carmin, doivent rester invariables, parce qu'ils sont de fait substantifs, et qu'ils font partie d'une expression qualificative et elliptique dont la construction pleine est : de la couleur de l'aurore, de la couleur du marron, du carmin; témoin ces autres exemples de Buffon:

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Dans la grammaire de MM. Noël et Chapsal, où les règles sont presque toujours en contradiction avec les faits, nous lisons: « Deux adjectifs, dont le premier est qualitie » par le second, restent tous les deux invariables : des cheveux châtain-clair, des étoffes » rose-tendre. La raison en est que le premier adjectif est pris substantivement; c'est >> comme s'il y avait d'un châtain clair, d'un rose tendre. » Les exemples de la première colonne nous prouvent cependant que deux adjectifs réunis peuvent aussi varier : c'est quand ils qualifient l'un et l'autre le substantif auquel ils se rapportent. D'après Buffon, on écrira donc avec la pluralité des cheveux châtains-bruns, des cheveux châtains-clairs, parce qu'ils sont à la fois châtains et bruns, châtains et clairs.

Il y a cette différence, dit très bien Boniface, entre des étoffes bleues-claires et des étoffes bleu-clair, que les premières sont de couleur bleue et d'un tissu clair, et que les secondes sont d'un bleu-clair.

OBSERVATION.

-On dit : un BEAU couleur de rose, un BEAU couleur de feu. Barthélemy a fait usage de cette expression où beau est au masculin, soit parce que couleur de rose est ici au masculin, comme le rose; soit par ellipse du substantif teint.

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DES ADJECTIFS COMPOSÉS TELS QUE nouveaux-convertis, ivres-morts, etc., ET nouveau-nés, demi-morts, ETC.

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Pen d'heures avant que Montesquieu expirât, on
voya Routh et son compagnon ivres-morts.
(Id.)
Destructeurs-nés des êtres qui nous sont subor-
més, nous épuiserions la nature si elle n'était iné-
amide.
(BUFFON.)

, je ne vois rien de plus sot, à mon sens,
ruteur qui partout va gueuser des encens,
was premiers venus, saisissant les oreilles,
'' plus souvent les martyrs de ses veilles.

(MOLIÈRE.)

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Les soies de l'éléphant sont très clair-semées sur le corps, mais assez nombreuses aux cils des paupières. (BUFFON.)

Je hais ces fort-vêtus qui, malgré tout leur bien, Sont un jour quelque chose, et le lendemain rien. (REGNARD.)

Il y a là un rendez-vous général de toute l'harmonie de la ville; les femmes y apparaissent léger-vêtues, dans un lointain vaporeux qui les fait paraitre char mantes. (JULES JANIN.)

Parmi les adjectifs composés il s'en trouve où les deux mots prennent le signe du ariel; tels sont ceux des phrases de la première colonne : Dans les unes, le dernier ou premier mot est pris substantivement, et l'adjectif qui le précède ou le suit s'accorde genre et en nombre avec lui: ces nouveaux convertis, ces nouveaux venus, destruc nés. Dans les autres, chaque mot exprimant une qualité attribuée au substantif litie, doit s'accorder également avec celui-ci en genre et en nombre: Routh et son pagnon ivres-morts.

Mais on apprend par les exemples de la seconde colonne qu'il est aussi d'autres adtifs composés où le premier reste toujours invariable: géants court-vétus, enfants rau-nés, des soies clair-semées, demi-morte; c'est qu'en pareil cas cet adjectif pris adverbialement, ainsi que le fait voir cet exemple de Buffon: L'urubu a la tête ■ne partie du cou rouges, chauves et charnus comme celui d'un dindon, clairement semés de 1oirs. Il aurait pu aussi bien dire clair-semés. D'après cela géants court-vêtus, etc., Si donc pour géants courtement vétus, enfants nouvellement nés, soies clairement semées, triols à demi-nus, ou plutôt vêtus (avec un vêtement) COURT; nés (dans un temps)

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Piseurs grammairiens veulent que fraîches, dans des roses fraîches-cueillies, s'écrive sans s, comme employe d une façon adverbiale: fraîchement cueillies; mais par la raison qu'on dit au masculin et au In Kazulier : frais-cueilli, fraiche cueillie, il s'ensuit qu'on doit écrire au pluriel: frais cueillis et es meillies. C'est le sentiment de l'Académie.

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que l'Académie écrive ici nouveau avec un x, nous pensons que cet adjectif doit rester invariable est pris adverbialement.

porrait, selon nous, écrire : des fruits aigres-doux, des oranges aigres-douces, comme nous vé que l'on pouvait écrire des cheveux châtains-clairs, parce que des oranges aigres-douces fos aigres et douces, deux qualités inhérentes à ce fruit et tempérées l'une par l'autre ; mais les aliens jusqu'à présent ont laissé le mot aigre, dans ce cas, invariable.

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Il semblerait au premier abord que l'accord des adjectifs en rapport avec le mot ne présente aucune difficulté, et que ces adjectifs dussent toujours, comme dans s citations précédentes, revêtir les mêmes accidents de genre et de nombre que ce m Mais malheureusement il n'en est pas ainsi, et cette question, souvent agitée parmi e grammairiens, n'est pas encore entièrement jugée : Adhuc sub judice lis est.

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Il s'ensuit qu'il est permis de dire, selon les vues de l'esprit :

Eh bien, Sylvia, vous avez l'AIR tout embarrassé.

Eh bien, Sylvia, vous avez l'AIR tout embarrassée.

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Mais c'est ce que contestent certains grammairiens, à cheval sur ce principe s connu, que tout adjectif doit nécessairement prendre le genre et le nombre du nom avec lequel il est en relation. Ainsi, suivant eux, on ne pourrait pas dire avec Lveaux : cette soupe a l'air bonne, cette dame a l'air coquette; avec Favre cette terra l'air cultivée, ensemencée; cette robe a l'air bien faite; avec Lemare, Beschet, Maugard, Lévizac, Sicard et tant d'autres : Madame, vous avez l'air si bonne ! e-t.^ femme a l'air campagnarde; elle a l'air belle; elle a l'air laide; elle a l'air bien fib · elle a l'air bossue; elle a l'air vieille; elle a l'air interdite; cette volaille a l'air cuite; (e huîtres ont l'air fraîches, etc.

Ces expressions sont cependant assez familières, même aux gens de la bonne col

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(4) Voici encore d'autres exemples semblables: Ces naturels, hommes et femmes, avaient tous l'aire tents et même heureux. (ALBERT MONTÉMONT.) Tout au loin se découvrent les vastes plaines et n montagnes moins hautes, et les grands arbres, parmi lesquels circule le grand fleuve, et les p«ˆ· villages qui ont l'air si calmes et si REPOSÉS vus de loin. (J. Janin.)

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