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NATIONALE,

OU

GRAMMAIRE de VOLTAIRE, de RACINE, de BOSSUET, de FÉNBLON, de J.-J. ROUSSEAU, de BUFFON, de BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, de CHATEAUBRIAND, de CASIMIR DELAVIGNE, et de tous les Écrivains les plus distingués de la France;

RENFERMANT PLUS DE

CENT MILLE EXEMPLES

Qui servent à fonder les règles, et forment comme une espèce de panorama où se déroule notre langue telle que la Nation l'a faite, telle qu'elle doit la parler;

OUVRAGE ÉMINEMMENT CLASSIQUE,

DESTINÉ A DÉVOILER LE MÉCANISME ET LE GÉNIE DE LA LANGUE FRANÇAISE,

PAR M. BESCHERELLE AINE,

De la Bibliothèque du Louvre, Membre de la Société française de Statistique universelle, de la Société Grammaticale de Paris, Auteur du DICTIONNAIRE NATIONAL,

ET MM. BESCHERELLE JEUNE ET LITAIS DE GAUX.

Dixième Edition,

PRÉCÉDÉE, D'UNE INTRODUCTION,
Victor Euphémion

PAR M. PHILARETE CHASLES.

< Dans un État libre, c'est une obligation pour tous 1 s citoyens de > connaître leur pro; re langue, de savoir la parler et l'écrire corree> tement La carriere des emplois est ouverte à tous: qui sait ce que la > fortune réserve au plu- humble des membres de la grande famille?... > la base de la connaissance de toute langue est la grammaire... et en > fat de grammaire, ce sont les bons écrivains qui font autorité. » (TISSOT.)

- A PARIS,

CHEZ GARNIER FRÈRES, ÉDITEURS,

RUE DES SAINTS-PÈRES, 6, ET PALAIS-ROYAL, 215.

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1860

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PRÉFACE.

« Dans un état où les places ne sont plus le partage d'un petit nombre de privilé »giés, mais où chaque homme voit s'ouvrir devant lui la carrière des emplois, et par conséquent peut être appelé à élever la voix dans les tribunaux, dans les assemblées politiques ou dans les temples, c'est un devoir pour tous les citoyens » de connaître leur propre langue et de savoir la parler et l'écrire correctement. » Mais où puiser cet art de parler et d'écrire? Faut-il sur ce point consulter les » grammairiens? De ces gens-là que Dieu vous garde! répondait un jour Buffon à ma» dame de Genlis. L'art d'écrire n'est pas plus dans leurs livres que la beauté des » fleurs dans les herbiers. Herbiers et grammaires sont également incapables de pré» senter une phrase et une fleur dans leurs formes gracieuses, avec leurs suaves » couleurs, leurs mouvements et leur vie; fleurs et phrases y sont mortes on n'en >> trouve que la poussière et les noms.

» Aussi, qu'il avait bien raison le critique qui, dans son indignation, s'écriait : « Soumettez au grammairien la plus belle strophe: son œil, soyez-en sûr, n'y cher» chera ni la pensée, ni les sentiments, ni l'art de l'écrivain; non, mais il tuera cette » phrase si brillante, il la déchirera pour y trouver des virgules et des points, des » accents et des apostrophes, des nasales et des sifflantes, des géron difs et des su» pins, et puis, tout fier de ses découvertes, vous le verrez écrire, dans le style le ‣ plus inintelligible, des classifications, des règles et des préceptes, prononcer entre » les écrivains comme un juge en dernier ressort, et préconiser avec orgueil sa mé»thode grammaticale (1). »

C'est une vérité maintenant incontestable, que la véritable grammaire est dans (1) M. Deshoulières.

les écrits des bons auteurs. La science grammaticale se borne à l'observation et à l'appréciation des termes, des règles de concordance, des constructions adoptées par les grands écrivains. C'est dans leurs ouvrages qu'il faut chercher le code de la langue. En effet, où trouver mieux que dans ces régulateurs avoués du langage des solutions à tous les problèmes, des éclaircissements à toutes les difficultés, des exemples pour toutes les explications? Est-il avis ou opinions qui puissent faire loi comme ceux qui émanent, pour ainsi dire, d'un jury d'écrivains d'élite? Mais la tâche n'est pas facile à remplir.

Un auteur, quelle que soit sa supériorité, ne fait pas autorité à lui seul; il faut donc compulser tous les chefs-d'œuvre de notre littérature, réunir une masse imposante de faits, et n'admettre que ceux qui ont été consacrés par l'emploi le plus général. Cet immense travail se complique encore de la difficulté de choisir des pensées intéressantes sous le rapport de la morale, de la religion, de l'histoire, des sciences, des lettres et des arts; car on conçoit tout ce qu'offrirait de fastidieux un amas de ces phrases triviales dont fourmillent nos grammaires. L'éducation, d'ailleurs, est inséparable de l'enseignement, et il faut, autant que possible, élever l'âme et former le jugement. Sous ce point de vue, rien de plus consciencieux que notre travail. Les cent mille phrases qui constituent notre répertoire grammatical sont tirées de nos meilleurs écrivains; elles sont choisies avec goût, il n'en est pas une qui ne révèle à l'esprit une pensée morale, ou un fait historique, scientifique, littéraire ou artistique. Montaigne, Pascal, Larochefoucauld, Fénelon, fournissent les préceptes de philosophie et de morale; Chateaubriand prête aux idées religieuses l'appui de son style brillant et pittoresque; Molière dévoile les secrets du cœur humain; Buffon, Bernardin de Saint-Pierre, Lacépède, apprennent à lire dans le grand livre de la nature. Ainsi, tout en croyant n'examiner la langue que sous le rapport des faits grammaticaux, l'élève s'enrichit d'une multitude de connaissances variées. Ajoutez à ce premier avantage tout le charme que prête à l'étude jusqu'alors si aride de la grammaire l'étude même des faits, si supérieure à la vieille routine qui s'obstine à renverser l'ordre naturel en procédant des théories aux exemples.

Envisagée de cette façon, il nous semble que la grammaire n'est plus seulement un exercice de collége sur lequel s'assoupit la mémoire; c'est l'histoire de la pensée elle-même, étudiée dans son mécanisme intérieur; c'est le développement du caractère national dans ses intérêts politiques et ses sentiments religieux, analysé ou plutôt raconté par la nation elle-même, par les interprètes les plus éloquent. de cette nation.

Quelques savants grammairiens, entre autres MM. Lemare et Boniface, avaient bien entrevu cette manière d'envisager la grammaire; et si les livres qu'ils ont publiés étaient plus développés et moins systématiques, s'ils faisaient mieux connaître

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