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présenter par l'un des sujets qui la composent, et non pour exclure les autres; de > façon que, si ce mot n'est pas alors nombre, il est encore moins article, d'autant qu'il est lui-même susceptible de l'article; ce qui sûrement n'arriverait pas s'il était de > cette espèce, l'institution d'un article pour un autre article ayant quelque chose de > ridicule. D'ailleurs le mot un n'a pas dans notre langue une autre nature et une autre destination que dans la langue latine qui nous l'a fourni. Or, dans cette langue où il n'est point article, il a le même sens que nous lui donnons.

L'article partitif n'est pas plus fondé en raison. Du, des, sont des mots composés de la préposition et de l'article, qui retiennent la double valeur des deux mots dont ils sont formés. De n'y change pas de nature; il est toujours préposition, faite pour figurer à la tête de la dénomination qui lui sert de complément, et sa fonction y est d'extraire de la généralité de l'espèce. Quand on dit : des gens très habiles sont quelquefois dupés par des sots, c'est comme si l'on disait un nombre de très habiles gens sont quelquefois dupés par une autre partie des sots, où l'on voit qu'à l'aide de la préposition de on réduit l'espèce gens aux très habiles seulement, et la masse générale des sots seulement à unc partie. Ainsi la fonction de ces mots ne sert qu'à marquer qu'il y a ellipse dans ces sortes de phrases.

Les mots le, la, les, ne sont pas toujours articles; ils ne le sont que lorsqu'ils sont immédiatement suivis d'un substantif. Par exemple, si l'on dit que pensez-vous de la nouvelle pièce? je ne la connais pas; que disent les journaux? je les ai, ou je ne les ai pas lus. Le premier la et le premier les sont articles; ils sont suivis immédiatement d'un substantif. Le second la et les deux autres les ne sont point articles; ils sont complément direct, celui-là du verbe je connais (je ne la connais pas, pour je ne connais pas elle (la pièce), et les deux autres du verbe j'ai lu (j'ai lu eux, ou je n'ai pas lu eux (les journaux).

On appelle communément ces mots pronoms, parce qu'ils sont mis à la place d'un nom, comme dans ces exemples, la, pour elle, est mis à la place de la nouvelle pièce, et les, pour eux, est mis à la place de journaux, ce qui dispense de répéter ces substantifs.

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On voit que l'article est susceptible de genre et de nombre. Le se met devant un nom masculin singulier; le temps, le vent, etc. Le se change en la devant un nom fó

minin singulier: la terre, la flamme, etc. Et, comme la lettre s, selon l'analogie de la langue, marque le pluriel quand elle est ajoutée au singulier, nous avons formé les du singulier masculin le. Les se place devant les noms pluriels des deux genres : les hommes, les conseils, les femmes, les filles.

Les articles le, la, les sont appelés articles simples.

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L'article se déguise par la contraction; elle consiste en ce qu'il se joint aux prépositions à et de, avec lesquelles il forme des mots composés, qui retiennent la double valeur des deux mots dont ils sont formés. Ces mots sont au, aux, du, des; au est pour à le; aux pour à les; du pour de le; et des pour de les. On voit par là que des trois formes de l'article, dont nous avons parlé, il n'y a que le et les qui soient susceptibles de contraction; la ne se contracte jamais.

Au et du servent pour le masculin singulier.

Aux et des servent au pluriel pour les deux genres; on dit des hommes, aux hommes, des femmes, aux femmes.

Nos pères ne connaissaient point la contraction. Ils écrivaient et disaient al temps d'Innocent III, pour au temps d'Innocent III; l'apostoile manda al prodome, pour le pape manda au prud'homme; la fin del conseil si fut tel, pour l'arrêté du conseil fut. L'euphonie a décidé ces contractions. « C'est, fait observer Dumarsais, le son obscur de l'e muet, » et le changement de l en u, comme mal, maux, cheval, chevaux, qui ont fait dire au » au lieu de à le ou al. C'est également le son obscur des deux e muets de suite, de

»le, qui a amené la contraction du. » Ainsi ces mots composés : au, aux, du, des, équivalent à la préposition et à l'article.

Mais la contraction est à présent une règle, dans les cas dont nous avons parlé, et cette règle n'est sujette qu'à une seule exception; c'est celle que nécessite l'emploi de l'adjectif tout, et l'usage veut qu'on le place entre la préposition et l'article. On dit sans contraction; de tout le monde, à tout le monde; de tous les hommes, à tous les hommes. D'où il suit que ces contractions ne sont pas des articles, mais simplement des mots composés de la préposition et de l'article.

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Dès que la langue, sortie de sa première barbarie, eut commencé à se perfectionner, on chercha à lui donner toute la douceur qu'un heureux mélange de voyelles et de consonnes semblait lui promettre, en proscrivant, autant qu'on le pouvait, tout ce qu'il y aurait de dur et de désagréable dans le choc des sons. De là l'élision, son euphonique qui évite l'hiatus ou bâillement que produirait la rencontre de deux voyelles qui devraient se prononcer séparément et de suite. Aussi n'a-t-elle pas lieu avant les noms qui commencent par une consonne ou un h aspiré, ou lorsque l'article est au pluriel, parce qu'on n'a pas alors ce choc de voyelles à craindre. On écrit le vice, la tempérance, le héros, la harangue, les histoires, les histrions, les hérons, etc.

Le et la se placent devant les mots coinmençant par une consonne ou par un h aspiré le bonheur, le hasard, la faveur, la honte; mais l'e et l'a de ces articles s'élident et sont remplacés par une apostrophe, si le mot suivant commence par une voyelle ou un h muet : l'arbrisseau, l'honneur, l'amitié, l'humanité. Cependant on dit : C'est aujourd'hui LE ONZE ; je suis LE ONZIÈME.

Du et au se mettent également devant les mots dont l'initiale est une consonne, ou un h aspiré du trône, du héros, au travers, au héros; on emploie au contraire de l', à l', toutes les fois que la première lettre du mot est une voyelle ou un h muet : de l'argent de l'héroïsme, à l'amour, à l'homme.

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IMPLOI DES ARTICLES du, des, de l', de la, ou SIMPLEMENT DE LA PRÉPOSITION de.

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Pour bien saisir la différence qui existe entre la forme Du gouvernement et la forme DE gouvernement, l'esprit DES enfants et les jeux d'enfants, etc., il faut savoir auparavant quelle est la nature des articles du, des. Leur propriété est de déterminer les noms, c'està-dire de présenter les objets à notre esprit dans toute leur essence, dans toute leur étendue; tandis que la simple énonciation de la préposition de nous fait envisager les objets exprimés par les substantifs qui suivent cette préposition d'une manière vague et indéterminée. D'où il suit qu'on doit employer du, des, etc., comme dans les exemples de la première colonne, toutes les fois qu'on veut désigner réellement les personnes et les choses; au lieu qu'on se servira simplement de la préposition de, conformément aux citations de la seconde colonne, si l'on ne veut exprimer qu'une idée qualificative. Ainsi, lorsque l'on dit : La forme DU gouvernement, l'esprit DES enfants, l'article nous fait considérer le gouvernement, les enfants comme des êtres tout-à-fait definis. Mais dans la forme DU gouvernement, les jeux d'enfants, les mots gouvernement, enfants n'offrent rien de déterminé; ils n'éveillent à l'aide de la préposition de qu'une seule idée de qualification, puisque aussi les adjectifs gouvernementale, puérils, pourraient remplacer les expressions de gouvernement, d'enfants.

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