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Masque). Mérard S. Just. Liv. VIII. fab. 4.-ALLEM. M. Lessing, fab. 14. ITAL. Grillo, fav. 3.

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OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Leur apparence impose. Impose n'est plus français en ce sens. On impose un tribut; on en impose au peuple.

(2) Le Renard en louant, etc. La Mothe a censuré cette fable:

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Pour le Renard gascon qui renvoie aux goujats

Des raisins mûrs qu'il n'atteint pas;

Mais il n'a plus sa grace naturelle
Avec la tête sans cervelle.

Son mot est excellent; d'accord;
Mais un autre devoit le dire.

(Liv. I. fab. 4.)

Pourquoi, répondrai-je, cet animal, que la nature elle-même présentoit à l'apologue comme un modèle de finesse, ne seroit il point capable de ce mot plein de finesse comme de vérité, sur-tout le mérite de l'épigramme consistant dans le mot lui-même, et non dans le personnage qui le dit?

(3) Combien de grands Seigneurs, etc.

Prenez-le tête-à-tête, ôtez-lui son théâtre;

Ce n'est plus qu'un cœur bas, un coquin ténébreux;

Son visage essuyé n'a plus rien que

d'affreux.
(Boileau, Epitr. IX. )

Il y avoit à Thèbes un certain homme appelé Renard, etc.

(Paloephat des Histoires incroyables, ch. 8.)

FABLE X v.

Le Loup, la Chèvre et le Chevreau.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 138. - LATINS. Anonyme, 29. Herman, edit. Robert. Stephani, pag. 122. Burman, Append. ad Phædr., fab. 32. Rimicius, L. II. f. nyme dans l'Appendice du Phèdre de Barbou, pag. 135.

9. Ano

LA Bique (1) allant remplir sa traînante mamelle (2),

Et paître l'herbe nouvelle,
Ferma sa porte au loquet,
Non sans dire à son Biquet:
Gardez-vous, sur votre vie,
D'ouvrir que l'on ne vous die,
Pour enseigne et mot du guet,
Foin du Loup et de sa race!
Comme elle disoit ces mots,

Le Loup, de fortune (3), passe,
Il les recueille à propos,

Et les garde en sa mémoire.

La Bique, comme on peut croire,

N'avoit pas vu le glouton.

Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton,
Et d'une voix papelarde (4),

Il demande qu'on ouvre, en disant, foin du Loup!
Et croyant entrer tout d'un coup.

Le Biquet soupçonneux par la fente regarde:

Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point, S'écria-t-il d'abord. Patte blanche est un point

Chez les Loups, comme on sait, rarement en usage.
Celui-ci fort surpris d'entendre ce langage,
Comme il étoit venu s'en retourna chez soi.
Où seroit le Biquet s'il eût ajouté foi
Au mot du guet, que, de fortune,
Notre Loup avoit entendu ?

Deux sûretés valent mieux qu'une;
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Benserade, fab. 27. Fables en chansons, L. I. fab. 6. LATINS. Desbillons, L. III. fab. 8. Le Beau (Carmina, p. 22).

OBSERVATIONS DIVERSE S.

(1) Bique, Biquet. La Chèvre et son Chevreau.

(2) La Bique allant remplir sa traînante mamelle. On peut comparer ce vers à ce que Virgile a de plus beau, pour l'harmonie imitative. Du reste, je ne vois pas de remarques particulières à faire sur cette fable. Elle n'a point de ces beautés d'un ordre supérieur que l'on cite, que l'on retient; mais on y sent d'un bout à l'autre une aisance de style, une justesse d'expressions, une mollesse accompagnée d'une gaîté douce, ce molle atque facetum d'Horace, que l'on ne traduira jamais, parce que la grâce ne peut ni se copier, ni même se définir.

(3) De fortune. Par hasard. «Arrivant de fortune près l'église de Saint Léonard, etc.» (Hist. Maccaron. L. III. p. 77. )

(4) D'une voix papelarde. Douce et mignarde. « Les abus d'un tas de papelards et faulx prophêtes ». (Pantagr. L. II. ch. 29.) Papelus, papelards, papelats, tous ces mots-là ont une source commune, l'injuste prévention contre le siége de Rome et ses adhérens. Papelard n'est d'usage qu'en substantif.

FA BL E X V I.

Le Loup, la Mère et l'Enfant.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 138. Aphtone, fab. 39. Avien, fab. 1. Faerne, fab. 76. Philibert Hegemon, f. 13.

CE Loup me remet en mémoire

Un de ses compagnons qui fut encor mieux pris.
Il y périt: voici l'histoire.

Un Villageois avoit à l'écart son logis:

Messer Loup attendoit chape-chûte (1) à la porte: Il avoit vu sortir gibier de toute sorte,

Veaux de lait, Agneaux et Brebis,

Régiment de Dindons, enfin bonne provende (2).
Le larron commençoit pourtant à s'ennuyer.
Il entend un enfant crier.

La mère (3) aussitôt le gourmande,
Le menace, s'il ne se tait,

De le donner au Loup. L'animal se tient prêt,
Remerciant les Dieux d'une telle aventure:
Quand la mère, appaisant sa chère géniture,
Lui dit : Ne criez point; s'il vient, nous le tuerons.
Qu'est-ceci? s'écria le mangeur de Moutons :
Dire d'un, puis d'un autre! Est-ce ainsi que l'on traite
Les gens faits comme moi? Me prend-on pour un sot?
Que quelque jour ce beau marmot

Vienne au bois cueillir la noisette!...

Comme il disoit ces mots, on sort de la maison:

Un Chien de cour l'arrête : épieux et fourches fières(4)
L'ajustent de toutes manières.

Que veniez-vous chercher en ce lieu ? lui dit-on.
Aussi-tôt il conta l'affaire.

Merci de moi! lui dit la mère,

Tu mangeras mon fils! L'ai-je fait à dessein
Qu'il assouvisse un jour ta faim?

On assomma la pauvre bête.

Un manant lui coupa le pied droit et la tête ;
Le Seigneur du village à sa porte les mit ;
Et ce dicton picard à l'entour fut écrit :

Biaux chires (5) Leups, n'écoutez mie
Mere tenchent chen fieux qui crie.

(Depuis La Fontaine. ) Benserade, fab. 94. Fables en chansons, L. II. fab. 43. M. l'abbé Aubert (la Mère et la Mort) (*).

OBSERVATIONS DIVERSE S.

(1) Attendoit chape-chute. Madame de Sévigné : « Je lui dis que ce n'est point là la vie d'un honnête homme, qu'il trouvera quelque chape-chute, et qu'à force de s'exposer, il aura son fait.»

(2) Enfin bonne provende. Mot ancien, dont l'étymologie est dans le latin provenire; bon produit; plutôt que dans præbenda, d'où on le fait venir. Selon Pasquier (Recherch. L. III. ch. 37 :) « Les biens assignés aux clercs pour leurs vivres, s'appeloient provende. Ce mot a été depuis étendu toute sorte de provision de bouche ».

(3) La mère aussitôt. Aphtone substitue une nourrice à une

(*) Une mère, dans un mouvement d'indignation contre les écarts de son fils, appelle la mort pour l'en punir. La mort vient; la mère aussitôt de s'écrier:

O mort! corrige-le, mais ne l'emporte pas.

mère.

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